Les Marocains découvrent une autre forme de protestation : le hacking. Et gare à celui ou ceux qui sont dans le viseur ! Témoignage. Aujourd'hui, avec le boom technologique, exprimer son mécontentement est en passe de devenir une question de claviers et d'algorithmes. En quelques clicks, les hackers font des ravages et mettent à genoux des institutions étatiques parfois hautement symboliques. Récemment les sites de l'ambassade d'Alger aux USA et celui de l'Intérieur ont été victimes d'intrusion par un Marocain, dit génie de l'informatique. Les événements de Laâyoune ont été l'occasion pour des hackers marocains d'exercer faire montre de leur talent et savoir-faire, animés par un sentiment de nationalisme. Ces «soldats de l'ombre», cloîtrés derrière leurs écrans, ont également fait leur marche (à l'instar de la grande marche de Casablanca) à leur manière. Et ce en s'en prenant à des sites stratégiques de l'«ennemi». L'intrusion du site de l'ambassade d'Alger aux Etats-Unis était la plus remarquée. En effet, l'arrière plan du site en question affichait le drapeau marocain en plus de l'hymne national diffusé en boucle. Et pour compléter le tableau, un slogan des plus révélateurs apparaît dans la page de garde : «Derrière tout Algérien il existe un marocain pour l'éduquer». Made in Morocco Derrière cette opération commando, un jeune informaticien marocain résidant en France. Joint par Le Temps, Khalid (son pseudonyme) révèle que son opération ne s'est pas arrêtée au seul site du ministère de l'Intérieur algérien ; elle a affecté l'ensemble des sites gouvernementaux de ce pays. Khalid souligne qu'il aurait pu aller encore plus loin dans sa démarche mais qu'il a préféré transmettre un premier message aux ennemis de notre intégrité territoriale. Il a cependant lancé un message menaçant : «Vous ne savez pas à qui vous avez affaire. La prochaine fois se sera pire». Pour devenir un hacker, pas besoin d'avoir de grosses connaissances informatique. Khalid confirme ce constat : «De nos jours il n'est pas nécessaire d'être extrêmement fort en informatique pour hacker des sites. Les tutoriaux du hacking envahissent la toile et parce que la majorité des attaques informatiques se font aléatoirement, un hacker cherche seulement a exploiter une vulnérabilité précise sur des sites web. Par ailleurs ce qui demande des connaissances et de vraies bases en hacking, c'est de trouver une ou des vulnérabilités dans une seule et unique cible (site internet)». De l'avis de certains observateurs, le hacking peut constituer une menace pour la vie de celui qui la pratique. Khalid s'inscrit en faux contre ce constat, arguant que les identités avec lesquelles un pirate informatique accomplit sa mission sont erronées, ce qui rend difficile voire impossible de remonter jusqu'à la source de l'attaque. C'est toute la magie d'internet qui peut faire des miracles sous couvert de l'anonymat. Et d'ajouter : «Internet est un nouvel outil de militantisme (…) on peut par exemple inciter des citoyens à signer des pétitions en ligne, c'est très instructif. Rappelons que les Marocains s'étaient déjà illustrés en s'attaquant à des sites israéliens hautement sécurisés, suite à l'opération militaire israélienne dans la Bande de Gaza en 2008. Des agents du Mossad s'étaient même déplacés au Maroc, cherchant les coupables. En vain. Pour notre jeune cybermilitant «il vaut mieux avoir accès à un site et y laisser des messages symboliques plutôt que de le détruire, ce qui a un impact direct sur la cible». Mohcine Lourhzal