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A la loupe
Publié dans Le temps le 21 - 12 - 2010

Le cinéma marocain se porte-t-il bien ? Quantité rime-t-elle avec qualité ? Etat des lieux avec Noureddine Saïl.
Quel est l'état de santé du cinéma marocain ? A-t-il connu un changement par rapport aux précédentes années ?
Le changement s'est opéré depuis cinq ou six ans. Durant ces années, le Maroc a réussi à résoudre un problème d'une grande acuité, celui de la production. Ma conviction est que si l'on ne réussit pas à franchir cette étape, il y a très peu de chances de réussir la suite et se pencher sur les autres problèmes. Avant, le Maroc produisait trois ou quatre films par an ; mais aujourd'hui nous en sommes à quinze ou dix-huit et bientôt nous atteindrons les vingt ou vingt-cinq. C'est dire donc que le cinéma marocain est en perpétuelle progression. Il en va ainsi des courts-métrages. De cinq ou six productions dans un passé pas très lointain, nous sommes passés à quatre-vingt aujourd'hui. Et nous ambitionnons d'en produire dix dans un futur proche.
Selon vous, le Maroc est-il bien placé pour devenir un fleuron de la production cinématographique ?
Certes. Au niveau africain, le Maroc est très bien placé derrière l'Egypte qui produit 35 longs-métrages et devant l'Afrique du Sud qui en produit 12 à 14. Le Maroc a une politique volontariste qui accorde une grande priorité à la production. Les conséquence : les films marocains sont plus vus dans le royaume. Il reste à renforcer le marché intérieur, autrement dit augmenter le nombre de salles. Il faut que, en plus des 75 déjà existantes, il y ait 50 ou 100 autres qui viennent les renforcer. C'est le second problème à résoudre dans les années à venir.
Donc le CCM se concentre sur la production et le nombre de salles de cinéma ?
Pas seulement ! De grands efforts sont déployés au niveau de la formation. En ce sens, les écoles sont devenues ou ne passe de devenir de plus en plus sérieuses et professionnelles. Ajoutons à cela la multiplication des festivals nationaux et internationaux.
Pourquoi, selon vous, les salles de cinéma se réduisent –elle comme peau de chagrin ?
Avec les moyens dont tout un chacun dispose aujourd'hui à la maison, comme Internet ou les DVD, la question qui se pose avec acuité est de savoir comment amener les gens à quitter leur confort douillet pour voir un film au cinéma. Une seule réponse : que l'on serve les productions les plus récentes dans un grand confort. Or, au Maroc, il y a très peu d'endroits où on peut réunir ces deux éléments. Seulement quelques salles à Casablanca, à Marrakech et à Tanger, en plus du multiplexe de Aïn Diab et de Marrakech (Mégarama). A El Jadida, par exemple comme dans plusieurs régions du royaume, il n'y a même plus de cinéma. La cause en est que les anciens propriétaires de salles se sont enrichis et ont investi en dehors des infrastructures. On ignore malheureusement qu'une grande salle de 600 places, par exemple, peut être transformée en quatre salles de 150 places chacune pour suivre les tendances et assurer une diversification de l'offre en films, sans oublier le confort et la qualité sonore et visuelle. Les propriétaires des salles ont agi avec une mentalité de rentier. L'avenir du cinéma réside aujourd'hui dans la construction de complexes ou de multiplexes, en plus des salles de proximité qu'il faut sauver et réaménager. De ces salles dépend le marché cinématographique intérieur au Maroc. Sinon, on risque de se retrouver avec une excellente production mais sansespace pour la visionner, soixante-douze écrans restent totalement insuffisants pour plus de 30 millions d'habitants.
Avons-nous une véritable industrie cinématographique ?
Au Maroc, force est de reconnaître que nous n'en sommes pas encore à ce stade. On peut plutôt parler d'une petite industrie du cinéma. Pour se fortifier, il faut envisager une voie, la suivre et la rendre irréversible. Il faut tracer un chemin et avancer. Il est impératif d'améliorer et de nous améliorer nous-mêmes. C'est la condition sine qua non pour se développer. Je vous rappelle qu'il y a 20 ans, l'idée de produire 20 films par an paraissait totalement saugrenue. Aujourd'hui, ceci est une réalité. Je reste confiant en l'avenir. Puisque le Maroc a résolu le problème de l'exploitation, il n'y a pas de raison pour qu'il ne relève pas le défi d'exploitation.
Pourquoi, à votre avis, le cinéma marocain n'est-il pas exportable ?
Là, il s'agit d'un autre problème qui n'a absolument rien à voir avec la qualité des films. Les marchés se sont constitués depuis des décennies et il y a des habitudes de consommation. Un film tunisien qui marche très bien en Tunisie a très peu de chances de plaire à une large catégorie de la population marocaine en dehors des cinéphiles. Inversement, un excellent film marocain n'est pas assuré de rencontrer du succès en Tunisie. A titre d'exemple, Casanegra de Noureddine Lakhmari qui a rencontré un franc succès au Maroc, n'a pas eu un accueil favorable en France. Il faut avant tout habituer le public à voir un certain genre de films avant d'envisager toute exportation, ce qui n'est pas évident. Donc, exporter le cinéma marocain est un travail de longue haleine. Il faut habituer le public international, le public européen surtout, à nos images. Dans ce sens, les festivals internationaux restent un meilleur tremplin pour nos films. Ceci dit, notre première préoccupation reste et restera le marché intérieur. Et donc, il est impératif de passer à 100 écrans ou 150, voire plus.
Les films marocains reflètent-il la réelle image du Maroc ?
Dès que vous faites du cinéma, vous n'êtes jamais dans la réalité absolue. Ce n'est qu'une image que l'on construit d'une manière qui peut être hyper-réaliste comme dans Casanegra, d'une manière qui peut être métaphorique, comme dans Amours voilées, d'une manière qui est totalement ascétique, pure et dure cinématographiquement parlant comme dans Pégase, d'une manière personnelle et autobiographique, comme avec dans Al Ayel, le Gosse de Tanger, d'une manière ludique et quelque peu comique ou parfois même à l'excès comme le fait si bien Hakim Noury. Faire du cinéma c'est aussi depuis toujours reconstituer le monde, ce qui ne veut pas dire transmettre une image fidèle de la réalité. Que ces images soient bonnes ou non pour l'image du pays, est un problème qui ne relève pas de l'esthétique mais qui peut relever de la morale, du nationalisme ou de l'ouverture d'esprit. A la base, l'expression artistique est une expression qui doit être libre et responsable. A partir du moment où on a affaire à des cinéastes qui veulent reconstituer le réel d'une façon autonome et personnelle, il faut juger leur talent et non pas l'exactitude de ce qu'ils rapportent sur leur réalité. Et ce talent-là, c'est ce que nous devons absolument développer. La liberté de l'imaginaire et la liberté d'expression sont un droit à assurer aux cinéastes et nous bénéficions au Maroc de conditions extraordinaires sur ce point. Chose que beaucoup de pays arabes ou africains n'ont pas.
Propos recueillis par Amerhoun Amine


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