Dans un marché automobile manifestement en crise, les professionnels comptent sur l'effet Auto Expo pour redresser la barre. Radioscopie. Le marché automobile marocain traverse-t-il une crise ? Comme pour conjurer le sort, la plupart des intervenants du secteur répondent par la négative, parlant de «conjoncture défavorable» voire de simple «correction temporaire». Pourtant, les faits sont têtus. Et les chiffres encore plus. En effet, après une décennie d'années fastes, ponctuées par une croissance régulière à deux chiffres, les ventes de voitures de tourisme neuves avaient connu une nette baisse au titre de l'exercice 2009, avoisinant les 9%. Un simple accident de parcours, occasionné par les dégâts collatéraux de la crise internationale ? C'est en tout cas qu'ont bien voulu croire les professionnels, qui s'attendaient à une reprise dès les premiers mois de 2010. Mais celle-ci se fait toujours désirer : le premier trimestre s'est clos sur une baisse des ventes pratiquement similaire. «Rien de vraiment alarmant, soutient ce directeur commercial d'un importateur. C'est dû à un effet d'attentisme classique, provoqué par la tenue de l'Auto Expo. Beaucoup d'acheteurs ont décidé de reporter leurs ventes en espérant profiter de promotions et de remises». Soit. Toujours est-il que des opérations promotionnelles et des remises, il y en a eu tout au long de l'année 2009, sans que cela n'ait l'effet escompté sur les ventes. Et surtout, il y a des signes qui ne trompent pas. Dacia, qui a parfaitement résisté à la déprime du marché l'année dernière (bouclée avec une progression à deux chiffres), a fini par voir ses ventes basculer dans le rouge à fin mars 2010, se contractant de -5% à 4156 unités écoulées. Si même la marque low-cost, censée être la première bénéficiaire de ce fameux «besoin de motorisation incompressible», montre des signes d'essoufflement, c'est qu'il y a peut-être péril en la demeure… Ça passe ou ça casse ! Indécrottables optimistes (ont-ils vraiment le choix ?), les importateurs et constructeurs n'en démordent pas et brandissent l'argument massue : ledit Auto Expo, qui ouvre ses portes ce week-end. Le salon casablancais, qui reste d'abord une manifestation commerciale, est en effet perçu par les professionnels comme la bouée de sauvetage providentielle, l'occasion immanquable de remplir des bons de commande un peu trop asséchés. «L'Auto Expo s'est toujours soldé par une spectaculaire progression des ventes. Il n'y a aucune raison pour que ce ne soit pas le cas cette année !», argumente le DG d'un importateur de la place. Le commentaire de ce commercial d'une marque européenne, fait sous le sceau de la confidence, est plus nuancé : «On verra dans une dizaine de jours : si les ventes n'effectuent pas un rebond spectaculaire, c'est que l'heure est grave. C'est simple, ça passe ou ça casse !». Résultat, tous les exposants sont sur le pied de guerre pour réaliser de bonnes performances commerciales durant une dizaine de jours, préparant les opérations promotionnelles et autres lancements en grande pompe de nouveaux modèles. Des gagnants et des perdants… Il faut dire qu'il en ont besoin, tant le bilan de ce premier trimestre est décevant, même pour les cadors du secteur. C'est notamment le cas de Renault qui, tout en s'installant en tête du classement des ventes des voitures importées montées (CBU), a subi le contrecoup de cette crise qui ne dit pas son nom. Ses ventes se sont en effet contractées de -6%, à 3901 unités. Pour son poursuivant direct et compatriote, Peugeot, le bilan est encore plus inquiétant puisque ses ventes ont baissé de -17% à 2003 unités. Idem pour l'ancien leader des CBU, Kia, dont les immatriculations ont reculé de -33% par rapport à la même période de l'année 2009, s'établissant à 1295 unités. La plupart des autres importateurs sont logés à la même enseigne : -42% pour Toyota (748 unités), -25% pour Fiat (597 unités) et -18% pour Citroën (1239 unités). Pour autant, dans cette conjoncture difficile, quelques marques arrivent à tirer leur épingle du jeu, certaines allant même jusqu'à enregistrer des progressions spectaculaires. À commencer par Hyundai : au terme des trois premiers mois de l'année, la marque distribuée par Global Engines a écoulé 1356 véhicules, réalisant ainsi un bond de 14% par rapport au 1er trimestre 2009. Volkswagen et Ford gardent également le sourire, avec des ventes progressant respectivement de 11% (à 1231 unités) et de 11,5% (à 1014 unités). Reste la question qui fâche : et si l'Auto Expo se fermait sur des chiffres en deçà des attentes des importateurs et autres constructeurs ? «Dans ce cas, nous serons réellement fixés et nous devrons reconnaître que le marché automobile marocain est dans une phase de crise plus ou moins étalée dans le temps, rétorque le DG d'un importateur. À nous d'en tirer les conséquences et de réagir de la manière adéquate». Mais déjà, des voix s'élèvent pour réclamer le lancement par l'Etat d'une prime à la casse pour soutenir le secteur, comme cela fut le cas sur nombre de marchés européens au plus fort de la crise internationale. «C'est une demande irréaliste, oppose un observateur. En Europe, les gouvernements devaient protéger une industrie et des emplois. Ce n'est pas le cas au Maroc. Et vu l'Etat des finances publiques…». Ahmed Salim L'occasion importée redémarre Si le marché du neuf est en net repli, celui de l'occasion importée affiche une insolente santé. Pendant que les ventes du neuf plongeaient au terme de l'année passée, celles des véhicules de seconde main importés ont pratiquement doublé, passant de 26 600 unités en 2008 à 50.237 à fin 2009. Un volume qui représente aujourd'hui près de la moitié du marché du neuf ! Au sein de l'Aivam (Association des importateurs de véhicules automobiles du Maroc), on s'inquiète du développement de cette filière, qui ne cesse de grignoter leurs parts de marché. Et de réclamer une hausse des droits de douane sur l'importation de véhicules d'occasion. Pourtant, ceux-ci sont déjà à un niveau élevé, avec un taux 27,5%, auxquels s'ajoute en sus une TVA à 20%. Autant dire que lorsque les barrières tarifaires disparaîtront pour tous les véhicules en provenance de l'UE, y compris les véhicules de seconde main, le secteur de la distribution automobile aura de sérieux soucis à se faire… L'Auto expo est perçu comme la bouée de sauvetage providentielle pour remplir les bons de commande. Petit florilège de quelques unes des nouveautés à découvrir dans les stands de l'Auto Expo. Nos coups de cœur ! Alfa Romeo Giulietta Pour remplacer sa vieillissante 147, Alfa Romeo ressuscite un patronyme légendaire et lance une compacte Premium au design ultra-séduisant, inspiré, comme ce fut le cas de la petite MiTo, de la Supercar 8C Competizione (exhibée à l'Auto expo 2008). Plaisir pour les yeux, la Giulietta le sera également pour la conduite puisqu'elle s'offre une nouvelle plateforme et quelques motorisations inédites, dont les puissances varient de 120 à 235 ch. En ligne de mire : la BMW Série 1 et l'Audi A3. Audi A8 La grande Audi A8 se renouvelle, réitérant une même ambition : tailler des croupières à ses rivales et compatriotes, références du segment des grandes berlines luxueuses : la Mercedes Classe S et la BMW Série 7. Si sur le plan du design, il y a peu de surprises (hormis des feux à LED et une face avant plus agressive), le contenu technologique est tout simplement impressionnant : structure 100% aluminium, interface à pavé tactile, vision nocturne, boîte auto 8 rapports, connectivité à Internet, suspension pilotée, transmission intégrale... L'intérieur, encore plus accueillant, a vraiment tout du salon roulant, constellé de boiseries, de cuir et d'aluminium. BMW X6 ActiveHybrid Au salon casablancais, BMW la joue écolo, mais sans se départir de son crédo sportif. La vedette du stand de la marque bavaroise sera ainsi la déclinaison «verte» du X6, mue par une motorisation hybride. Il s'agit plus exactement du X6 ActiveHybrid, qui reprend la base de la version xDrive50i agrémentée de deux moteurs électriques, pour une puissance totale de 458 ch ! Si les performances sont impressionnantes, la consommation moyenne annoncée reste en dessous des 10 l /100 km. Dacia Duster La success story de Dacia continue, et le constructeur roumain, faisant partie du groupe Renault, ne fait que prendre de l'assurance… au point de proposer dans sa gamme un inattendu… 4x4 compact ! Voici donc le Duster, un SUV de taille moyenne bénéficiant d'une silhouette réellement séduisante, d'un espace habitable généreux et, on s'en doute, d'un tarif ultra compétitif. Disponible en 2 ou 4 roues motrices, il récupère des moteurs déjà connus et éprouvées, à savoir le 1.5 dCi et le 1.6 essence. Hyundai ix35 En changeant de génération, le Hyundai Tucson change aussi de nom : il reprend désormais la nouvelle logique d'appellation du constructeur coréen, pour se rebaptiser iX35. Plus important, il troque son allure d'aventurier un peu rustre pour une ligne nettement plus «urbaine» et plus dynamique. L'habitabilité et la qualité de finition progressent, tout comme la dotation en équipements qui pioche dans les gadgets High-tech. Sur le plan mécanique, on notera surtout l'apparition et de nouveaux moteurs Diesel, plus économiques et plus performants. Jaguar XJ Jaguar poursuit son travail de «réforme identitaire», en mettant un point d'honneur à faire table rase de son passé et de ses traditions en matière esthétique. Après la XF, voici donc la XJ, grande berline prestigieuse (concurrente des Classe S et autre Série 7) qui poussant encore plus loin cette logique de rupture. Autant sa devancière était classique, autant la nouvelle venue s'évertue à afficher sa vocation sportive : silhouette élancée, optiques effilées, pavillon fuyant et poupe hyper stylisée. L'intérieur marie luxe et gadgets High-tech, alors que le capot ne renferme que des V6 et des V8, dont la puissance varie de 275 ch à 510 ch. Peugeot RCZ Né en tant que simple bête de salon, le coupé Peugeot RCZ, après l'accueil enthousiaste du public, est finalement passé à la production en série. Le tout sans abandonner grand chose de sa ligne originelle, particulièrement spectaculaire (mention spéciale au pavillon à double bossage). Prenant pour base la 308 (dont il ne garde que le museau) mais positionné Premium, il profitera d'un équipement complet et de motorisations ambitieuses, précisément le 1.6 l THP de 156 ch en essence et le 2.0 l HDi 163 ch en Diesel. Porsche Cayenne Quand Porsche renouvelle le best-seller que fut le Cayenne (270.000 exemplaires vendus dans le monde), il se garde bien de trop modifier sa silhouette caractéristique. Pour autant, les designers ont consenti à alléger le trait et à adoucir les lignes, pour rendre la bête un peu moins massive. L'intérieur gagne en habitabilité et en équipements, alors que la qualité de finition, un temps critiquée, fait un bond en avant. Le tout en en perdant quelque 200 kg sur la balance. Côté moteurs, la gamme comprend un V6 3.6 l et deux V8, pour des puissances allant de 300 à 500 ch !