Rabat- Le projet d'autonomie, présenté par le Maroc pour le règlement de la question du Sahara sous souveraineté marocaine, "sera indéniablement un facteur fondamental de paix et de sécurité de la région", a souligné, mardi à Rabat, le Secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Intérieur, M. Saad Hassar. "Conscient du coût élevé du non-Maghreb, le Royaume du Maroc a présenté un projet d'autonomie audacieux pour les provinces du sud, qui sera indéniablement un facteur fondamental de paix et de sécurité de la région", a dit M. Hassar dans une allocution à l'ouverture de la conférence sur "la sécurité en Méditerranée, les perspectives maroco-britanniques", qui se tient à Rabat sous la présidence du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, M. Taib Fassi-Fihri. Il a noté que la zone sahélo-saharienne est aujourd'hui la principale menace d'instabilité non seulement pour la région proche mais également pour la Méditerranée, l'Europe et le reste du monde démocratique", a-t-il dit, relevant que la précarité sécuritaire qui prévaut dans cette région est aggravée par les mouvements séparatistes, tels le "polisario", dont plusieurs de ses membres sont impliqués dans l'enlèvement de touristes occidentaux ainsi que dans les autres crimes transfrontaliers. En plus de cette menace qui prévaut dans cette région, M. Hassar a relevé que le Detroit de Gibraltar est une autre zone extrêmement sensible qui suscite de sérieuses préoccupations. "C'est une zone capitale dans la chaîne du commerce international et toute action terroriste à ce niveau pourrait avoir des conséquences désastreuses au niveau international, " a-t-il averti. Il a appelé à une véritable gouvernance de sécurité régionale, conciliant tous les aspects de cette problématique planétaire pour espérer des solutions structurelles et définitives. En insistant sur l'importance de cette période, "nouvelle et prometteuse, qui s'ouvre dans les relations entre le Maroc, l'Union européenne et les pays du bassin méditerranéen et qui constitue assurément un vecteur de stabilité dans la région, M. Hassar a rappelé l'engagement ferme et irréversible du Maroc à combattre toutes les formes d'extrémisme et de criminalité afin de faire de la région un espace de sécurité et de prospérité. La région méditerranéenne est un bassin d'opportunités mais également de risques, a-t-il dit, soulignant que le cas le plus éloquent est matérialisé par l'organisation Al-Qaida dans le Maghreb Islamique (AQMI), devenue une nébuleuse dans la sous-région du Sahara et du Sahel, en fédérant un nombre important de groupes criminels et de mercenaires séparatistes. "Le no man's land sahélo saharien est devenu le terreau de prédilection et la plaque tournante de trafics illicites par des groupes criminels qui y développent toutes les formes de criminalité transfrontalière (trafic de stupéfiants, trafic d'armes, traite des personnes)", a dit le Secrétaire d'Etat, appelant au renforcement des actions multilatérales et concertées au niveau des échanges des renseignements, le réseautage des officiers de liaison, la formation croisée, ainsi que l'appui technique pour certains pays dont la vulnérabilité des frontières constitue une opportunité pour les réseaux de trafic. "Une telle stratégie ne peut se faire sans un engagement volontariste et sincère de tous les partenaires", a-t-il noté, relevant que le Maroc continue à plaider pour la promotion d'une stratégie régionale collective, seule à même d'endiguer la menace dans la région. M. Hassar a tenu à souligner que la coopération régionale contre les groupuscules terroristes et criminels ne devrait pas être l'otage de calculs politiciens étroits, notant que "la récente réunion initiée par l'Algérie, consacrée à la situation au Sahel sera vouée à l'échec en l'absence d'un partenaire incontournable et crédible, en l'occurrence le Royaume du Maroc". Rappelant que la conférence de Rabat se tient à un moment où le Maroc et l'UE redessinent et renforcent leur partenariat, M. Hassar a souligné que le débat lors de cette rencontre constitue une opportunité pour échanger les expériences et les pratiques respectives dans l'appréhension de la dynamique de sécurité régionale. "Pour le Royaume du Maroc, la sécurité et la stabilité dans la région euro-méditerranéenne constitue un enjeu majeur", a-t-il dit, soulignant l'engagement ferme du Royaume dans le cadre de la lutte internationale contre toutes les formes de terrorisme et d'extrémisme. Le Maroc aborde la stratégie sécuritaire dans une optique large en l'intégrant dans une matrice globale où développement et sécurité constituent un binôme indissociable, a-t-il expliqué. "Ce traitement structurel de la problématique sécuritaire par le développement durable est conforté à travers une dynamique de réformes sociales, politiques et économiques qui immunisent la société marocaine, notamment à travers la consolidation de l'état de droit, le raffermissent des libertés fondamentales et de l'espace démocratique, la protection des libertés individuelles et collectives, le renforcement de l'indépendance de la justice, la dynamisation de la société civile, la restructuration du champs religieux, et la gouvernance territoriale de proximité autour du nouveau concept de l'autorité", a-t-il souligné. Le secrétaire d'Etat a également rappelé les actions menées dans le cadre de l'Initiative nationale de développement humain (INDH) qui constitue un outil central de prévention et de lutte contre toutes les formes de précarité économique, sociale, éducationnelle ayant pour objectif de diminuer la vulnérabilité des personnes pouvant constituer une cible et un vivier potentiel de recrutement des groupuscules terroristes. M. Hassar a, en outre, mis en exergue les actions et initiatives lancées par le Maroc en vue de soutenir les efforts de ses partenaires de la région du Sahel dans la lutte contre les groupes criminels et terroristes. Il a notamment cité les efforts du Maroc en matière de lutte contre l'immigration clandestine, lesquels efforts qui ont permis, a-t-il dit, le tarissement des flux migratoires illégaux vers l'Europe de 91 pc, ainsi que le démantèlement de plus de 2500 réseaux de trafic d'êtres humains, faisant du Maroc le principal rempart des routes migratoires illégales qui proviennent de l'Afrique sub-saharienne vers l'Europe. Abordant le volet de lutte contre le trafic de drogue, le responsable a souligné que la stratégie initiée dans ce domaine a permis de réduire les superficies cultivées de cannabis de 60 pc, au moment ou les saisies de résine de cannabis ont augmenté de 62 pc et plus de 1461 personnes ont été interpellées pour trafic international de stupéfiants. "Tous ces efforts ont été salués par les instances internationales, notamment l'Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC), l'Organe International de Contrôle des Stupéfiants (OICS), ainsi que le rapport du département d'Etat américain", a-t-il rappelé. La conférence de Rabat, qui se tient à l'initiative de l'ambassadeur du Maroc à Londres en partenariat avec le Royal United Services Institute (Rusi), basé à Londres et la Fondation OCP, s'inscrit dans le cadre de l'élargissement aux milieux académique et universitaire de la réflexion et la concertation sur des thématiques et des sujets d'intérêt commun. La séance d'ouverture de la conférence s'est déroulée en présence notamment de M. André Azoulay, Conseiller de SM le Roi, Mme Amina Benkhadra, ministre de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement, M. Saad Hassar, Secrétaire d'Etat à l'Intérieur, Mme Latifa Akharbach, Secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, ainsi que de plusieurs ambassadeurs accrédités au Maroc et d'experts internationaux.