Un bureau constitué par une vingtaine d'acteurs associatifs et syndicaux. Détérioration des libertés syndicales ces dernières années selon la CSI. Un «Observatoire» pour défendre les libertés syndicales. Ce qui n'était qu'une simple idée il y a un peu plus d'une année, vient d'être concrétisé. Une vingtaine d'acteurs associatifs et syndicaux, qui forment le bureau de ce nouveau venu, s'attellent déjà à réunir des données sur des cas d'infractions aux libertés syndicales et au droit du travail. «Nous envisageons d'ouvrir des antennes locales à travers le pays, mais, pour le moment nous disposons de peu de moyens pour le faire», affirme Saïd Nafi, ancien dirigeant de l'ODT et président de la nouvelle ONG. «C'est pour cela que nous avons laissé la porte ouverte à tout autre acteur politique, syndical et associatif désireux de se joindre à nous», affirme notre interlocuteur. L'Observatoire qui vient de recevoir le feu vert des services du ministère de l'Intérieur, compte dans son bureau outre le président qui est un ancien membre d'Al Adl Wal Ihsane, Brahim Sbaâllile, membre dirigeant du CMDH (ONG des droits de l'Homme proche des milieux islamistes) mais également d'autres acteurs syndicaux. Sa création a été motivée suite à un double constat : «il n'y a pas assez de données précises sur les infractions aux libertés syndicales ni d'organisme dédié pour les collecter, d'une part. D'autre part, quand ces atteintes sont constatées, elles ne bénéficient pas de l'intérêt qui leur convient auprès des ONG de défense des droits de l'Homme», explique le président de l'Observatoire, Saïd Nafi. Et des infractions aux libertés syndicales, il y en a et en grand nombre. C'est du moins ce que soutient le dernier rapport de la Confédération syndicale internationale (CSI), rendue public cette semaine. «L'organisation des travailleurs en syndicat, notamment dans les zones franches reste difficile. Dans presque tous les secteurs d'activité, le droit de grève est bafoué», affirment les auteurs de ce rapport. Et de poursuivre : «des militants et travailleurs sont menacés et souvent réprimés pour avoir revendiqué de meilleurs conditions de travail et la réintégration de camarades licenciés lors de grèves». Le CSI constate, par ailleurs que, «la négociation collective n'est ouverte qu'au syndicat le plus représentatif, c'est-à-dire celui qui représente au moins 35% du nombre total de salariés de l'entreprise». Saïd Nafi, le président de l'Observatoire assure pour sa part que «les syndicats dits les plus représentatifs sont occupés, beaucoup plus par leurs négociations avec le gouvernement, que par la situation, sur le terrain, des libertés syndicales». Un dialogue de sourds, qui plus est, puisque d'un côté le gouvernement fait la sourde oreille devant les revendications des syndicats et de l'autre côté, ces derniers le lui rendent bien à enchaînant les débrayages dans tous les secteurs. Sauf que, précise le rapport du CSI, «bien que ce droit de grève soit garanti par la Constitution, les employeurs peuvent traduire devant la justice pénale les grévistes qui participent à une occupation de locaux, qui endommagent des biens ou participent activement à des piquets». Mais, cela se passe seulement dans le secteur privé. La situation dans la fonction publique répond à une autre logique. Une tentative du gouvernement de limiter ce recours jugé «excessif» aux grèves a été avortée. «Les centrales syndicales ont déploré les raidissements du gouvernement en matière de droit de grève avec, notamment, la décision de généraliser les retenues sur salaires lors de grèves des travailleurs du secteur public», explique le rapport du CSI. Pour les syndicats, estime le rapport, «leurs actions de protestation étaient liées au blocage du dialogue social». Et la situation ne semble pas pour changer dans l'immédiat. Mais c'est la situation dans les zones franches qui semble le plus préoccuper cet organisme international. «L'organisation dans les zones franches du Maroc est très difficile alors que celles-ci s'étendent de manière impressionnante à plusieurs régions du Maroc et secteurs d'activités», s'inquiète la CSI. «Des militants et travailleurs sont menacés et souvent réprimés pour avoir revendiqué de meilleures conditions de travail et la réintégration de camarades licenciés lors de grèves». Un rapport et des chiffres