Les centrales syndicales se plaignent des associations professionnelles au sujet des grèves. L'exécutif, lui, brandit, de nouveau, la menace des prélèvements automatiques sur les salaires en cas de grèves "sauvages". Lors de leurs rencontres avec le Premier ministre, Driss Jettou, les centrales syndicales lui ont fait part de leur "mécontentement" de la place de plus en plus importante que prennent les associations professionnelles. Selon une source syndicale, les centrales se plaignent du "radicalisme" de ces associations qui n'hésitent pas à appeler à des "grèves sauvages" qui ne favorisent ni le processus de dialogue initié avec le gouvernement, ni les intérêts des syndicats en terme de représentativité. Lors de la dernière réunion de travail qu'il a tenue avec les centrales syndicales, Driss Jettou aurait "menacé" de recourir à l'arme "fatale" des prélèvements sur les salaires des grévistes, chaque fois qu'il sera question d'une "grève sauvage". Pour un responsable syndical, les centrales devraient remettre sur le tapis le droit de grève qui tarde à être réglementé plus de deux années après l'entrée en vigueur du code du travail (8 juin 2004) au lieu d'ergoter sur leurs propres malheurs. Pour un autre syndicaliste, la "complainte" des centrales syndicales traduit le "désarroi" de ces organisations en perte de vitesse et surtout de "crédibilité". Pour cet observateur, elles feraient mieux de défendre "les libertés syndicales face au gouvernement, mais surtout face au patronat". Les centrales, rappelle-t-on, avaient fait une piètre prestation lors des élections de septembre 2003 pour la désignation des membres des commissions administratives paritaires et des délégués du personnel. Donne assez significative, 36,57% des membres des commissions administratives paritaires (secteur public) sont des élus sans appartenance syndicale (SAS), alors que ce pourcentage atteint 53 % chez les délégués du personnel (secteur privé) élus lors des mêmes élections. Le gouvernement Jettou "traite" actuellement avec cinq centrales syndicales seulement, soit celles représentées au sein de la Chambre des conseillers et qui ont réussi à arracher des sièges lors du dernier scrutin partiel du 8 septembre 2006; à savoir l'UMT (3 sièges), l'UGTM (2 sièges), la CDT (2 sièges), la FDT et l'UNTM avec 1 siège chacune. Il est à rappeler que lors de ce même scrutin, elles étaient pas moins de seize centrales syndicales à prendre part à la course aux neufs sièges en jeu à la deuxième Chambre. Ces seize centrales syndicales se sont partagé la somme de 5 millions de dirhams en guise de premier versement de la contribution étatique au financement de leur campagne électorale. Une campagne électorale qui n'a finalement pas eu lieu, à l'exception de quelques rares cas. Un communiqué du ministère de l'Intérieur avait appelé partis politiques et syndicats à fournir, à la Cour des comptes, à la date du 8 octobre comme dernier délai, les pièces justificatives des dépenses engagées par ces derniers au titre de la campagne électorale pour le renouvellement du tiers de la Chambre des conseillers. Il convient de préciser que le dialogue entre le gouvernement et les syndicats reprendra après la fête pour aborder des dossiers dont la réforme des régimes de retraite.