Pour la première fois, le rappeur Don Bigg allie ses flow aux mélodies d'un jazzman. L'auteur du dernier «Byad ou Khal» et le pianiste cubain Omar Sosa ont réalisé ensemble une création musicale. Les fruits de cinq mois de travail ont été présentés, mardi 25 mai, durant la neuvième édition du festival Mawazine rythmes du monde sur la scène de Yaâcoub El Mansour à Rabat. Ils étaient accompagnés d'un DJ, d'un saxophoniste et aussi de MC Amine, le frère de Bigg sur certains morceaux. Dans ce mix final, il y avait finalement du rap, du reggae, de la musique cubaine, du drum and bass. Selon Omar Sosa, pour réussir une véritable connexion entre des artistes dont le style musical est complètement différent, il est important de s'aimer. La première rencontre entre les deux hommes a eu lieu en janvier 2010 à Barcelone. «Il fallait d'abord sonder si, humainement parlant, il y aurait un bon feeling», atteste Bigg dans des propos lors de la conférence précédant le concert. Autre préoccupation selon Bigg : «Il fallait se mettre dans la peau du personnage, de cet autre». L'aventure s'est bien déroulée selon les dires de ces deux artistes. Omar Sosa ira même jusqu'à déclarer : «I love him», traduisez «Je l'aime». Selon ce jazz man, pour réussir une véritable connexion entre des artistes dont le style musical est complètement différent, il est important de s'aimer. «La recette est basé sur un seul mot : l'amour» souligne Omar Sosa avant d'ajouter : «Lorsque des artistes décident d'allier leurs styles musicaux et d'entrer en résidence artistique pour confectionner ensemble une création originale, il est important d'effacer l'ego». Omar Sosa considère que l'humanité rend meilleure la collaboration. «Lorsque les artistes sont noyés dans leur ego, il n'y a rien qui se passe» témoigne ce même artiste. Si Omar Sosa était heureux de la collaboration avec Bigg, la même joie se lisait sur le visage de Bigg qui, pour rappel, aime se faire appeler Don Bigg. «J'ai réalisé des featurings avec d'autres artistes, mais je n'ai jamais autant ressenti ce côté vrai et humain» souligne le rappeur avant de témoigner : «lorsqu'on finit les répétitions, on se pose chacun la question : est-ce que tu es content de ce que nous avons fait ? ». Aussi, Omar Sosa considère que pour réussir la collaboration entre artistes l'important est de se respecter. «Nous sommes des musiciens professionnels, chacun sait ce qu'il à affaire, donc il ne faudrait pas entrer en conflit ni essayer d'imposer chacun son point de vue». L'ingrédient essentiel pour le bon déroulement d'une résidence ? : «Le respect, si on se respecte tout va très bien se passer» tranche Omar Sosa. Cette conférence de presse était aussi l'occasion pour Bigg de casser certains préjugés. Lorsqu'un journaliste arabe l'a interpellé sur le langage de rue utilisé dans ses textes, Bigg l'arrête aussitôt en déclarant : «Il faut arrêter avec ces préjugés, je ne chante pas la langue de la rue, je chante en darija de mon pays, le Maroc». Omar Sosa : Mini bio Omar Sosa est un pianiste et compositeur cubain né à Camagüey en 1965. Il étudie très tôt les percussions puis le piano, au sein de l'Ecole nationale de musique de La Havane, avant d'entrer à l'Institut supérieur d'Art. A Cuba, il travaillera avec Vicente Feliu et Xiomara Laugart avant d'aller vivre en Equateur, à San Francisco puis à Barcelone. Omar Sosa est un créateur qui trouve son inspiration dans la musique traditionnelle cubaine dans le jazz le plus contemporain, le hip hop ou encore la musique arabe.