Vous êtes ici : Actualités / A La Une / Tunisie: Ennahda sous pression Pas question de lâcher le pouvoir malgré la pression de la rue. C'est en substance ce qu'a fait savoir Rached Ghannouchi, le leader des islamistes tunisiens, dans une interview publiée hier. Le chef du parti Ennahda au pouvoir en Tunisie a exclu toute démission du gouvernement sous la pression des manifestations tous azimuts de l'opposition depuis quelques jours. « Il y a des demandes excessives dont la dissolution d'un gouvernement qui a remporté la confiance du Parlement par le biais de manifestations. Dans les régimes démocratiques, les manifestations ne changent pas les gouvernements, c'est bien dans les régimes dictatoriaux qu'une manifestation est en mesure de faire tomber le régime », a-t-il estimé, confiant du soutien de ses partisans et sympatisans, qui se comptent encore par milliers dans le pays. Soulignons que la crise politique actuelle a été déclenchée le 25 juillet par l'assassinat de l'opposant Mohamed Brahmi, le deuxième du genre après celui de Chokri Belaïd le 6 février. Ces deux assassinats politiques ont été attribués à la mouvance salafiste. « Malheureusement chez nous, à chaque fois qu'une tragédie se produit, on crie immédiatement à la dissolution du gouvernement et du Parlement », a commenté Rached Ghannouchi. La rue maintient la pression Toutefois, ne pouvant ignorer la pression de la rue, le chef du parti Ennahda a proposé un référendum comme solution pour désamorcer la crise. Selon lui, lors de ce référendum il sera demandé au peuple tunisien de se prononcer sur la dissolution ou non du gouvernement et du Parlement. Béji Caïd Essebsi, président du parti Nida Tounes, a, quant à lui, déclaré lundi, à l'issue d'une rencontre avec le chef d'Etat tunisien, Moncef Marzouki, qu'il faut prendre des mesures audacieuses pour résoudre la crise. L'ancien Premier ministre, Hamed Karoui, a lui aussi appelé toutes les composantes de la société tunisienne au dialogue. Mais en attendant que les acteurs se décident enfin de se réunir autour d'une même table, la rue n'entend pas lâcher prise. Une coalition hétéroclite d'opposition a organisé un nouveau rassemblement nocturne lundi à Tunis, comme tous les soirs depuis l'assassinat de l'opposant, Mohamed Brahim. Hier était également prévue une grande manifestation pour réclamer la démission du gouvernement dirigé par les islamistes d'Ennahda et la dissolution de l'Assemblée nationale constituante (ANC).