Vous êtes ici : Actualités / Casablanca / Le site préhistorique d'Ahl Al Oughlam agonise Depuis quelques jours, un groupe de chercheurs et de militants pour la protection du patrimoine géologique et des sites archéologiques situés à Casablanca, tentent d'attirer l'attention sur la situation dans laquelle est devenue la carrière préhistorique d'Ahl Al Oughlam, située à Sidi Bernoussi. Le site, d'une grande valeur scientifique et connu dans le monde entier, est exposé à l'apparition de grands projets urbanistiques, qui risquent de faire disparaître à jamais le patrimoine paléontologique et archéologique de ce site. Selon Abderrahim Mohib, chercheur en préhistoire et conservateur principal des monuments et sites, le gisement paléontologique d'Ahl Al Oughlam se présente dans un état de conservation très critique. En effet, cet exceptionnel conservatoire du patrimoine paléontologique marocain est entièrement envahi par les ordures et les déchets ménagers. Les eaux usées des bidonvilles qui se trouvent aux alentours sont évacuées directement sur la falaise comprenant les fissures ayant livré les restes paléontologiques. « L'accès à ces fissures devient donc impossible. Le cadenas de la porte métallique fermant la fissure fossilifère principale est volé, ce qui expose ce niveau à des fouilles clandestines et de pillage dont le gisement a déjà souffert, et donc à la perte de témoignages relatifs à l'environnement animal d'il y a 2,5 million d'années à Casablanca», explique Abderrahim Mohib. Un appel à l'aide Selon le professeur Zahour Ghalem, membre du département de Géologie à la Faculté des Sciences Ben M'sick, le diagnostic de la situation actuelle montre que ce patrimoine historique, connu à l'échelle mondiale et méconnu à l'échelle locale, est menacé par des facteurs anthropiques et des activités humaines notamment l'urbanisation (constructions, habitat insalubre) et la pollution (transformation des carrières de Sidi Abderrahmane et d'Ahl Al Oughlam en décharges sauvages). « Des projets de préservation et de valorisation de ce patrimoine, comme par exemple des parcs archéologiques, musées naturels, géo-parcs..., coordonnés entre les autorités locales et régionales ainsi que les associations thématiques locales, sont aujourd'hui nécessaires pour la sauvegarde, la valorisation de cet héritage pour les générations futures et promouvoir en même temps l'écotourisme local et régional pour un meilleur développement durable», explique Pr. Zahour Ghalem. Le chercheur en préhistoire Abderrahim Mohib est du même avis. « Compte tenu de l'intérêt scientifique et patrimonial d'un tel gisement pour l'histoire ancienne du Maroc et vu la dégradation continue et incontrôlable que subit ce site et compte tenu de son état de conservation alarmant, il va falloir aborder sérieusement la question de sa protection et de sa préservation définitives ! », s'indigne-t-il.