Comment les sites préhistoriques ont été découverts à Casablanca ? Casablanca est une métropole urbaine qui dispose d'un riche passé historique. Ses origines s'enracinent dans les temps les plus reculés de notre histoire ancienne. Les recherches archéologiques entamées depuis la première moitié du 20ème siècle démontrent que le sol de Casablanca regorge d'un patrimoine préhistorique qui est mondialement connu. Eloignée de l'Afrique de l'Est et du Sud, Casablanca témoigne de la présence d'anciens peuplements dont l'âge remonte à au moins 1 million d'années. Les recherches pluridisciplinaires (Préhistoire, paléontologie, archéozoologie, géologie et géomorphologie...) ont permis d'identifier et de repérer dès le début du siècle dernier de nombreux sites préhistoriques et paléontologiques exceptionnels, dont certains ont livré des restes humains ainsi que des coupes géologiques quaternaires d'intérêt incontournable pour l'étude du contexte, mais malheureusement, une grande partie des ces richesses a disparue avec l'urbanisation. Beaucoup de sites ont été remblayés et d'autres ont été détruits ou construits... Aujourd'hui, les sites majeurs de la préhistoire ancienne au Maroc qui existent encore et qui ont été mis en évidence par l'équipe de scientifiques sont : le gisement de Sidi Abderrahmane cunette, la carrière Thomas1, le gisement d'Ahl Al Oghlam et la grotte des Rhinocéros à la carrière Oulad hamida 1. Les études archéologiques et géologiques entamées sur le territoire de Casablanca depuis la fin du 19ème siècle ainsi que les travaux de construction et l'ouverture de vastes carrières de pierre et de sable pour la construction du Port de Casablanca (à partir de 1907) sont à l'origine de la découverte de multiples sites préhistoriques et paléontologiques. Existent-ils des sites préhistoriques encore préservés ? Les quatre sites cités sont les seuls qui existent encore de nos jours. Il y a le gisement de Sidi Abderrahmane, qui accueillera le projet du « Parc de la préhistoire de Sidi Abderrahmane ». Le marché de l'étude a été lancé récemment. La carrière Thomas1 se situe sur un terrain privé qui appartient à un promoteur immobilier. Il faut donc trouver une solution en urgence pour récupérer et préserver ce terrain, qui est le gisement le plus vieux du Maroc. Il y aussi la grotte des Rhinocéros à la carrière Oulad Hamida, et enfin le gisement paléontologique d'Ahl Al Oughlam. Ces deux derniers terrains qui ne sont soumis à aucune surveillance, malgré les fouilles. Quelles découvertes avez-vous faites après vos recherches et fouilles ? Les découvertes que nous avons faites jusqu'à aujourd'hui sont nombreuses et diversifiées. Elles ont même contribué à la résolution de plusieurs questions relatives à l'occupation ancienne au Maroc. Elles ont permis de réviser les données anciennes dans le cadre chronologique du quaternaire marocain surtout atlantique. Nous avons découvert un niveau archéologique L dans la carrière Thomas1, daté d'environ 1 million d'années, riche en outillages acheuléens anciens et en restes d'hippopotame et qui représentent aujourd'hui la trace de l'occupation humaine la plus ancienne au Maroc. Les trouvailles démontrent aujourd'hui que l'aventure humaine des hommes préhistoriques débute au sud ouest de Casablanca avec la culture matérielle acheuléenne au niveau archéologique L du site de Thomas1. L'existence d'une présence humaine très ancienne, il y a 1 million d'années, est donc certaine dans le gisement de carrière Thomas1 à Casablanca. Sur le plan paléontologique (restes des animaux et fossiles), les sites de Casablanca sont uniques par leur richesse dans toute l'Afrique du Nord, sinon dans toute l'Afrique. Il y une variété considérable des restes d'animaux mis au jour dans les sites de Casablanca, dont la quasi-totalité n'existent plus au Maroc actuellement. Y a-t-il des mesures prises par le ministère de tutelle pour préserver ces sites? Le ministère de la Culture assure une protection juridique des sites avec la loi 22-80. Il finance les fouilles, les recherches et assure le gardiennage des sites. Cependant, ces mesures restent insuffisantes pour pouvoir assurer et garantir une protection, une mise en valeur et une réhabilitation à la hauteur de ce patrimoine. L'enjeu est conséquent face aux moyens mis à disposition par le ministère de la culture surtout pour des sites en plein zone de spéculation immobilière à Casa. En dépit de cela, l'équipe scientifique est décidée à poursuivre ses recherches pour la bonne préservation de ce patrimoine scientifiquement et historiquement exceptionnels, mais nous pensons qu'il est temps que ce patrimoine soit connu des Casablancais et des Marocains en général. J'espère que le projet du parc archéologique de Sidi Abderrahmane aboutira et contribuera ainsi à atteindre l'un de ces objectifs...