A près l'annonce d'une croissance de 5,8% à fin mars, c'est l'heure de dévoiler les indicateurs phares des finances publiques à fin mars. Le Trésor vient de publier, hier 17 mai, sa note de conjoncture mensuelle, annonçant les chiffres à fin mars dernier. Le premier constat une baisse des recettes ordinaires de l'Etat de 7,6% sur un an pour s'établir à 44,5 milliards de DH. Comme vous l'aurez deviné ce sont les impôts qui sont à l'origine de cette tendance baissière qui se prolonge. En effet, les recettes fiscales (impôts directs) ont baissé de 23,4% à 6,1 milliards de DH. Heureusement que les impôts indirects ont, en partie, contrebalancé cette baisse, puisque leur montant a progressé de 16,8%. A noter que les recettes non fiscales (privatisation, entreprises publiques) ont baissé de13,5% à 1,5 milliard de DH. Pour l'IR, la baisse (14,7%) s'explique par le réaménagement des tranches d'imposition. Mais dans le cas de l'IS, la réduction des recettes s'explique, sans doute, par les séquelles de la crise. A noter à ce niveau l'augmentation des recettes de la TIC de 9,5%. Cela est certainement lié à l'augmentation de la taxe sur les boissons alcoolisées. La baisse des recettes n'empêche pas le Trésor de se montrer rassurant. Il crie haut et fort que ces recettes sont conformes aux prévisions. En chiffre, le taux d'exécution des prévisions ressort à 32,6% pour l'IS et 26% pour l'IR. Qu'en est-il des dépenses ? Elles se sont accrues de 18,2% pour atteindre 43,1 milliards de DH. C'est une résultante logique de l'augmentation des dépenses de compensation qui explosent en passant de 1,2 milliard de DH en mars 2008 à 6,1 milliards à la fin du même mois de 2010. La part destinée à la compensation des hydrocarbures ressort à 4,8 milliards de DH. Pourtant bon nombre d'experts avaient prévu une flambée des cours de pétrole, bien au-delà du seuil de 75 dollars le baril, fixé dans la loi de Finances. Et c'est la Caisse de compensation qui en paie les pots cassés. En effet, les dépenses allouées au soutien des prix ont déjà dévoré 43,8% du montant budgétisé dans la loi de Finances. Si l'on reste sur ce rythme, le montant budgétisé devrait être épuisé d'ici la fin du premier semestre 2010. Par ailleurs, les dépenses de fonctionnement ont crû de 8,5% contre une hausse de 21% pour les dépenses des biens et services. Pour sa part, le service de la dette (charges d'intérêts) a diminué de 13,3%. La comparaison entre dépenses et recettes donne lieu à un besoin de financement du Trésor de l'ordre de 4,9 milliards de DH, dont 4,7 milliards financés en dette intérieure. Le déficit budgétaire se chiffre pour sa part à 4,5 milliards de DH. Un chiffre négatif certes mais largement meilleur que celui de la même période de l'année dernière (10,9 milliards de DH). Dans ce contexte, le marché de la dette intérieure a été bien animé. Le montant des adjudications ressort en effet à 31,9 milliards de DH contre 24,8 milliards en mars 2009. Sur le marché interbancaire, les interventions de Bank Al-Maghrib se sont enfin stabilisées après une longue, voire même très longue tendance haussière. Elles se sont maintenues à 19 milliards de DH au titre des avances à 7 jours. Cette stabilisation n'aurait pas été possible sans la baisse du taux de la réserve obligatoire qui est passé de 12 à 6% entre juillet 2009 et avril 2010. Les dépenses allouées au soutien des prix ont déjà dévoré 43,8% du montant budgétisé dans la loi de Finances. Autre bonne nouvelle, l'augmentation des crédits bancaires. Après deux années de baisse, cet indicateur ressort en légère hausse de 0,2%. Toutefois, les créances en souffrance demeurent en hausse. Entre février et mars, leur encours global a augmenté de 1,5% à 31 milliards de DH.