Vous êtes ici : Actualités / Economie / Taux directeur : Jouahri n'écarte pas l'éventualité d'une hausse Une éventuelle révision à la hausse du taux directeur toujours maintenu à 3%? Oui, c'est probable. C'est du moins ce qu'a laissé entendre Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank Al-Maghrib (BAM), mais dans le scénario d'une levée des subventions des produits de base au cours du prochain semestre. L' objectif est de contrecarrer la hausse probable de l'inflation en ligne avec la mission de la banque centrale de régulation économique. Dans l'hypothèse du maintien du dispositif actuel de la compensation des prix, l'inflation devrait s'établir à 2,1% en moyenne en 2013, selon le scénario prévisionnel de BAM. Quoi de plus parlant. Le dilemme du choix Ce qui est sûr c'est que le gouvernement Benkirane semble être résolu à entamer cette année la réforme de la caisse de compensation. Un signe avant-coureur porte à croire ce constat: officiellement, le gouvernement ne compte en aucun cas injecter de fonds additionnels dans la caisse de compensation dont le budget alloué au titre de l'exercice en cours s'élève à 40 ou 42 milliards de dirhams. Déjà à la fin avril dernier, les charges de compensation se sont élevées à 16,5 milliards de dirhams, soit une légère hausse de 0,2% en variation annuelle. Tenant compte d'une telle décision et dans le cas où cette caisse épuiserait ses dotations avant la fin de 2013, à quoi faut-il s'attendre? Inévitablement des pressions inflationnistes émanant essentiellement de la demande interne. Le plus inquiétant c'est qu'aucune réévaluation du niveau des salaires n'a été envisagée pour anticiper la détérioration du pouvoir d'achat. Voilà ce qui explique l'intervention probable pour une stabilisation des prix de la banque des banques au cas où le scénario se concrétiserait. Jouahri en sait quelque chose en qualifiant la compensation d'«aveugle». Lui qui a blanchi sous le harnais sait mieux que quiconque que «la volonté politique n'est pas chose facile». Dans la foulée de cette «dynamique de la difficulté», l'exécutif est dans l'obligation de mettre en œuvre les recommandations du FMI pour une levée des subventions. Si non, le pays risque de perdre la ligne de précaution et de liquidité (LPL) de 6,2 milliards de dollars, selon Jouahri. En tous cas le verdict sur l'éligibilité sera prononcé le 12 août prochain, date à laquelle les équipes du FMI, qui séjournent ces jours-ci au Maroc, présenteraient leur rapport au Conseil d'administration de l'institution de Breton Woods. Le wali reste quand même confiant quant aux perspectives économiques du pays qualifiées tout de même de négatives par les agences de rating. La notation prochaine de ces dernières est vivement attendue, après la publication du rapport du FMI. Crise de dépôts? Sur une question sur l'existence ou non d'une crise de dépôts bancaires, Jouahri répond qu'il ne s'agit là que de pures «spéculations». Soulignant au contraire une accélération des dépôts. Chiffres à l'appui, les dépôts à terme ont progressé de 4,5% en avril dernier. Mieux encore, «les avoirs des ménages qui demeurent le principal contributeur à la progression des dépôts se sont renforcés de 5% comparativement au trimestre précédent», a-t-il soulevé. Bien que les retraits nets de la monnaie fiduciaire se sont chiffrées au termes des trois premiers mois à 1,3 milliard de dirhams à l'occasion des vacances scolaires. Au même titre que les sorties nettes qui se sont élevées à 1,2 milliard. Outre la masse monétaire, l'évolution du crédit bancaire témoigne d'une appréciation du marché comme le montre la progression du crédit bancaire de 3,9% après 3,1% au premier trimestre. Il est à signaler également la pression continue sur les liquidités. Le déficit de liquidité bancaire s'est accentué davantage pour se situer à 64,6 milliards de dirhams, soit un creusement de 900 millions de dirhams sur la même période de référence. Avec ces tensions là, est-il prévu une nouvelle sortie à l'international pour la levée de fonds, étant donné que le trésor a ponctionné 1,4 milliard de dirhams sur le marché monétaire? Jouahri garde ses distances sur cette question là, relevant que les aides financières promises par les pays du Golfe sont en mesure de soulager les pressions.