C''est à une nouvelle découverte que nous convie Edmond Amran El Maleh dans son dernier ouvrage présenté lundi au Salon du livre de Casablanca. Dans la dernière livraison d'El Maleh, on se surprend à voler de page en page, accrochés au verbe de l'auteur, captivés par l'histoire plus que par la forme, comme dans une magnifique et magique halqa. Edmond Amran El Maleh a présenté son dernier livre «Lettres à moi-même» avec la complicité de Abdellah Baida (qui nous a livré un entretien dans l'édition du 14 février). Présentation teintée d'humour et de malice par un pimpant et fringuant écrivain de 93 ans, élégant, avenant et inspirant autant qu'espiègle. Mais que dire du livre? Habitués de la littérature d'El Maleh ou nouveaux venus, c'est à une nouvelle découverte que nous convie l'auteur du «café bleu. Zrirek», de «Aïlen ou la nuit du récit» ou encore «Mille ans, un jour». Dans une langue agréable, cet «éleveur de mots» comme il se définit nous fait partager une tranche de sa vie. L'époque parisienne. Sans pour autant tout livrer. Edmond, l'œil malicieux fait le parallèle entre la hchouma comme se balader nu dans la rue et tout livrer sans pudeur. Parce qu'il y aurait matière à plusieurs romans sur cet appartement qui a accueilli tout ce que le Maroc a compté d'intelligentsia ou de curieux. Escale incontournable, espace culte où chacun venait se ressourcer et profiter de l'ambiance généreuse des lieux. L'homme s'est transporté à Rabat, s'est délesté du plus gros de sa bibliothèque au profit de la Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc et la chaleur, le va-et-vient incessant des amis et des curieux ont repris au seuil de cette porte toujours ouverte. Sur les étagères de la petite bibliothèque du salon, l'œuvre de Walter Benjamin sautille d'une étagère à l'autre. Benjamin dont la présence traverse «Lettres à moi-même» comme elle traverse la vie de l'auteur. Dans la dernière livraison d'El Maleh, on se surprend à voler de page en page, accrochés au verbe de l'auteur, captivés par l'histoire plus que par la forme, comme dans une magnifique et magique halqa. A défaut d'être un compte-rendu complet, précis du livre et de sa présentation au SIEL, ceci est une déclaration d'amour pour toi Edmond, pour l'importance que tu as pour des centaines de gens qui ont eu le privilège de voir leur vie croiser la tienne et pour les autres que tu inspires à travers ton œuvre.