Le Fonds souscrit à l'intention des autorités marocaines de laisser le déficit budgétaire se creuser temporairement. Pas de danger, les hausses des dépenses étant centrées sur l'investissement et non sur les dépenses courantes. Le FMI recommande aux autorités marocaines de rester vigilantes et de continuer à surveiller de près les besoins en fonds propres du système bancaire. Le Conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI) vient de rendre public le résumé du rapport de ses administrateurs qui ont procédé l'année dernière à des consultations bilatérales avec le Maroc. Cette mission, pour rappel, a pour objectif de recueillir des données économiques et financières, au titre de l'Article IV des Statuts du FMI, pour évaluer l'évolution politique et économique des pays membres. Première observation de taille, le Maroc a fait face à la crise mondiale à partir d'une position solide, note le FMI. Ce dernier constate que cette performance résulte, dans une large mesure, de l'ensemble des réformes macroéconomiques et structurelles opérées entre 2000 et 2010. Les experts du FMI, qui ont rencontré les responsables marocains dans le cadre de leur mission, ont été convaincus que le Maroc est bien placé pour surmonter la crise et que les autorités ont bien réagi face la conjoncture mondiale difficile. A leurs yeux, le système financier marocain est sain car il est peu exposé aux marchés de capitaux internationaux. Et que l'économie du pays a été surtout «affectée au niveau des canaux réels, du fait du ralentissement en Europe». Les Marocains ont surtout brillé en contrôlant rigoureusement le secteur financier, soutenant la confiance et la demande intérieure, tout en limitant les risques. «Cette politique, ainsi qu'une récolte céréalière exceptionnelle, ont contribué à la croissance vigoureuse du PIB réel en 2009», souligne le FMI. Ce dernier estime, en revanche, qu'il est impératif de continuer en 2010 à appuyer l'activité économique face à la crise mondiale. Sur ce plan, le Conseil d'administration de l'institution mondiale avance que «les administrateurs souscrivent à l'intention des autorités de laisser le déficit budgétaire se creuser temporairement, les hausses des dépenses étant centrées à juste titre sur les dépenses d'investissement et non sur les dépenses courantes». Il a été souligné, en outre, qu'il est essentiel de préserver la stabilité macroéconomique par une politique budgétaire saine. A ce niveau, les autorités marocaines ont communiqué aux responsables du FMI qu'elles sont décidées à reprendre leurs efforts de consolidation budgétaire. Cette politique sera assurée de manière progressive à compter de 2011. «Ce sera important pour stabiliser le ratio de la dette publique au PIB, préserver le faible coût de l'emprunt dans l'économie et faciliter la mise en œuvre de la politique monétaire», commente le FMI. Mais il y a un point important à retenir. Les administrateurs pensent en effet que si le système de subventions universelles est remplacé progressivement par un système de ciblage des populations vulnérables, cela améliorera l'efficience et réduira les risques budgétaires. Côté activités bancaires, il a été observé, d'une part, un ralentissement au niveau des crédits bancaires. Mais d'autre part, le FMI souligne qu'après une tendance baissière importante, ces dernières années, les créances en souffrance «vont probablement augmenter quelque peu du fait du ralentissement économique».Le FMI recommande aux autorités de rester vigilantes et de continuer à surveiller de près les besoins en fonds propres du système bancaire. Par ailleurs, les responsables de l'organisation ont noté que le régime actuel de rattachement du taux de change a bien servi le Maroc. Le pays compte à moyen terme assouplir sa politique monétaire et son régime de change, ce qui pourrait aider son économie à mieux s'adapter aux fluctuations de la conjoncture internationale, selon le FMI. S'agissant de l'inflation, les experts de l'institution de Bretton Woods indiquent que le risque d'une inflation importée est aujourd'hui bien plus faible et que les bilans des agents économiques sont très peu exposés aux fluctuations des taux de change. Toutefois, il est signalé la nécessité de «planifier soigneusement un éventuel assouplissement de la politique monétaire et du régime de change» et de rester prudent à cet égard. En termes de recommandations générales, il demeure indispensable, selon le FMI, de poursuivre les réformes structurelles pour stimuler la croissance, accroître la compétitivité et améliorer les indicateurs sociaux. Et ce n'est pas tout. Il est aussi essentiel de faire avancer les réformes en cours et prévues, afin d'améliorer notamment «l'efficience et la composition des dépenses publiques et de simplifier le système fiscal et le régime de change». Le FMI fait allusion, entre autres, aux réformes structurelles programmées par l'Etat et qui visent à augmenter la productivité. Ceci en améliorant l'environnement des affaires et les dépenses d'investissement.