Les groupes parlementaires l'ont revendiqué et l'ont obtenu. C'est demain qu'ils rencontrent le ministre de la Communication, Mustapha El Khalfi, pour débattre des cahiers des charges de l'audiovisuel auxquels ils estiment n'avoir pas été impliqués. « Si nous avons été l'un des premiers partis à réclamer l'ouverture de ce débat au sein du Parlement, c'est parce que nous estimons nécessaire un consensus général et national autour de la question des cahiers des charges », explique Chafik Rachadi, à la tête du groupe parlementaire du RNI. Pour ce dernier, le chemin qu'empreinte le débat actuellement est plutôt « déplacé ». « Le débat a été dès le départ mal orienté, occulté à un aspect technique. Il fallait, en fait, le généraliser parce qu'il s'agit d'abord d'un service public, c'est-à-dire, la propriété de l'ensemble des Marocains. Les acteurs liées de près et de loin doivent apporter leur eau au moulin », estime-t-il. Et pour que ce débat soit « généralisé », le RNI trouve que l'urgence du processus a provoqué des restrictions ayant attiré le débat vers des aspects « populistes ». « Il ne faut pas donner une portée idéologique d'une seule partie à ces cahiers des charges. Il y a désormais une seule référence, celle de la constitution qui a traduit d'une manière intelligente la vision du Maroc et maintenu son identité islamique tolérante sous l'égide du Commandeur des croyants », souligne Chafik Rachadi. A l'USFP, le débat mérite un intérêt capital parce qu'il concerne des institutions publiques. « L'audiovisuel reflète l'image de la société. Nous avions milité pour que l'administration ne mette pas son nez dans ce pôle, à présent c'est le gouvernement qui suscite ces craintes. L'indépendance est capitale pour que les médias, journalistes et producteurs, puissent réellement accomplir leur mission dans le respect de la liberté », déclare Ahmed Zaïdi, président du groupe parlementaire de l'USFP. A ses yeux, les cahiers des charges sont assimilables à des « grilles de programmes » dictées par le gouvernement. « Pour nous, c'est très grave ! » s'exclame le député ajoutant que le ministre de la Communication qui prône l'approche participative « n'a pas impliqué le Parlement et le gouvernement ». « Plus que cela, au moment où le ministre mettait en place les cahiers des charges en catimini, il venait au Parlement pour l'examen de son budget sectoriel. Il nous a parlé de tous sauf des cahiers des charges », tient à souligner Ahmed Zaidi. Et de préciser que l'USFP alimente des craintes quant à la « direction » que prend le débat. « Nous reconnaissons que le texte représente un grand effort, nous partageons aussi les principes de transparence et de démocratie. Nous voulons que le débat reste avant tout professionnel », affirme Ahmed Zaidi. Pour le parti de l'Istiqlal, il est certain que la polémique autour des cahiers des charges puise son origine d'une inquiétude. « Les critères qu'imposent les cahiers des charges dérangent certains alors qu'il ne s'agit que de la mise en œuvre des articles de la constitution », déclare l'Istiqlalien Abdelwahed El Ansari, premier vice président de la Chambre des représentants. Pour lui, ce qui est sacré le reste et ce n'est pas le moment d'une tentative de nourrir un faux débat sur la religion. « La loi est claire et les négociations menées ont été larges. Maintenant, le problème réside dans les dysfonctionnements apparus dans certains secteurs. Et face à cela, il faut des mesures de contrôle », ajoute le député. Abdellah Bouanou, membre du groupe parlementaire du PJD va plus loin en annonçant une éventuelle commission parlementaire d'enquête. « L'opération de production, à elle seule, semble suspicieuse. Savez-vous qu'à la SNRT on va parfois acheter ses fournitures à l'Ile Maurice ? Que cette chaîne qui ne dispose pas de studio et continue à louer des lieux pour organiser ses émissions à des sommes faramineuses allant de 7 à 10 millions de centimes ! », s'indigne le Pjdiste estimant que le débat est né de la crainte de deux nouveaux principes ajoutés aux cahiers des charges : la production nationale et la gouvernance. ◆