La discussion concernant les cahiers des charges relatifs au secteur de l'audiovisuel a repris, hier au Parlement. Les députés critiquent la rapidité de l'approbation par la HACA et soulèvent des difficultés d'application. Mustapha El Khalfi enchaîne les réunions avec les représentants de la Nation pour trouver un compromis sur les cahiers des charges des sociétés nationales de l'audiovisuel. Difficile de trancher sur qui prendra la parole en premier. Il aura fallu près de 30 minutes aux parlementaires pour se mettre d'accord avant le lancement du débat qu'ils avaient reporté, vendredi dernier à ce mercredi, autour des cahiers des charges des médias publics. « La HACA avait besoin en moyenne d'un mois pour l'approbation des cahiers des charges, mais cette fois-ci, elle ne s'est contentée que de vingt-quatre heures ! La HACA ne vous a pas aidé, monsieur le ministre, sinon on ne serait pas tombé dans les erreurs techniques dont souffrent aujourd'hui les cahiers des charges », déclare le président du groupe parlementaire de USFP, Ahmed Zaidi. Pour ce dernier, la HACA y a été pour beaucoup dans le déclenchement de la polémique. « La HACA n'a pas pris ses responsabilités et nous estimons que ces cahiers des charges, tels qu'ils sont, ne sont pas applicables à 100 %. Même s'ils témoignent d'une vision moderniste, leur lancement s'est fait d'une manière abrupte », ajoute Ahmed Zaidi qui, sur ce propos, est en parfait accord avec Rachid Roukbane, président du groupe parlementaire du PPS. « Nous nous demandons ce qui peut bien expliquer autant de rapidité dans l'approbation de ces cahiers des charges par la HACA. Il aurait été judicieux que celle-ci procède à l'examen des cahiers des charges en parallèle avec le débat actuel en vue d'en prendre compte », souhaite-t-il. Au RNI, c'est aussi l'approche participative qui est mise en relief. « Nous aurions pu quitter le débat dès le début pour protester contre, surtout, la non implication du Parlement. Mais nous avons préféré rester pour exprimer notre avis et surtout éviter que l'on interprète notre retrait comme une sorte de fuite », indique Chafik Rachadi qui préside le groupe parlementaire RNI. Mauvais lancement Aux yeux de l'opposition, le processus est parti sur du mauvais pied. « Le gouvernement a remplacé l'administration pour imposer son pouvoir. Son implication dans les cahiers des charges menace l'indépendance des médias publics », met en garde Ahmed Zaidi citant, pour exemple, Al Oula. « Dans son cahier des charges, Al Oula est appelée à la diffusion directe des conférences de presse et des discours du chef du gouvernement et d'une synthèse de l'activité gouvernementale », fait-il remarquer. Et d'ajouter que la multiplication, également, des émissions religieuses n'est pas la bienvenue. « Nous avons une chaîne thématique spécialisée, alors pourquoi vouloir généraliser cette tendance religieuse ? C'est un surdosage dont nous ne connaissons pas la véritable origine », s'indigne ce député usfpeiste. Au PPS, ces craintes sont réitérées. « Nous sommes une composante de la majorité, mais cela ne nous empêche pas de faire des critiques en interactivité avec ce que ressent la société. Nous estimons nécessaire de ne pas mêler le politique à l'administratif », insiste Rachid Roukbane, soulignant que le volet « divertissement » doit s'épanouir un peu plus dans les cahiers des charges. La qualité avant tout Pour le député de l'Istiqlal, Abdellah Bekkali, il n'y a pas de grandes différences entre les cahiers des charges précédents et les nouveaux. « Ils sont même parfois identiques à plusieurs niveaux. Les nouveaux cahiers des charges ont préservé les principes et fondements des anciens en y ajoutant des détails en ce qui concerne les horaires », estime Abdellah Bekkali, soulignant que les cahiers des charges de Mustapha El Khalfi se sont « noyés » dans trop de détails, en fixant des tranches horaires précises à chaque émission. « Cela peut alourdir le travail des professionnels et rendre plus difficile l'exercice de leur liberté », tient-il à faire remarquer. Abdellah Bekkali se veut être d'abord défenseur du professionnalisme et de sa qualité. Il se dit ainsi préoccupé par l'avenir des divers employés du secteur et leurs conditions de travail. Et à titre d'exemple, le député soulève que les cahiers des charges prévoient des chaînes régionales opérationnelles 24h/24. « C'est impossible d'y arriver, avec le manque d'effectif dont souffre aujourd'hui la chaîne régionale où seuls 3 journalistes constituent toute la rédaction. D'ici septembre, date à laquelle la 2e et 3e tranche des cahiers des charges entreront en vigueur, serions-nous prêts? », se demande le député. Ce dernier rappelle que le Maroc d'aujourd'hui a besoin d'émissions de qualité et non de « remplissage ». « La grande question à se poser, c'est comment dépasser la médiocrité et garantir l'indépendance des médias publics ?», insiste Abdellah Bekkali. Entrée en vigueur des cahiers des charges Vous l'aurez remarqué. Depuis le 1er mai, la deuxième chaine a apporté des modifications à sa grille de programme. En application progressive du nouveau cahier des charges, on a préféré mettre fin à la polémique autour des horaires des journaux télévisés à commencer par celui en langue française. Le JT en français ne sera pas diffusé, comme il a été rapporté, en fin de soirée, mais au tout début. Il a même été avancé puisque sa diffusion, qui était à 20h45, est désormais prévue à 20h15. Le JT en langue arabe, lui, est diffusé un peu plus d'une heure plus tard, à 21h25. Sur la première chaîne, c'est un journal culturel qui vient s'ajouter à la grille chaque vendredi, samedi et dimanche. La seconde et troisième tranche des cahiers des charges seront mises en œuvre en septembre prochain.