La Chambre des représentants a été contaminée par le climat qui avait prévalu durant 6 jours au sein de la 2e Chambre et qui avait bloqué les travaux sous la coupole. Lundi, en effet, c'est encore une fois le sujet relatif aux prix des carburants qui avait été à l'origine de la tournure spectaculaire qu'on pris les événements pour déboucher sur une totale cacophonie difficile à contenir. C'est Mohamed Najib Boulif qui a été le premier à ouvrir le feu de la grande querelle verbale qui a éclaté par la suite, en accusant ouvertement l'opposition «d'incitation à la hausse des prix». Les député du PJD, Abdelaziz Aftati, a cru bon d'enfoncer davantage le clou en accusant presque tout le monde «d'avoir enfermé son parti durant plus de 15 ans». Profitant de la fébrilité de la présidente de la séance, Chourofate Afilal, qui se livrait à cet exercice pour la 1e fois durant cette session, les députés surchauffés ont pu obtenir la levée de la séance et déclencher une réunion d'urgence des présidents des groupes parlementaires avec le président du Parlement, Karim Ghellab. Les excuses présentées par Abdellah Bouanou suite aux propos jugés diffamatoires du député Aftati n'ont pas suffi à calmer les esprits parmi les députés du RNI, qui se sont retirés de la séance. «Nous allons demander l'ouverture d'une enquête sur ce qui s'est passé», a lâché le président du groupe parlementaire du RNI, Chafik Rachadi, avant de quitter le Parlement. La séance a été également marquée par un duel, cette fois à distance, entre l'Istiqlal et le PJD. Mounia Ghoulam, députée du parti de la balance, n'a pas mâché ses mots devant le ministre des Affaires économiques et générales, Mohamed Najib Boulif, en l'accusant de vouloir s'approprier la réforme de la Caisse de compensation. «Le gouvernement parle du ciblage en tant que chose nouvelle, alors qu'on s'attendait à un package de solutions pour la Caisse, qui ne se limite pas à la hausse des prix des hydrocarbures. Une simple simulation permet d'aboutir à un impact de 150 DH par mois pour les revenus», a-t-elle lancé. Le climat tendu de la séance était, il faut le dire, contagieux puisqu'il n'a pas épargné d'autres formations qui n'ont pas digéré les mesures invoquées par Boulif pour contrecarrer la hausse des prix du transport et des produits de grande consommation. Ahmed Zaïdi, président du groupe de l'USFP, a laissé entendre que la décision ne concerne pas la réforme de la Caisse de compensation. «Au sein du parti, nous n'arrivons plus à bien suivre ce qui se passe. Ceux dont le PJD critique la gestion aujourd'hui ont fait partie du gouvernement sortant. Ce qui se passe en fait est que la majorité paie maintenant la fragilité des hypothèses de la loi de finances 2012», a estimé Zaïdi. Le débat sur la Caisse de compensation a été donc très haché, au moment où l'ajournement des prochaines élections jusqu'à 2013 a vraisemblablement contribué à surchauffer les esprits des députés. Et si ce débat a révélé une chose c'est bien que l'hésitation autour des priorités de la réforme de la Caisse est dominante. La multiplication des réunions du gouvernement avec les professionnels du transport a été citée comme une mesure phare pour estomper la spéculation et la sauvegarde du pouvoir d'achat. Dixit «Il faudra initier un vrai débat pour ne pas sombrer dans les accusations mutuelles. Le RNI a toujours été respectueux de l'institution parlementaire et nous avons été meurtris par ce qui s'est passé». Chafik Rachadi, président du groupe du RNI. «Malgré les excuses présentées, la séance n'a pu trouver un cheminement normal. Nous avons demandé à ce que la présidente de la séance assume ses responsabilités ainsi qu'au RNI de se montrer compréhensif et de reprendre les travaux». Mohamed Moubdi, président du groupe du MP. «Les propos dénoncés ont concerné les anciens ministres des Finances qui sont nombreux. L'accord a été convenu de reprendre les travaux et il faudra que l'ensemble des députés assument leur responsabilité pour la reprise normale de leur mission». Noureddine Madiane, président du groupe de l'Istiqlal.