L'avocat ne plaide pas coupable. Mis au ban des accusés par certains militants de son parti et plus précisément par le courant de son adversaire Ahmed Zaïdi, le premier secrétaire de l'USFP, Driss Lachgar, se défend. «Ce n'est pas le premier congrès de l'USFP qui connaît des secousses. L'historique de notre parti en témoigne », déclare-t-il au Soir échos, rappelant qu'à chacun de ses congrès, le parti de la rose a souffert énormément pour s'affirmer d'abord et unir ses rangs, ensuite. Lachgar tient à rafraîchir la mémoire collective des Ittihadis les appelant à se remémorer la phase de la répression politique dont aucun des leaders n'a échappé. L'histoire d'une crise Scission, interdiction et absence de cohésion ont fait obstacle à la volonté d'une union qui peine à se concrétiser depuis des années, justifiant des reports de dernière minute, comme il a été le cas au 8e congrès. «Les Ittihadis ont toujours réussi à mener ce combat en défiant les tentatives d'exclusion. Ce 9e congrès a été le premier à s'ouvrir sur l'opinion publique au cours de toutes ses phases : la préparation, le climat de concurrence et la constitution des structures du parti », précise le Premier secrétaire de l'USFP dont l'élection a suscité des échos défavorables. « Le résultat des élections n'a pas été contesté par les leaders historiques du parti, Habib El Malki et Fathallah Oualalou. Et pourtant, je n'ai ménagé aucun effort pour que chaque étape du congrès se déroule positivement », confie-t-il, évitant de commenter la sortie de son concurrent Ahmed Zaïdi, président du groupe USFP à la Chambre des représentants. Quelques jours après son élection, Zaïdi a déclaré à la presse que des « pressions externes » ont favorisé l'élection de son adversaire. Quant aux deux candidats déchus au premier tour de l'élection au poste de Premier secrétaire, Habib El Malki et Fathallah Oualalou, eux, n'ont fait aucune déclaration. Responsable politique sans plus Lachgar défend sa légitimité et rejette toute accusation impliquant son éventuelle responsabilité dans « des irrégularités » constatées et dénoncées notamment au dernier round du congrès. L'élection des 300 membres de la commission administrative a connu, en effet, des déviations au niveau de la liste générale nationale qui compte 85 membres. Le président du congrès, Abdelouahed Radi, a dû intervenir pour remettre les pendules à l'heure. « Mon action se limite au politique que je suis. Au congrès, je veille à convier le maximum de participants, mais ce qui relève du dispositif technique ne me concerne en rien. C'est la commission administrative qui en assure l'organisation », affirme Lachgar, exprimant son regret de constater qu'après chaque dépouillement de votes, « le résultat est mis en doute » presque automatiquement. « Ma responsabilité m'impose de payer la taxe de la démocratie (...) Malgré l'effort consenti par le report des candidatures au bureau politique après des déclarations de boycott, malgré le discours que j'ai adressé aux Ittihadis les appelant à puiser la force de notre parti de l'union de ses membres, force est de constater que l'action politique cède, parfois, le pas à l'égoïsme », reconnaît le Premier secrétaire de l'USFP. Dommages collatéraux Lachgar est conscient que sa mission ne sera pas des plus faciles. Mais il tient à démentir d'abord toutes les informations ayant fait de lui la raison du départ de certains leaders ou démission de membres élus au bureau politique. « Je n'y suis pour rien dans ces départs dont certains puissent leurs origines de conflits qui remontent à très longtemps. Je vous assure que si une démission est avérée d'un membre du bureau politique, dont Ahmed Réda Chami, je la refuserai », tranche le Premier secrétaire du parti, en quête de remettre de l'ordre au sein de son équipe. « Nous avons tous traversé un marathon, suite auquel nous devons d'abord souffler avant d'entamer nos premiers pas. Nous avons programmé une réunion avec le bureau politique dès la semaine prochaine afin d'évaluer l'état des lieux et décider des démarches à suivre », annonce Lachgar pour qui toute expérience, à l'image d'une médaille, comporte un revers. Le sien sera de réduire la facture des dommages collatéraux.