C'est à Driss Lachgar que les Ittihadis ont confié la direction de leur parti. Le 9e congrès de l'USFP, qui s'est tenu du 14 au 16 décembre à Bouznika, a opposé, au second tour, Driss Lachgar à Ahmed Zaïdi. Les candidats au poste de Premier secrétaire de l'USFP acclamés par les militants ittihadis avant le 1er tour. Cris de joie et salves d'applaudissements. Les alliés de Driss Lachgar ont fêté, dimanche soir à Bouznika, son élection à la tête de l'USFP. Il succède donc à Abdelouahed Radi au poste de Premier secrétaire du parti à l'issue du deuxième tour des élections, à la clôture du 9e congrès national. « C'est une victoire pour l'USFP », lance Lachgar aux congressistes. L'élection avait démarré, hier dans l'après-midi, pour enfin trancher en début de soirée sur cette grande question qui a hanté les esprits des Ittihadis : qui portera le flambeau de la rose ? Avec 848 voix contre 650 pour son adversaire, Ahmed Zaïdi, Driss Lachgar remporte l'élection haut la main. Le premier tour, qui a opposé les quatre candidats à la tête de l'USFP, avait donné raison au duo Zaïdi et Lachgar, dans la matinée du dimanche. Lahbib El Malki et Fathallah Oualalou, pourtant favori, ont été éliminés, malgré les lobbys dont ils disposaient. A la veille du congrès, le maire de Rabat s'était même assuré du soutien de Tarik El Kabbaj qui a publié une lettre d'appui à sa candidature lui garantissant ainsi la voix d'une grande partie des congressistes de Souss-Massa-Draa. Mais ce soutien n'a pas fait pencher la balance du côté de Oualalou. Au premier tour Selon les résultats officiels du premier tour, présentés par le président du congrès, Abdelouahed Radi, 1616 voix sur 1721 congressistes ont participé aux élections. Oualalou n'a récolté que 344 voix, tandis que El Malki n'a eu droit qu'à 258. Lachgar et Zaidi, pour leur part, avaient décroché respectivement 545 et 442 voix, suite à un vote que les quatre candidats ont souhaité ne pas soumettre au mode électronique par crainte de défaillance technique pouvant survenir et remettre en question la viabilité des résultats. C'est à un vote à bulletin secret que l'USFP a donc opté invitant ses congressistes à faire leur choix dans un isoloir après vérification d'identité et enregistrement dans une base de données. Aucun des candidats n'a réussi à s'adjuger la majorité absolue, soit 809 voix. Contacté par « Le Soir échos », après l'annonce des résultats du premier tour, Oualalou a préféré ne pas s'exprimer, alors que Lahbib El Malki est resté injoignable, malgré plusieurs tentatives. Les deux élus, eux, devaient encore s'affronter sur le ring des alliances pour s'assurer de la majorité des voix. Bataille des clans Zaïdi comptait sur son poids régional pour s'imposer. Dans une déclaration au « Soir échos », il s'est dit agréablement surpris par le bon score qu'il a réalisé, malgré le retard que sa campagne a accusé, par rapport aux autres candidats. « J'ai mené ma campagne en un mois par une tournée dans toutes les régions. Ce qui n'était pas évident », confie-t-il, apaisé par la récompense du scrutin. Mais ce n'était que la première manche d'un match très serré qui s'est joué dans les heures suivantes. La bataille des clans Zaïdi et Lachgar a été rude imposant aux deux gagnants du premier tour d'user de leur talent de conviction pour remporter cette phase décisive. Le terrain s'est apprêté aux pronostics dont la boussole a été très instable. L'aiguille pointait tantôt dans la direction de Lachgar, tantôt dans celle de Zaïdi. Les deux candidats pouvaient permettre à l'un ou à l'autre gagnant de s'assurer une avance pour décrocher la première place grâce à une alliance « sacrée » dont dépendra l'avenir de l'USFP. Oualalou et ses alliés, dont Tarik El Kabbaj et Saïd Chebaâtou ont soutenu Zaïdi, fort également de son lobby de parlementaires qu'il préside à la Chambre des représentants. Mohamed Ameur, Ahmed Réda Chami, Hassan Tariq, Mehdi Mezouari sont quelques uns des élus ittihadis venus rallier son rang officiellement à la présentation de sa plate-forme. Lachgar, lui, a forcé l'admiration par sa campagne réussie et sa forte personnalité qui lui a valu la confiance de bon nombre d'Ittihadis. Inéluctable, la bataille des clans a fini par augmenter la température du congrès devenu, l'ultime chance pour l'USFP de reconquérir le terrain perdu. Divergence mais pas scission Si les organisateurs ont choisi pour fond musical la chanson du film «Titanic», c'est, peut-être, pour éviter au bateau de l'USFP un iceberg de plus qui freinerait son avenir. Abdelouahed Radi en a fait le message de ses adieux, vendredi, à l'ouverture du 9e congrès portant sur le thème « Ensemble pour la construction du Maroc de la démo-cratie et de la modernité ». Il a estimé qu'il était temps pour le parti de réunifier ses rangs, rappelant l'importance de sa participation dans les gouvernements précédents, mais également au sein de l'opposition. Dans le même esprit, Mohamed Talbi, le cinquième candidat qui s'est retiré de la course, a également tenu, par la même occasion, à s'exprimer pour appeler les candidats à accepter les résultats des élections et à ne pas en faire l'objet d'un conflit pouvant créer une scission au sein du parti. Une leçon qui s'est appliquée à la lettre, puisque les candidats n'ont pas profité de la compétition pour semer la discorde. « C'est un véritable événement national auquel nous n'avons pas assisté depuis longtemps. Ce 9e congrès s'est déroulé dans une ambiance calme, paisible et consensuelle où le sérieux a primé sur tout», affirme Mohamed Ameur, membre du bureau national de l'USFP, se félicitant de « l'image positive » que dégage le parti. « Une année après la Constitution, le gouvernement n'a pas tenu ses engagements de changement. Nous devons commencer à préparer l'alternative, ce sera le combat de l'USFP », souligne Ameur pour qui le 9e congrès mettra sur pieds le parti de la rose lui permettant de mieux jouer son rôle de l'opposition avec pour unique objectif la mise en œuvre de la Constitution. Un nouveau bureau politique Pour atteindre son objectif, le parti devra rénover ses structures, les dynamiser redonner espoir aux militants anciens et nouveaux. Une commission administrative, qui devait être élu, hier, sera constituée de 300 membres, 150 de la liste régionale et 150 autres de la liste nationale. Sa mission sera de mettre en place un nouveau bureau politique dans une quinzaine de jours. En attendant, la transition vers cette ultime étape sera assurée par l'actuel bureau politique, dont l'un des membres importants, Oualalou, semble préparer son départ. Il ne fera pas partie du prochain bureau politique puisqu'il a décidé de ne pas se présenter à la commission administrative. BIO EXPRESS Parcours du nouveau Premier secrétaire de l'USFP Une affaire pas comme les autres s'ajoute au long parcours de l'avocat, Driss Lachgar. Il devra désormais plaider la cause ittihadie et surtout gagner ce « nouveau procès » en restituant à la rose sa jeunesse et son épanouissement. Né le 25 septembre 1954 à Rabat, Lachgar a obtenu une licence en sciences politiques à l'Université Mohammed V de Rabat, puis son Certificat d'aptitude à la profession d'avocat (CAPA) en 1981. Depuis, il exerce en tant qu'avocat dans le barreau de la capitale. De ses talents d'orateur, Lachgar en a profité pour s'affirmer aussi en homme politique de gauche en ralliant les rangs de l'Union nationale des forces populaires (UNFP), ayant donné naissance, suite à une scission, à l'USFP en 1975. Lachgar se fait alors remarquer à la tête de la jeunesse socialiste, mais aussi en tant que militant au sein de l'Union nationale des étudiants du Maroc (UNEM) de 1972 à 1976. En 1993, il est élu député ittihadi de Rabat, un siège qu'il conservera aux législatives de 1997 et 2002. Mais en 2007, il perd son siège sans pour autant perdre sa confiance. Du 4 janvier 2010 au 3 janvier 2012, il est ministre chargé des Relations avec le Parlement dans le gouvernement de Abbas El Fassi et parvient aux législatives de 2011 de récupérer son siège au Parlement. Membre du bureau politique de l'USFP, il n'a pas hésité à se lancer dans la compétition au poste de premier secrétaire de son parti. Il avait bien raison puisque le succès a couronné sa campagne auprès des militants ittihadis qui ont décidé, au 9e congrès national, de lui confier les commandes d'un USFP en crise. Sa mission aujourd'hui sera de désamorcer cette crise. * Tweet * * VN:F [1.9.21_1169] please wait… Rating: 0.0/5 (0 votes cast) VN:F [1.9.21_1169] Rating: 0 (from 0 votes)