Des avocats formés pour défendre les journalistes. C'est désormais le projet sur lequel travaille l'Association « Adala » en partenariat avec le Centre jordanien de protection et de liberté des journalistes (Center for defending freedom of journalists). Les deux parrains achèvent, aujourd'hui, la formation de 23 avocats exerçant dans différents barreaux au Maroc afin de donner vie à leur ambition : créer une unité d'assistance juridique aux journalistes de la région. Gratuit, ce service devra bientôt être effectif à Rabat grâce à trois des avocats bénéficiaires en attendant sa généralisation graduelle à travers les villes. « Tous les journalistes quel que soit le support pour lequel ils travaillent, papier ou électronique, y auront droit », précise au Soir échos la présidente de « Adala », Jamila Sayouri, soulignant que l'initiative s'inscrit à un long combat que mène l'association pour la liberté de la presse. À l'origine du projet « La loi n'est pas conforme aux normes internationales ni à celles du droit à la liberté des journalistes, y compris les blogeurs. Qu'ils soient accusés ou victimes, ils auront tous droit à l'assistance, aux conseils et aux orientations juridiques. Nous allons instaurer cette entité juridique, dont nous assurerons les frais grâce à notre partenaire jordanien et à au soutien financier de la Grande-Bretagne étalé sur deux ans et demi», explique Jamila Sayouri. Le projet ne concerne pas que le Maroc, mais aussi l'Egypte et la Tunisie, dans le cadre d'un programme élargie lancé au lendemain du Printemps arabe. « Nous avons cru à tort que ce Printemps arabe allait être la période d'une transition où les violations des libertés reculeront. Nous avons même constaté le contraire, les pressions dont la presse fait l'objet se sont accrues. Des tyrans sont partis et d'autres les ont remplacés », regrette le président du centre jordanien, Nidal Hassan Mansour Abdallah. Aux procès iniques et à la liberté censurée, s'ajoute l'ignorance du journaliste abandonné à son propre sort. L'assister devient une urgence. Pour les partenaires, fédérer leurs efforts trouve sa justification dans le respect d'une démocratie qui peine à se concrétiser. À l'écoute Par la voie de cette assistance, c'est aussi l'écoute qu'on offre aux journalistes. « Nous lancerons une ligne pour cela dans notre association. Il y aura toujours un de nos membres pour répondre aux journalistes. Nous comptons également élargir cette écoute par le biais électronique des e-mails, entre autres », assure la présidente de « Adala ». Souvent le journaliste désorienté prend contact avec des avocats connus. Mais, l'expérience de certains d'entre eux montre clairement que la célébrité d'un avocat n'est pas toujours l'équivalent d'efficacité recherchée. Voilà pourquoi les avocats ayant bénéficié de la formation sur la protection juridique des journalistes n'ont pas été choisis d'une manière arbitraire. Après avoir répondu à un appel lancé à travers les barreaux, ils ont rempli les conditions du programme, notamment leur capacité et volonté à défendre les journalistes. C'est une jeune génération d'avocats qui devra naitre grâce à cette unité d'assistance juridique. « Nous espérons que la relève sera assurée après l'installation du premier groupe des trois avocats », souhaite Jamila Sayouri, rappelant qu'une formation a profité aux journalistes, au mois de décembre 2012, leur permettant de travailler sur deux projets : la charte éthique de la profession et le guide des médias. « Ces projets seront bientôt présentés ainsi qu'un mémorandum sur lequel nous avons travaillé et autour duquel nous avons fédéré 28 associations », annonce la présidente de « Adala ».