(Suite de la page Une) … «Une fois le terrain identifié, nous avons négocié avec MedZ qui comptait y développer une zone industrielle et nous les avons convaincus de la consacrer en majeure partie à la logistique avec des parcelles plus petites dédiées aux activités industrielles», détaille Ghellab. D'ailleurs, cette zone industrielle dont la réalisation était confiée à MedZ était intégrée avec le projet de la ville nouvelle de Zenata. Désormais, ce projet résidentiel fera le lien entre Casablanca et Mohammédia et permettra d'héberger les employés de la zone devenue à vocation logistique. Par ailleurs, Ghellab assure que l'entrée et la sortie du site sera fluide pour les transporteurs. La route que nous allons construire entre la zone logistique et le port va être en grande partie gagnée sur la mer. Cela va nous coûter 550 millions de DH environ. Mais cet investissement est nécessaire. En plus, la ligne ferroviaire reliant la zone au port de Casablanca sera également renforcée pour ne pas perturber le trafic ferroviaire. La réalisation de ces projets va être lancée en parallèle aux premiers travaux d'aménagement de la zone. Le chantier engagé actuellement au niveau de Zenata ne concerne que 28 des 200 hectares qui seront aménagés. C'est la part qui sera gérée par la Société Nationale de Transport et de Logistique. Ce pan du projet commencera à être opérationnel à compter de la mi 2011, selon Ghellab. Pour le reste de la surface, le projet est encore en phase d'assainissement du foncier. Ceci dit, le ministre de l'Equipement et des transports a tenu à préciser, «qu'il n'y aura pas d'obligation pour les professionnels de basculer vers les nouvelles zones logistiques». Cela dépendra du bon vouloir de chacun. Cette réponse fait suite à des inquiétudes exprimées par des commerçants casablancais qui craignaient de voir leurs stocks déplacés de force vers les zones logistiques. Du moment que les commerçants ne seront pas contraints de le faire, il faut les convaincre progressivement. C'est là où intervient le rôle crucial de la CGEM. C'est au patronat qu'incombe la lourde tâche de faire comprendre aux entreprises, petites ou moyennes, l'intérêt d'externaliser leurs fonctions logistiques (transport, stockage et services logistiques à valeur ajoutée tels que l'étiquetage ou le conditionnement). «Les entreprises seront progressivement convaincues de l'intérêt de l'externalisation lorsqu'elles verront leurs concurrents qui l'ont fait, plus compétitifs qu'elles», précise Mohamed Talal président de la commission logistique à la CGEM. Chiffre à l'appui, Talal, qui est également le PDG de La Voie Express, plus grand logisticien marocain, assure que le transport d'une palette par le mode traditionnel coûte 200 DH. En externalisant la fonction logistique, ce coût passe immédiatement à 180 DH. L'externalisation permet de réduire sensiblement le coût fixe. En effet, l'opérateur qui opte pour cette solution n'aura pas besoin d'affréter un camion pour une seule palette avec tous les coûts que cela induit. Le groupage lui permet de payer le juste coût de cette expédition. Aussi, l'externalisation permet de remédier aux effets de la saisonnalité qui oblige certaines entreprises à supporter le coût d'entretien de stocks qu'elles n'utilisent que sur une courte période de l'année. Néanmoins, l'externalisation se heurte à la problématique du noir qu'appliquent bon nombre de transporteurs. Même ce frein est surmontable grâce aux plateformes logistiques. Reste à savoir comment sera traitée l'adjudication d'abord des zones logistiques et des parcelles qu'elles contiendront. En effet, pour chaque zone logistique, l'agence nationale dédiée à la réalisation de la stratégie nommera un aménageur. Cela passera par un appel d'offres ou une sélection sur la base d'une «short list». «Car pour plusieurs métiers logistiques, le nombre d'aménageurs potentiels se compte sur les bouts des doigts», note Younes Tazi, directeur Stratégie et développement au ministère de l'Equipement et des transports. C'est avec l'aménageur sélectionné que sera conclu un cahier des charges, qui définira les étapes de réalisation de la zone en question. Arrive ensuite l'étape des appels à manifestation d'intérêt et appels d'offres pour l'adjudication des parcelles de chaque zone. Pour ce qui est de l'investissement prévu qui se chiffre pour rappel à 60 milliards de DH, Ghellab affirme que l'Etat est appelé à débourser près du tiers de ce montant dans le cadre des opérations d'aménagement, des travaux hors-site et d'installation des réseaux vitaux. Une partie de cet investissement sera rentabilisée par le biais des revenus de location des parcelles adjugées dans les zones logistiques. Le reste de la somme prévue dans le cadre de la stratégie correspond aux investissements privés qui seront déboursés une fois que l'ensemble des 32 zones prévues à l'horizon 2015 seront opérationnelles. Durant la rencontre avec la presse mercredi, plusieurs journalistes et observateurs ont estimé que l'objectif fixé à l'horizon 2015 aussi bien au niveau du nombre de zones logistiques, que des personnes à former est trop ambitieux. Mais Ghellab a tenu à préciser que c'est réalisable. «De toutes façons, nous n'avons pas d'autres choix que de réussir», lance-t-il. Rendez-vous en 2015 !