* La démarche entreprise par MEDZ vise à accompagner le gouvernement dans la création d'une offre Maroc intégrée dans les secteurs ciblés. * MEDZ va plus loin en incubant les premières entreprises dans certains secteurs comme la nanotechnologie ou la microélectronique. * Mohamed Ali Ghannam, Président du Directoire de MEDZ, souligne que la filiale de la CDG opère en tant qu'acteur privé de développement. - Finances News Hebdo : Comment se positionne aujourd'hui MEDZ sur la scène économique marocaine ? - Mohamed Ali Ghannam : MEDZ est un développeur et incubateur qui accompagne les stratégies sectorielles du gouvernement pour les traduire, de manière concrète, sur le terrain. À chaque fois qu'un secteur est doté d'une stratégie, l'offshoring par exemple, il faut lui donner une réalité sur le terrain. Pour cela, nous avons élaboré avec le gouvernement l'offre Maroc qui consiste à créer un environnement favorable doté d'infrastructures pour accueillir les opérateurs qui voulaient outsourcer leurs technologies de l'information ou leurs activités métiers telles que les opérations bancaires, les opérations d'assurance, la comptabilité, la paie, etc. Tout en dotant cet espace de télécoms compétitives, de services et de ressources humaines formées. Sans oublier les avantages, notamment financiers et fiscaux, qu'apporte le gouvernement aux investisseurs. Par la suite, nos équipes dédiées vont promouvoir cette offre et attirer des investisseurs. En bref, nous sommes des développeurs de pôles de compétitivité régionaux, mais également des incubateurs. En effet, dans certains pôles technologiques nous essayons d'aller plus loin et d'incuber les premières entreprises, notamment à Technopolis à Rabat où nous avons initié la création d'une composante technologique avec le Centre de Développement des Nanotechnologies, de la Microélectronique et de la Biotechnologie. De même, dans le domaine de la microélectronique, nous avons créé une entreprise de pointe avec des investisseurs américains qui fabriquent des micro-caméras destinées aux secteurs de la téléphonie mobile, du médical et de l'automobile. L'objectif étant de créer un pôle de compétitivité dans ces différentes composantes industrielles et de services, avec sa partie formation et sa partie recherche, et incuber les premières entreprises pour lancer le secteur. - F. N. H. : Si l'on doit revenir en arrière et analyser l'évolution de l'offre marocaine, d'après vous, quelle a été la valeur ajoutée de la structuration de cette offre à travers des plans de développement sectoriels ? Et dans quelle mesure cela a-t-il permis une arrivée plus importante d'investissements dans certains nouveaux secteurs ? - M. A. G. : On revient de loin ! En effet, dans la période d'ajustement structurel, les recommandations des instances monétaires internationales, la Banque mondiale et le Fonds Monétaire International notamment, disaient qu'un pays devrait être compétitif d'une façon transversale. Il fallait donc essayer d'avoir une fiscalité la plus compétitive, des financements adéquats, des zones industrielles d'une façon généraliste. Et laisser ensuite l'investisseur choisir de son propre chef par rapport à son secteur et ses besoins. Je pense que c'est une approche qui a montré ses limites parce que le Maroc ne pouvait pas aller chercher des industriels dans tous les secteurs. Il fallait donc cibler les secteurs à forte valeur ajoutée et sur lesquels il fallait se concentrer et auxquels le Maroc pouvait apporter, en termes d'avantages, de ressources qualifiées et de logistique dédiée. Avec une nouveauté, celle d'impliquer les gestionnaires de ces pôles dans le recrutement des investisseurs aussi bien nationaux qu'internationaux. - F. N. H. : Justement, en parlant de financement, peut-on avoir une idée de l'assise financière dont dispose MEDZ pour réaliser ses projets ? - M. A. G. : MEDZ est une filiale de CDG Développement qu'il l'a dotée en fonds propres nécessaires à ses investissements et puis pour chaque projet nous complétons son financement par de la dette levée sur le marché financier . Par exemple, pour le projet de Casashore, nous avons levé 3,4 milliards de DH pour tout le projet en apportant les fonds propres nécessaires et le business plan qui rassurent les banques avec des garanties classiques. Nous sommes donc un opérateur privé qui équilibre entre ses fonds propres et la dette. Notre total bilan est aux alentours de 2,5 milliards de DH avec des fonds propres de plus de 500 millions de DH que nous sommes en train de renforcer pour faire face à notre développement. - F. N. H. : Le lancement de la commercialisation survient dans un contexte économique délicat, puisque le monde entier a souffert de la crise économique et financière. Cela rassure, mais on se demande si cette crise ne vous a pas affecté ? - M. A. G. : Des secteurs nationaux comme la chimie ou la parachimie n'ont pas vraiment connu la crise et les grands investisseurs nationaux continuent de se développer progressivement, dont une partie sur Jorf Lasfar. Par rapport à l'international, je pense que la crise a accéléré la réflexion de certains opérateurs internationaux et leur décision de délocaliser certaines de leurs activités. Certains secteurs ont dû revoir en effet leur compétitivité et se sont vus dans l'obligation de se développer en dehors de l'Europe. C'est une opportunité importante pour le Maroc, pourvu que nous soyons prêts à les accueillir rapidement. C'est le cas de l'aéronautique, de l'offshoring et tel que nous l'avons senti, certains groupes qui hésitaient en début d'année, se sont résignés à conclure des contrats en cette fin d'année. Dans le secteur de l'Offshoring, nous avons signé avec plusieurs grands noms du secteur, cette fin d'année, pour leur installation à Casanearshore et à Technopolis. Donc, nous constatons que des décisions viennent parce que les Européens ont compris que le développement sur certains créneaux ne peut se faire qu'à travers un développement sur les pays de proximité qui offrent de meilleures conditions de compétitivité. - F. N. H. : Vous accompagnez les politiques sectorielles, notamment en ce qui concerne le développement durable et la production d'énergies propres. Vous vous êtes ainsi lancé dans une expérience inédite à Oujda. Peut-on avoir un peu plus de détails sur ce projet ? - M. A. G. : Le projet d'Oujda est l'un de nos pôles de compétitivité qui a été dédié à l'industrialisation des composantes de production des énergies renouvelables. Et là aussi, nous avons entrepris la même démarche avec le gouvernement en élaborant l'offre Maroc sur ce secteur. Et les grands investissements sur le solaire ou l'éolien qui vont arriver, comme annoncé, seront corrélés à la partie industrielle pour laquelle les pouvoirs publics ont élaboré une offre financière, une offre fiscale, une ressource humaine formée et un centre de recherche et développement qui sera mis en place. Tout cela dans la même démarche intégrée en vue d'en faire un pôle de compétitivité. Et je crois que le Maroc a tous les atouts pour être parmi les premiers sur ce marché qui va se développer de façon importante durant les prochaines années.