Plus de 100 journalistes ont déjà été tués cette année, le plus grand chiffre jamais enregistré par l'Institut international de la Presse (IPI) depuis qu'il recense le nombre de journaliste morts et ce depuis 1997. Dans toutes les régions du monde, que ce soit en Afrique, en Asie, en Europe, au Moyen-Orient ou en Amérique [...] Michael Spindelegger (à droite), vice-chancelier fédéral et Alison Bethel Mckenzie à gauche), directrice de l'Institut international de la Presse (IPI) à Vienne lors de la cérémonie de remise des prix, le 14 juin 2011. Plus de 100 journalistes ont déjà été tués cette année, le plus grand chiffre jamais enregistré par l'Institut international de la Presse (IPI) depuis qu'il recense le nombre de journaliste morts et ce depuis 1997. Dans toutes les régions du monde, que ce soit en Afrique, en Asie, en Europe, au Moyen-Orient ou en Amérique latine, les journalistes continuent d'être systématiquement et brutalement pris pour cible à cause de leur travail. Certains sont pris entre deux feux lors de reportages en zone de conflit mais la plupart d'entre eux constitue une cible pour des groupes criminels ou pour des individus isolés qui veulent empêcher que des informations sortent, que des faits de corruption ou d'autres crimes soient exposés au grand jour et que des avis critiques soient émis. Dans de nombreux pays, des journalistes voient la mort en face tous les jours. Pour eux, recevoir des menaces fait partie de leur quotidien. Ils sont tués pour avoir raconté une histoire mais aussi, parfois, parce qu'ils n'ont pas diffusé des informations. Les attaques contre les journalistes ne se limitent pas aux meurtres. Cette année, de nombreux journalistes ont aussi été brutalement battus ou gravement blessés par des armes à feu et des explosifs. Il y a tout juste quelques semaines, un journaliste radio bolivien a été aspergé d'essence et brûlé vif alors qu'il était en studio pour son émission. Bien trop souvent, les familles des reporters sont elles aussi prises dans cette spirale de la violence. L'impunité largement présente qui couvre ce type d'attaques contre des journalistes est très problématique et constitue l'un des plus grands obstacles dans le combat pour l'amélioration de leur sécurité. Les journalistes jouent un rôle particulier dans la société car ils fournissent des informations d'intérêt public. Préserver ce rôle important relève de l'intérêt de la société toute entière. Les conséquences des attaques perpétrées contre les journalistes sont claires : l'opinion publique est privée d'informations cruciales, le droit à l'information est bafoué et les journalistes ont beaucoup de mal à préserver leur indépendance si vitale pour leur crédibilité professionnelle. Le nombre croissant de journalistes tués de par le monde a conduit de manière urgente à lancer un appel à l'action. L'an passé, des jalons ont pu être posés à l'international, ils donneront une nouvelle impulsion à la lutte contre la violence et l'impunité. Pour la première fois dans l'histoire, le Conseil des droits de l'Homme des Nations Unies a adopté en septembre une résolution sur la sécurité des journalistes. La nouvelle résolution, qui fait suite à une initiative de l'Autriche comme promis lors de son élection au Conseil des droits de l'Homme en 2011, constitue une avancée significative en faveur de la promotion de la sécurité des journalistes. Portée en coopération avec un groupe soudé de pays issus de différentes régions du monde comprenant le Brésil, le Maroc, la Tunisie et la Suisse, avec la contribution de l'IPI et avec d'autres organisations qui s'engagent pour la liberté de la presse, cette résolution est un message politique clair en faveur de la condamnation de toutes les formes d'attaques contre les journalistes. Elle appelle les Etats à prendre des mesures effectives contre l'impunité et à faire en sorte que les coupables soient traduits devant la justice. La résolution souligne aussi pour la première fois la responsabilité des gouvernements de garantir la sécurité des journalistes non seulement dans des situations de conflit, mais partout et tout le temps. Il ne faut pas oublier une chose : la plupart des journalistes tués et blessés sont pris pour cible hors des zones de conflit. Le fait que la résolution ait été soutenue par 66 pays au Conseil des droits de l'Homme et adoptée par consensus, lui confère encore plus de poids en terme d'engagement pour la protection des journalistes à l'avenir. Parallèlement au Conseil des droits de l'Homme des Nations Unies, l'Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture (UNESCO) a aussi encouragé des discussions et des actions en rapport avec le besoin de renforcer les instruments internationaux pour la protection des journalistes. Ces initiatives ont abouti au Plan d'action des Nations Unies sur la protection des journalistes qui a été adopté en avril par le Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination. Ces derniers jours, ces délibérations se sont poursuivies à Vienne. Sur l'invitation de l'Autriche, des représentants des agences de l'ONU, des fonds et des programmes, des organisations internationales, d'Etats membres, d'associations professionnelles se sont réunis dans le cadre d'une réunion de suivi dédiée à la mise en œuvre du plan d'action de l'ONU. L'objectif de la rencontre était de garantir que ce plan d'action se traduise dans les faits par des mesures concrètes qui aideront à endiguer la violence contre les journalistes. Des représentants des médias du monde entier ont activement été impliqués pour la mise en œuvre. Lors d'une rencontre ayant eu lieu il y a quelques semaines à Londres, des rédacteurs et des journalistes ont publié une prise de position dans laquelle ils saluent le plan d'action de l'ONU et demandent à d'autres organes nationaux et internationaux importants de travailler de manière effective à la mise en œuvre de ce plan d'action. En outre, la communauté médiatique internationale a été appelée à observer continuellement d'un œil critique les mesures de leurs gouvernements, de leurs autorités judiciaires et d'autres institutions visant à mettre en œuvre ce plan d'action et à faire cesser l'impunité. En 2012, beaucoup a été fait pour garantir à l'avenir une meilleure protection des journalistes. Il appartient désormais aux organisations des Nations Unies, à la société civile, aux professionnels des médias et, le plus important, aux nombreux Etats qui ont apporté leur soutien à la résolution du Conseil des droits de l'Homme des Nations Unies de prouver de manière active leur engagement envers cette question importante. L'Autriche et l'IPI sont disposés à poursuivre leur travail commun pour faire connaître et promouvoir les mécanismes de protection des journalistes qui existent désormais. L'IPI continuera à apporter son soutien aux journalistes qui travaillent dans un environnement dangereux, à exiger que justice soit faite lorsqu'ils sont attaqués et à réclamer que les Etats prennent leur responsabilité pour la sécurité des journalistes. (Michael Spindelegger, Vice-chancelier fédéral et Ministre des Affaires européennes et internationales de la République d'Autriche & Alison Bethel Mckenzie, Directrice, de l'Institut international de la Presse (IPI) à Vienn) * Tweet * *