La Syrie a refusé une demande de l'Algérie concernant la libération de militaires algériens et de combattants du Polisario, capturés lors de la chute du régime de Bachar al-Assad. Cette affaire révèle des liens anciens entre Alger et Damas, ainsi que l'implication discrète mais active de l'Algérie dans le conflit syrien. La radio française Monte Carlo Doualiya, citant son correspondant à Damas, rapporte que le président syrien Ahmed Al-Sharaa a refusé la demande du ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, concernant la libération de militaires algériens et de miliciens du Polisario. Le chef de la diplomatie algérienne s'était rendu en Syrie trois jours plus tôt pour rencontrer le nouveau président, mais cette visite a été accueillie avec indifférence par les médias officiels syriens, contrairement à celles d'autres responsables étrangers. La radio française a confirmé que ces détenus combattaient aux côtés des forces de Bachar al-Assad autour d'Alep, avant d'être capturés par Hayat Tahrir al-Cham (HTC) lors de son offensive de fin novembre, qui a précipité la chute du régime syrien. L'armée algérienne a toujours affiché sa doctrine consistant à ne jamais intervenir en dehors de ses frontières. L'Algérien Ahmed Attaf en Syrie pour défendre le Polisario et ses prisonniers Toujours d'après la même source, Al-Sharaa a informé le ministre algérien que des officiers algériens, ainsi qu'environ 500 soldats algériens et combattants du Polisario, seraient jugés aux côtés des forces d'Assad capturées. Il a assuré que tous seraient traités selon les règles internationales relatives aux prisonniers de guerre. Cette fin de non recevoir avait provoqué un malaise perceptible lors des déclarations du ministre algérien, révélant les tensions dans les relations entre Alger et Damas. وزير الخارجية الجزائري أحمد عطاف: نؤكد دعمنا ل #سوريا في المجالات كافة#الحدث #قناة_الحدث pic.twitter.com/vOoed0isYJ — ا لحدث (@AlHadath) February 8, 2025 La chute soudaine du régime d'Assad n'a pas permis à l'Algérie d'évacuer ses soldats de Syrie, contrairement à d'autres alliés du régime déchu, comme l'Iran, le Hezbollah et certaines milices chiites irakiennes. Un soutien algérien discret mais ancien En se rendant chez les anciens «terroristes», selon le qualificatif algérien, Ahmed Attaf cherchait égalemment à convaincre les nouvelles autorités syriennes de maintenir la reconnaissance de la «République arabe sahraouie démocratique (RASD)», actée par l'ancien régime de Hafez Al-Assad en 1980. Alger redoute désormais la répétition du scénario libyen. En effet, au lendemain de la chute de Kadhafi en septembre 2011, l'opposition qui a pris les commandes du pays avait rompu les relations avec le Polisario. Et pour cause, le mouvement séparatiste avait envoyé ses miliciens combattre aux côtés des forces du «guide» libyen. Or après la prise de Damas, des documents confidentiels ont révélé que des combattants du Polisario avaient rejoint les forces d'Assad dès 2011. Un document des renseignements syriens indique qu'en 2012, le Polisario avait proposé son aide militaire à Damas pour contrer l'avancée de l'opposition, une offre qui aurait été négociée via le ministère algérien de la Défense. L'Algérie a été l'un des rares pays arabes à soutenir Bachar al-Assad dès le début du soulèvement du peuple syrien, s'opposant notamment à l'exclusion de la Syrie de la Ligue arabe en 2011. En 2016, le ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, avait effectué une visite officielle à Damas, suivie d'échanges réguliers entre les deux pays. En avril 2023, le président algérien Abdelmadjid Tebboune avait reçu l'ex-chef de la diplomatie syrienne, Faisal Mekdad, porteur d'un message de Bachar al-Assad. En novembre de la même année, ce dernier avait comparé son combat contre l'opposition armée à la guerre civile algérienne des années 1990, illustrant ainsi l'alignement des deux régimes. Article modifié le 11/02/2025 à 22h05