Ahmed Attaf a-t-il convaincu les nouvelles autorités syriennes de maintenir les liens avec le Polisario ? A en juger par l'accueil froid réservé au chef de la diplomatie algérienne à Damas, cet objectif parait difficile à atteindre. Quatre jours après le message de félicitations adressé par le roi Mohammed VI au président syrien de transition, Ahmed Al-Charaa, le président algérien a envoyé à Damas son ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf. Une visite chez le nouveau maître de la Syrie que l'Algérie considérait, il y a à peine trois mois, comme un terroriste. Selon un communiqué de la diplomatie algérienne, la rencontre entre Al-Charaa et Attaf «a permis aux deux parties d'examiner les perspectives de renforcement des relations de fraternité, de solidarité et de coopération entre les deux pays et peuples frères, à la lumière des liens historiques enracinés qui les unissent». «L'Algérie est disposée à contribuer, tant au niveau bilatéral qu'en sa qualité de membre arabe du Conseil de sécurité des Nations unies, à soutenir et à accompagner les démarches visant à rassembler le peuple syrien autour d'un projet national fédérateur permettant de reconstruire les institutions de l'Etat et garantissant la sécurité, la stabilité, le développement et la prospérité.» وزير الخارجية الجزائري أحمد عطاف: نؤكد دعمنا ل #سوريا في المجالات كافة#الحدث #قناة_الحدث pic.twitter.com/vOoed0isYJ — ا لحدث (@AlHadath) February 8, 2025 Du côté syrien, le déplacement du chef de la diplomatie algérienne a été traité avec une certaine indifférence par les médias officiels. «Le président Al-Charaa et le ministre Al-Shaibani ont reçu une délégation algérienne de haut niveau conduite par Ahmed Attaf, ministre d'Etat et ministre des Affaires étrangères», rapporte ce samedi l'agence de presse syrienne SABA. Un petit texte accompagné de trois photos. Eviter le scénario libyen Le ministère syrien des Affaires étrangères n'a guère fait mieux. La visite d'Attaf a eu droit à un bref communiqué et quatre photos sur la plateforme X. En revanche, aucun traitement de l'arrivée du chef de la diplomatie algérienne sur le site web du ministère syrien et sa page Facebook. Ce traitement contraste avec celui réservé à l'échange téléphonique avec Nasser Bourita. En se rendant chez les anciens «terroristes», selon le qualificatif algérien, Ahmed Attaf cherchait surtout à convaincre les nouvelles autorités syriennes de maintenir la reconnaissance par la Syrie de la «République arabe sahraouie démocratique (RASD)», actée par l'ancien régime de Hafez Al-Assad en 1980. Alger redoute la répétition du scénario libyen. En effet, au lendemain de la chute de Kadhafi en septembre 2011, l'opposition qui a pris les commandes du pays avait rompu les relations avec le Polisario. Et pour cause, le mouvement séparatiste avait envoyé ses miliciens combattre aux côtés des forces du «guide» libyen. Un scénario similaire selon toute vraisemblance. Le dossier des miliciens du Polisario emprisonnés par les nouveaux maîtres de Damas fait partie des priorités du chef de la diplomatie algérienne. Comme Yabiladi l'a déjà annoncé, le Polisario, avec la bénédiction de l'Algérie, a envoyé des combattants soutenir le régime de Bachar Al-Assad contre les «groupes terroristes», au pouvoir actuellement à Damas.