La sécurité et la protection des journalistes sont indispensables à l'exercice de la liberté de la presse et constituent des vecteurs essentiels pour garantir le droit à l'information, un des composants principaux des droits de l'Homme, ont affirmé des professionnels des médias. En Afrique, la région la plus meurtrière dans le monde pour les journalistes, ces derniers sont la cible de violations systématiques, flagrantes et généralisées du droit international humanitaire et des droits de l'Homme notamment dans les zones de conflit armé, ce qui appelle à une action concrète et immédiate des pays africains pour garantir la protection des professionnels des médias, ont-ils souligné dans des déclarations à la MAP en marge de l'atelier sur la protection et la sécurité des journalistes, qui a clos ses travaux vendredi à Addis-Abeba. Pour le président de la Fédération Africaine des Journalistes (FAJ), Omar Faruk Osman, la sécurité et la protection des journalistes sont des exigences démocratiques universelles essentielles à la défense des droits de tous les citoyens à des informations fiables. Résolution L'adoption, lors de cet atelier, d'un projet de résolution sur la sécurité et la protection des journalistes, qui sera soumis à la Commission de l'Union africaine (CUA), constitue un pas “ important” dans la consécration de la liberté d'expression et de la presse et un “mécanisme juridique dont la mise en œuvre permettra aux professionnels des médias en Afrique de s'acquitter convenablement de la mission qui leur est dévolue”. M. Farouk Osman, qui a rappelé que la FAJ a été créée en 2006 au Maroc, a, par ailleurs, annoncé la tenue les 25 et 26 septembre courant à Tanger de la Conférence des leaders des syndicats africains de journalistes, qui devra débattre des résultats de cet atelier et mettre sur pied un plan d'action et une feuille de route de l'action des syndicats africains des journalistes. Cette rencontre, intervient après le congrès de la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) à Cadis et le 2ème congrès de la FAJ en mars dernier à Harare (Zimbabwe). Démocratie et droit à l'information De son côté, le président du Syndicat national de la Presse Marocaine (SNPM), Younès Moujahid a estimé que les actes de violences à l'encontre des journalistes constitue une atteinte “ ouverte “ et “ sans équivoque “ à la démocratie et au droit à l'information de l'ensemble des citoyens. Pour le président du SNPM, la protection des journalistes est essentielle à la défense du droit de tous les citoyens à des informations fiables et du droit des journalistes à les publier sans crainte pour leur sécurité, ajoutant que l'Etat et la société “doivent créer et entretenir les conditions nécessaires” pour que ces droits fondamentaux soient exercés par tous. Il a, en outre, déploré les assassinats et les enlèvements de journalistes africains notamment dans les zones de conflits notamment en Somalie, RDCongo et Ouganda, appelant les pays africains à assumer leurs responsabilités en assurant une protection effective aux journalistes et aux hommes des médias. Revenant sur l'atelier d'Addis-Abeba, M. Moujahid a souligné qu'il revêt une importance cruciale dans l'agenda de la Fédération africaine des Journalistes (FAJ) notamment dans son plaidoyer pour la sécurité des journalistes en Afrique. “ Cet atelier intervient suite aux nombreuses recommandations présentées par la FAJ ou celles du SNPM débattues lors du congrès de la FIJ à Cadis portant sur les questions de la protection et de la sécurité des journalistes et la nécessité d'une intervention africaine et internationale pour endosser la responsabilité de protéger les professionnels des médias aux différentes parties concernées par cette mission”, a-t-il indiqué. Abondant dans le même sens, le Secrétaire général du syndicat des journalistes de la République Démocratique du Congo, Stanis Nkundiye a qualifié de “ très difficile “la situation dans laquelle pâtissent les journalistes africains, appelant les Etats et les groupements politiques et sociaux à engager “un combat contre l'impunité”. “L'Afrique doit défendre la liberté de la presse et d'opinion, qui sont des valeurs universelles à respecter”, a-t-il insisté, soulignant que le projet de résolution soumis à la CUA est de nature à contribuer à la promotion de la liberté d'expression et de la presse et à la protection des journalistes dans les zones de guerre. Impunité Pour sa part, Zied El Heni, membre du Conseil de la FAJ a fustigé les attaques contre les journalistes en Afrique, se disant préoccuper par l'impunité avec laquelle ces attaques gratuites contre les média sont traitées. Il a souligné que le projet de résolution sur la protection et la sécurité des journalistes en Afrique est une “étape importante “pour garantir les droits et libertés des journalistes. “Cette résolution attire l'attention sur l'urgence d'une plus grande sécurité des journalistes dans les conflits armés et la fin de l'impunité par rapport aux assassinat, agressions et violations contre les professionnels des médias en Afrique”, a-t-il poursuivi. Il a appelé, à ce propos, à la mise en œuvre par les pays africains des dispositions de cette résolution une fois adoptée par l'UA, plaidant pour une grande solidarité entre les journalistes africains autour de la noble mission dont ils sont investis. Rédigé lors de l'atelier sur la sécurité et la protection des journalistes tenu les 2 et 3 septembre à Addis-Abeba, le projet de résolution sur la sécurité et la protection des journalistes africains a été présenté à la Commission de l'Union africaine (CUA) pour le soumettre au Sommet des Chefs d'Etat africains prévu en janvier prochain dans la capitale éthiopienne. (*MAP)