Bichara Khader, professeur palestinien et spécialiste des relations euro-arabes, a donné mercredi une conférence sur le rôle joué par l'Europe dans le conflit israélo-palestinien. Bichara Khader lors de la conférence qu'il a animée mercredi à Rabat. Le professeur Bichara Khader, spécialiste des relations euro-arabes et directeur du centre d'études et de recherche sur le Monde arabe Contemporain à l'Université Catholique de Louvain, a donné mercredi une conférence à la Faculté des sciences Juridiques à Rabat. Initialement prévue sous le thème des relations euro-arabes, la conférence a été « actualisée » par le conférencier. L'expert en relations euro-arabes a préféré recentrer le sujet sur la responsabilité européenne dans l'évolution du conflit israélo-palestinien. Une responsabilité historique « Le conflit israélo-palestinien ne date pas de 1948, mais de la naissance du projet sioniste vers la fin du 19e siècle », explique Bichara Khader qui qualifie la montée de la judéophobie en Europe, et plus particulièrement l'affaire Dreyfus, de « début de la tragédie ». Khader Bichara énumère les événements historiques qui ont marqué cette « responsabilité européenne », de l'affaire Dreyfus à l'élection du Hamas et au blocus sur Gaza, en passant par la Déclaration de Balfour et la complicité britannique du projet sioniste au début du siècle dernier. La responsabilité européenne réside dans « sa complicité et sa complaisance avec le projet sioniste. Non seulement les Européens ont massacré les juifs mais, pour se décharger de ce sentiment de culpabilité, ils demandent aux Arabes, et plus particulièrement aux Palestiniens, de payer les pots cassés », conclut Bichara Khader. Il dénonce la contradiction entre le discours et les actions des gouvernements européens. Selon Bichara Khader, l'Europe est mieux avancée que les Etats-Unis pour ce qui est de ses « positions rhétoriques » puisqu'elle « dénonce » les violations du droit international faites par Israël. « Toutefois, ces dénonciations s'accompagnent d'un approfondissement des relations avec Israël », indique-t-il. « Que l'Europe n'ait rien fait pour empêcher la purification ethnique, l'exil des Palestiniens et la destruction de leurs villages va demeurer une tâche noire dans l'Histoire européenne », ajoute le professeur. Il nuance tout de même en indiquant qu'il fait référence aux gouvernements et non à l'opinion publique qui « semble de plus en plus alertée et indignée du sort des Palestiniens ». La question palestinienne et le printemps arabe Bichara Khader vient de publier un ouvrage sur les événements qui ont secoué le monde arabe durant ces deux dernières années, intitulé « Le printemps arabe : un premier bilan ». À ce sujet, le conférencier indique que « si le printemps arabe débouche sur des Etats démocratiques, ce qui n'est pas encore le cas, cela peut être un facteur favorable à la question palestinienne. Déjà, les dirigeants ne peuvent plus passer au-dessus du sentiment populaire ». Khader Bichara mentionne le cas du président égyptien Mohamed Morsi ainsi que les visites de nombreux chefs de diplomatie arabes à Gaza cette semaine, ce qui n'était pas le cas lors de la précédente attaque en 2008. Concluant son intervention devant un parterre d'étudiants de la Faculté des sciences juridiques, économiques et Sociales de l'Université Mohammed V, Bichara Khader a encouragé ces derniers à s'informer davantage sur le conflit afin de mieux servir et défendre la cause palestinienne. « Votre solidarité avec le peuple palestinien ne doit pas être uniquement émotive et passionnée. Mais elle doit être basée sur des connaissances des données et de l'Histoire. Plus on est informé, plus on est convaincant », a-t-il déclaré. * Tweet * *