Avec le récent licenciement de François Bracci, désormais ex-coach de l'OCK, le nombre d'entraîneurs ayant été remerciés est de neuf. Sept équipes seulement ont réitéré leur confiance en leurs techniciens, en cette mi-saison de la Botola Pro. En cette période de l'Âchoura, il y a des enfants qui allument leurs pétards, mais aussi des clubs qui font sauter des fusibles. Les spécialistes ont beau décrier le phénomène et les retombées négatives qu'il peut avoir sur le parcours d'une équipe, cela ne change rien ! Le premier bouc émissaire fut Benito Floro, licencié au tout début de la saison. Depuis, huit autres noms ont rejoint la liste des sacrifiés, dont le dernier fut François Bracci, coach de l'OCK. Le bureau directoire du club khouribgi s'est réuni pendant trois heures, lundi et n'a pu trouver un échappatoire à l'énorme pression exercée par le public. Cela nous renvoie aux raisons qui catapultent ces entraîneurs de postes qu'ils n'ont occupés – parfois- que pendant quelques semaines. Le premier motif de limogeage reste les résultats insatisfaisants, puisque ces derniers ont eu raison de Benito Floro (ex-WAC), Hicham Idrissi (ex-CRA), Mustapha El Haddaoui (ex-WAF) et François Bracci. Les autres cas ont été le fruit de complications plus ou moins singulières, comme le conflit de Aziz Khiyati avec un joueur du RSB, ou les menaces adressées à Abderrahim Talib à Meknès. Les raisons divergent, mais le constat demeure le même : cette valse « n'est favorable à aucune des parties (joueurs, clubs et entraîneurs) et témoigne de l'ingratitude dont souffrent les techniciens du championnat», comme nous avait déclaré Abderrahim Talib, le lendemain de son départ du CODM. La Botola Pro a toujours eu ce don de surprendre ses fervents adeptes. Les clubs marocains ont des ressources inépuisées, lorsqu'il s'agit d'initier de nouvelles méthodes qui subjuguent tout un chacun. Dans ce sens, l'exemple du Raja Benimellal ne peut être contourné, puisque les dirigeants du nouveau promu ont limogé Abderrazak Khaïri, alors que ce dernier était en Arabie Saoudite pour effectuer son pèlerinage. Khaïri éjecté à son insu À son retour, Khaïri fut sidéré par un nouveau contrat unissant le RBM à Fakhreddine Rejhi, contrat qui le mettait à la porte par la même occasion. Outré, il s'est contenté de protester auprès de ses anciens dirigeants, rappelant qu'une résiliation unilatérale du contrat est interdite selon les dispositions du professionnalisme de la Botola. Le record du licenciement le plus rapide, détenu il y a un mois encore par Hicham El Idrissi (4 mois au Chabab Rif Houceimi), est passé à Mustapha El Haddaoui. L'avant dernière place du Wydad de Fès en championnat a accéléré le départ de son ex-coach et manager général, qui a été engagé en septembre. Les supporters, indignés par la médiocrité des résultats, ont finalement obtenu le scalpe de l'ex-international marocain. Charles Roessli, qui tenait les rênes du club la saison dernière, s'est vite emparé du fauteuil d'El Haddaoui. Le Suisse avait lui même ingurgité le goût amer du licenciement, à cause de frictions avec le Président Abderrazak Sebti, en fin de saison 2011/2012. Le malheur des uns fait le bonheur des autres Un autre phénomène se développe parallèlement à cette valse des entraîneurs. À l'image du parlement marocain et des transhumances qui le rongeaient, la Botola connaît une tendance similaire, avec des coachs qui changent de camps comme de chemises. À commencer par Youssef Lmrini, qui a quitté le navire du KAC pour le CODM. Après avoir assuré les deux fonctions durant quelques jours, Lmrini a finalement signé pour le club de Mèknes, suite à une permission de la fédération de résilier son contrat avec les « chevaliers du Sebou » (faute d'impayés). Même son de cloche du côté de la Renaissance de Berkane, qui a engagé Abderrahim Talib au lendemain de sa séparation avec le CODM. Enfin, et selon les derniers échos, c'est Aziz Khiyati qui est pressenti pour succéder à François Bracci à la tête de l'OCK. À ce rythme, ces migrations massives d'entraîneurs feront des techniciens marocains «des vautours» se nourrissant essentiellement des malheurs de leurs semblables. L'expulsion des entraîneurs est un moyen de remédier à de piètres résultats ou à un conflit avec l'une des composantes du club. Mais, c'est aussi le facteur le plus déstabilisant que puisse connaître une équipe. La fonction de tout technicien est d'assurer un travail de fond, structurel et souvent à moyen ou long terme. Si, à la première occasion, nos coachs sont « dégagés » comme le fait le portier avec le ballon, la Botola ressemblera davantage à une immense brocante. * Tweet * *