Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Les manifestations qui ont lieu en Jordanie sont du pain bénit pour l'Etat hébreu qui aurait tout intérêt à voir dégénérer la situation à Amman. Alors que la chute du régime de Damas (qui pourrait tomber entre les mains des islamistes réputés proches de Téhéran) n'arrange [...] Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Les manifestations qui ont lieu en Jordanie sont du pain bénit pour l'Etat hébreu qui aurait tout intérêt à voir dégénérer la situation à Amman. Alors que la chute du régime de Damas (qui pourrait tomber entre les mains des islamistes réputés proches de Téhéran) n'arrange ni Israël ni ses alliés arabes et américains, les contestations en Jordanie, si elles déstabilisaient le roi Abdallah, ouvriraient la voie vers une expulsion des Palestiniens de Gaza et la proclamation de la Jordanie comme Etat palestinien selon un vieux plan israélien. Ce scénario, qui suppose l'accord tacite et acquis des Etats-Unis et des monarchies du Golfe, viendrait consacrer la victoire totale des Israéliens. Tout au plus, auront-ils à gérer une réaction momentanée d'une partie de la presse internationale avant que leur fait accompli ne devienne une réalité « acceptable » pour tous. Mais si cela se produisait, bien que le résultat immédiat serait positif pour Israël, cela ne résoudrait rien à moyen ou à long terme. Bien au contraire. En se débarrassant des Palestiniens et en annexant les territoires évacués, Tel-Aviv s'enfermerait davantage dans la posture d'un Etat assiégé par des ennemis dont il cultive l'hostilité depuis plus de 60 ans. L'erreur des décideurs israéliens est de penser qu'en forçant les dirigeants arabes à les soutenir de manière de plus en plus ostentatoire, ils finiront par arriver à se faire accepter par les peuples de la région. C'est compter sans le sentiment d'injustice qui prévaut chez celles et ceux qui ont payé un lourd tribut à ce conflit, ni la reconfiguration en cours dans toute la région où les peuples n'hésitent plus à braver leurs dirigeants lorsque leurs décisions leur paraissent injustifiables, comme c'est le cas actuellement en Jordanie. Sans normalisation, c'est-à-dire sans respect du droit international, les dirigeants israéliens pourront gagner un peu de temps, mais rien de plus. La supériorité militaire, qui aveugle l'Etat hébreu, est sa principale faiblesse dans la mesure où elle l'empêche de se projeter d'une autre manière que par le maintien de la tension dans la région. * Tweet * *