Au cours d'un point de presse organisé durant les Medays, le Premier ministre du Mali, Cheikh Modibo Diarra, est largement revenu sur le plan de sortie de crise, notamment le déploiement imminent des Forces de la Cedeao au nord du Mali. Synthèse Le Premier ministre du Mali, Cheikh Modibo Diarra. En dépit de situation politique assez complexe au Mali, le Premier ministre a tout de même fait le déplacement à Tanger avec sa délégation, pour faire le tour sur le dossier. De prime abord, il s'est réjouit de la décision de l'Union africaine d'approuver le plan de sortie de crise concocté par le Mali et la Cedeao. « Je suis heureux de savoir que l'Union africaine a approuvé le plan que le Mali et la Cedeao ont mis en place », a-t-il déclaré à l'entame de ses propos. Devant la presse nationale et internationale, il est revenu sur les grandes lignes de ce texte. Dans un premier temps, il conviendra de « sécuriser les grandes villes pour empêcher aux groupes armés de prendre possession de ces territoires », ensuite, « la mobilisation de la communauté internationale pour une résolution favorable des Nations Unies, soutenue par une coopération bilatérale entre les pays membres de l'ONU » et « mettre à la disposition du mali des ressources en termes de renseignepage 6ment, logistique, et la formation des troupes maliennes pour la reconquête des territoires occupés ». Le dernier volet consistera à favoriser « la remise en place des institutions au Nord Mali, le retour des réfugiés et l'organisation d'élections libres et transparentes au grand bonheur du peuple malien ». Aujourd'hui, les cibles sont clairement identifiées. « L'ennemi c'est les terroristes de l'Aqmi, du Mujao et la branche très radicale de Ansar Dine. Depuis le début de cette crise, nous avons identifié tout ceux qui ont accompli des actes terroristes, détruit des monuments », a-t-il affirmé. Toutefois, selon lui, la porte de la négociation reste entrouverte, mais sous conditions. « Nous n'excluons pas de négocier avec les groupes armés maliennes qui ont pris les armes, une fois qu'ils reconnaîtront le caractère laïque du mali et renoncer à leur volonté de partition du pays ». élan de solidarité Outre la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest et l'Union Africaine, la communauté internationale a exprimé son souhait pour le retour de la stabilité dans la partie septentrionale du Mali. Un élan de solidarité qui ne laisse pas indifférent l'ancien chercheur à la NASA. « Je me réjouis de l'élan de solidarité unanime de la communauté internationale pour résoudre cette crise, qui constitue non seulement une menace pour le Mali et le continent mais aussi pour la communauté internationale. (...) Nous avons adressé des requêtes au président de la Commission de l'Union Européenne José Manuel Barroso, au ministre des Affaires étrangères de la France, Laurent Fabius, et à Ban Ki Moon pour leur expliquer les raisons de l'intervention militaire en y adjoignant des demandes pour des soutiens d'ordre logistique, économiques, etc. ». Soutien diplomatique du Maroc Le chef du gouvernement malien s'est également félicité du soutien du Maroc qui « a apporté sa contribution au niveau humanitaire et diplomatique. Nous avons déposé aux Nations Unies le plan de sortie de crise. Nous attendons beaucoup de l'apport du Maroc – en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité- pour le vote d'une résolution favorable. », condition sine qua non pour le déploiement des troupes de la Cedeao. L'opinion de la classe politique malienne sur l'intervention militaire et en général la gestion de ce dossier revient souvent au devant de la scène. Mais selon Cheikh Modibo Diarra, actuellement, les priorités se trouvent ailleurs. « Pour le moment, l'urgence c'est la reconquête des territoires occupés. Après que nous ayons trouvé le bout du tunnel, chacun pourra en ce moment exposer ses aspirations politiques. Je suis totalement concentré sur la reconquête des territoires occupés », a-t-il indiqué. Ils ont dit Moctar Ouane, ancien ministre des affaires étrangères du Mali « Il ne faut pas uniquement se focaliser sur le cas malien. Les groupes armées menacent aujourd'hui tous les pays de la région sahelo-saharienne. L'Algérie, la Mauritanie et le Niger doivent réactiver leur coopération régionale forte et déterminée afin de lutter contre l'insécurité transfrontalière. La Cedeao devra également mettre en pratique les différents programmes de coopération existants. Aussi, l'aide de la communauté internationale sera d'un grand apport pour résoudre la crise humanitaire et alimentaire, car la pauvreté est un terreau fertile au terrorisme ».. Jean Louis Bruguière, Haut représentant de l'Union Européenne aux Etats Unis pour la lutte contre le financement du terrorisme « Aujourd'hui on assiste à une atomisation étatique, une sorte de nouvelle balkanisation de l'Afrique . La chute du régime libyen a débouché sur la prolifération des armes qui a permis aux groupes terroristes comme Aqmi de mieux consolider leur position. On risque d'assister à une prolifération étatique. L'instabilité au Mali, les velléités de cessions de territoires de Boko Aram au Nigeria qui entretient des connexions avec Aqmi, le cas de la Somalie avec les Shebbabs, constituent autant d'éléments indicateurs ». Mohammed Ould Mohammedou, Directeur du programme MENA à Genève, ancien ministre des affaires étrangères de la Mauritanie « La situation au mali devient de plus en plus grave. On dénombre plus de 400 000 refugiés et déplacés, 16 otages kidnappés, et la présence de quatre groupes armés. La solution militaire semble aujourd'hui privilégiée. Cette démarche quoique urgente ne devrait pas etre l'ultime stratégie pour mettre fin a l'instabilité au nord du Mali et dans la région ». Cheikh Sidi Diarra, Ancien sous-secrétaire des Nations Unies « Il est impératif de renforcer l'assistance humanitaire aux nombreux refugiés occasionnés par la situation au nord Mali. La communauté internationale devra aussi apporter son soutien financier à l'autorité de transition qui est privée de d'aide au développement depuis 6 mois. ». * Tweet * *