Les divergences persistent toujours entre la Russie et la communauté internationale au sujet de la transition en Syrie. Moscou n'entend pas lâcher Bachar al-Assad malgré l'effusion de sang. Serguei Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères et son homologue français, Laurent Fabius, mercredi à Paris. Alors que le régime syrien, selon plusieurs analystes, vit ses derniers jours, les Occidentaux s'activent pour préparer la transition. Mais cette transition, sans une opposition syrienne soudée, ne serait que catastrophique pour l'avenir de ce pays, qui vit au rythme de bombardements quotidiens depuis plusieurs mois. Pour la France et plusieurs autres pays, Bachar al-Assad, le dictateur syrien doit être écarté pour mener la transition. Mais Moscou, qui soutient le régime syrien, est loin d'être du même avis. Russes et Occidentaux n'arrivent toujours pas à se mettre d'accord sur les modalités concernant l'avenir de la Syrie. Moscou soutient haut et fort que les Européens et les Américains n'ont pas à se décider à la place des Syriens eux-mêmes et se refuse de demander le départ du dirigeant syrien. « Si la position de nos partenaires reste de demander le départ de ce dirigeant qu'ils n'aiment pas, alors le bain de sang va se poursuivre », a déclaré, sans ambages, Serguei Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères après des entretiens mercredi avec son homologue français, Laurent Fabius. Toutefois, les Etats-Unis réclament d'ores et déjà une opposition syrienne élargie capable de résister aux extrémistes islamistes. « Le Conseil national syrien (CNS) ne peut plus être considéré comme le dirigeant visible de l'opposition. Il peut être une partie d'une opposition élargie, mais l'opposition doit inclure des gens à l'intérieur de la Syrie et d'autres pour être capables de parler à chaque segment et à chaque composante géographique de Syrie », a estimé Hillary Clinton, chef de la diplomatie américaine. Pour rappel, le CNS est la principale coalition de l'opposition syrienne, largement dominée par les Frères musulmans et reconnue par la communauté internationale comme l'un des principaux représentants du peuple syrien. Une opposition soudée et élargie « Il y a des informations inquiétantes sur des extrémistes qui se rendent en Syrie et tentent de détourner à leurs fins ce qui était jusqu'ici une révolution légitime contre un régime oppressif », a souligné Hillary Clinton. Face à ces mouvements islamistes qui essaient de détourner la révolution, les Etats-Unis et leurs partenaires européens et arabes veulent aider l'opposition à s'unir derrière une stratégie partagée et efficace qui puisse résister à la violence du régime syrien et commencer à préparer une transition politique, selon la chef de la diplomatie américaine. Alors que la communauté internationale exhorte depuis des mois l'opposition à s'unifier, plus de 150 opposants, dont de nombreux membres du CNS et des chefs de l'Armée syrienne libre (ASL) ont préconisé lors d'une réunion en Turquie la formation rapide d'un gouvernement en exil. « La conférence s'est accordée sur la nécessité de mettre de côté les diverses divergences idéologiques au sein de l'opposition et de créer un gouvernement en exil, ont indiqué dans un communiqué les participants ». « Il prendra la forme d'un gouvernement de transition, afin d'obtenir un meilleur soutien politique de la part des pays arabes et de la communauté internationale à notre révolution », ont-ils ajouté. Sur le terrain, pas de répit. L'armée syrienne a mené hier des raids aériens contre les bastions rebelles notamment à Damas et sa banlieue. Le Liban porte plainte contre la Syrie Les hélicoptères de l'armée ont bombardé le quartier de Hajar al-Aswad, dans le sud de la capitale, faisant des blessés, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), tandis que les chasseurs-bombardiers ont mené des raids sur la ville proche de Harasta, selon la même source. À Alep, au nord du pays, des combats ont opposé dans la nuit troupes régulières et combattants rebelles sur plusieurs fronts. Plus à l'ouest, dans la province d'Idleb, des chasseurs-bombardiers ont frappé à trois reprises les villages de Tell Manass et de Maar Chamarine, a rapporté l'OSDH. À la frontière libano-syrienne des heurts ont fait un mort, un ressortissant syrien, et dix blessés parmi les forces de sécurité libanaises, lorsqu'un véhicule syrien a refusé de s'arrêter à un barrage, selon une source sécuritaire libanaise. Le Liban a également indiqué avoir déposé deux plaintes officielles contre la Syrie pour violations territoriales. Par ailleurs, le journaliste libanais, enlevé la semaine dernière par un groupe rebelle, a été libéré dans la nuit de mercredi à jeudi, selon la chaîne LBCI pour laquelle il travaille. * Tweet * *