L'impact des grèves a de quoi susciter la colère du ministre de la Justice et des libertés, Mustapha Ramid. Dans une conférence, mercredi 24 octobre, il dénonce des grèves injustifiées ayant coûté depuis 2011, 67 millions de dirhams. Le retard des procédures, dans l'ensemble des tribunaux du pays, a touché 812 480 dossiers. Cette année, jusqu'au 19 octobre, 10 grèves totalisant 472 928 heures d'arrêt de travail ont coûté 10,8 millions de dirhams. «Les événements que nous vivons, actuellement, sont douloureux et seule la justice en est la véritable victime ». À ses regrets, le ministre de la Justice et des libertés, Mustapha Ramid, réitère sa conviction que les grèves décrétées par le Syndicat démocratique de la justice (SDJ/ FDT) ne sont plus justifiées. Dans une conférence qu'il a tenue mercredi 24 octobre au siège de son département, Ramid s'est longuement attardé sur le bras de fer qui l'oppose à ce syndicat estimant que ce dernier maintient le mouvement de contestation volontairement malgré l'accord bilatéral et l'engagement de son département à dialoguer. La sanction s'impose Rappelant que les fonctionnaires de la justice ont bénéficié d'une augmentation allant de 34,69 % à 71,37 % de leurs salaires mensuels faisant d'eux « les fonctionnaires les mieux payés du service public », Ramid souligne que les grèves sans prétexte valable doivent désormais cesser, sinon elle seront sanctionnées par le non paiement des arrêts de travail. « Le prélèvement sur salaire a été décidé à l'unanimité par le gouvernement. Il n'existe aucun pays démocratique au monde qui paie les jours de grève », lance-t-il. D'ailleurs au Conseil de gouvernement, tenu le lendemain (jeudi 25 octobre), cette décision a été à nouveau validée. Abdelilah Benkirane y a exprimé le soutien et la solidarité de l'Exécutif avec le ministre de la Justice et des libertés qualifiant cette décision d'« irréversible et de contraignante ». Et pour cause, aucun autre moyen légal ne peut mettre un terme à la paralysie des tribunaux où les dossiers s'empilent sans jamais connaître d'issue pour cause d'arrêt de travail des greffiers en particulier. Preuves à l'appui, Ramid apporte des statistiques détaillées sur l'impact des grèves. En 2011, les 46 jours de grèves auxquels 305 213 fonctionnaires ont participé, représentent une perte de 56 millions de dirhams. Tandis que le retard des procédures a touché 812 480 dossiers. Cette année, jusqu'au 19 octobre, 10 grèves totalisant 472 928 heures d'arrêt de travail ont coûté 10,8 MDH. En tout, depuis l'an dernier, l'impact financier dépasse ainsi les 67 MDH. Tentatives sans succès Le ministre a passé en revue l'ensemble des communiqués dont son département a été bombardé par le SDJ/FDT utilisant souvent un langage menaçant et décrétant des arrêts de travail d'au moins 48 heures. « Dès ma nomination à la tête de ce département, j'ai pourtant rencontré l'ensemble des syndicats afin de créer une ambiance d'entraide. Mais quelques jours après, j'ai été surpris par un communiqué accusant le procureur général de Ouarzazate de falsifier les procès-verbaux et de fabriquer des dossiers (...) Je ne suis pas juge et je ne soutients personne (...) Alors, pour que le département s'acquitte de sa tâche de manière objective, il a adressé un écrit cordial à ce syndicat lui demandant de lui fournir les éléments dont il dispose quant à ses accusations », explique Ramid pour qui c'est la réponse du SDJ/FDT à cette demande qui mettra l'huile sur le feu. « Le 17 janvier, ce syndicat publie un communiqué où il accuse le département de vouloir cacher la vérité et de tenter de l'empêcher de dénoncer la corruption », s'indigne le ministre donnant lecture à ce communiqué, mais aussi à d'autres accusant le ministère tantôt de « violer les libertés syndicales » tantôt de « le menacer ». Ramid s'en défend au moyen de communiqués rappelant qu'une plate-forme du dialogue a été définie sur la base des dossiers revendicatifs des syndicats au premier trimestre de l'année. Le ministère a ainsi affirmé, le 17 avril, avoir signé un accord avec les différents syndicats : la Fédération nationale du secteur de la justice, le Syndicat national de la justice et le SDJ/FDT. « Nous sommes toujours ouverts aux discussions notamment en ce qui concerne le dossier revendicatif des greffiers dans un cadre professionnel et syndical », assure le ministère dans ce communiqué appelant le personnel à ne pas oublier la devise « La justice au service du citoyen ». Abdelhak Saaidi et le « clash d'Ifrane » Face aux nouvelles accusations proférées par le SDJ/FDT à propos de violences policières au cours de son dernier sit-in observé, vendredi dernier à Ifrane à l'occasion de la tenue du nouveau round du dialogue sur la réforme de la justice, Mustapha Ramid répond par un démenti. Des vidéos enregistrées sur les lieux et diffusés, notamment sur « YouTube », ont été présentées aux médias. Séquence par séquence, ces films d'une dizaine de minutes chacun montrent, en fait, que la police a dressé un cordon de sécurité sans pour autant utiliser une quelconque violence contre les manifestants. Pourtant, ces derniers affirment le contraire précisant que le secrétaire général du SDJ/FDT, Abdelkak Saaidi, a été blessé grièvement après « une intervention musclée » suite à laquelle il a été interné dans une polyclinique à Fès. * Tweet * *