Entre le ministère de la Justice et des libertés et le Syndicat démocratique de la justice (FDT) rien ne va plus. A l'origine, une nouvelle grève de 48 heures décrétée les 20 et 21 mars par ce syndicat appelant l'ensemble des cadres et fonctionnaires du secteur à suspendre toute activité. Un mouvement de protestation légitimé par l'exercice d'un droit constitutionnel par le biais duquel il est question d'attirer l'attention sur « des conditions de travail déplorables ». Mais il n'y a pas que cela, en fait le SDJ-FDT veut surtout exprimer sa colère contre ce qu'il appelle « une campagne de répression » qu'il accuse le ministère de la Justice de mener. Le syndicat accuse A l'issue d'une réunion tenue à la veille de la grève par le bureau national du SDJ-FDT, ce dernier n'hésita pas à hausser le ton et à tirer à boulets rouges sur le département de Mustapha Ramid qui tente, à ses yeux, de dissuader le personnel d'exercer son droit le plus fondamental par la voie d'écrits adressés aux responsables de la justice. « C'est une attaque sans précédent contre la liberté d'expression et d'opinion et la manifestation pacifique », s'insurge le syndicat dans un communiqué publié sur son portail (www.fdt-maroc.org). C'est à une cascade d'accusations que se livre le syndicat ayant décidé de décréter le 19 mars comme journée de protestation contre la violation du droit constitutionnel et syndical à la grève. Le bureau national met en garde qu'il n'en restera pas là en annonçant son intention d'interpeller le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) et le bureau central de la FDT en quête de leurs appuis. Quant à ses affiliés, il recommande la mobilisation pour la défense de leur droit à la grève. Appel à la raison Face à l'appel à la grève lancé par ce syndicat, le ministère de la Justice et des libertés n'a pas choisi le mutisme. Il a tenu à se défendre en toute légitimité dans un communiqué qu'il a publié lundi 19 mars. Il se défend de toute accusation de viol d'un quelconque droit et tient à réitérer son respect du droit à la grève garanti par la Constitution. Ce qu'il dénonce, par contre, c'est l'utilisation de ce droit à d'autres fins et sans aucune justification. « Nous reconnaissons et assimilons les grèves des cadres et fonctionnaires de la justice ayant pour but d'améliorer leur situation administrative et financière. Mais, s'il y avait à cela des arguments par le passé, ce n'est plus le cas, à présent, au vu des acquis réalisés par le secteur par rapport à d'autres », souligne le ministère précisant que les augmentations des salaires pour les échelons supérieurs ont atteint 34,69 % et pour les plus bas 71,37 %, « ce qui fait des salaires des fonctionnaires de la justice parmi les meilleurs au niveau de la fonction publique ». Une paralysie qui coûte chère En plus de l'inexistence, aux yeux de Mustapha Ramid, d'un réel motif à la grève, il y a lieu de rappeler à quel point le gel du travail au sein de la justice lui est préjudiciable. « Les grèves successives des greffiers durant 2011 représentent une perte de 46 jours de travail. Les jours payés sans travail pour chacun des grévistes ont atteint 305 213, soit une enveloppe de 56,16 millions de dirhams. Ce qui a fini par générer un impact sur le rendement des tribunaux, où le nombre des dossiers ayant pris du retard a franchi la barre des 812 480 », explique le ministère. Et d'ajouter qu'il ne ménage aucun effort pour répondre aux revendications de son personnel quelles qu'en soit la catégorie et les représentations syndicales y compris le SDJ-FDT. Renouvelant sa volonté de continuer à cultiver le dialogue, le ministère tient à lancer un appel à l'ensemble de ses fonctionnaires pour faire preuve de responsabilité à l'égard d'une phase décisive que traverse la justice nationale et d'agir par « des positions citoyennes face aux appels dont le but est de susciter un impact sur la situation du secteur et créer une confusion entre les revendications légales et les règlements de comptes ». Le ministère estime ainsi qu'une nouvelle grève sans raison est tout simplement une volonté de créer un déséquilibre au sein de la justice.