Le roi Mohammed VI a regagné le Maroc mardi soir après une tournée de plusieurs jours dans quatre Etats du Golfe et en Jordanie. Cette tournée a illustré à la fois un succès indéniable par sa portée intrinsèque et la place du Maroc sur l'échiquier régional. Le roi Mohammed VI, le prince Moulay Rachid et le roi Abdallah Ibn Abdulaziz Al-Saoud, au palais royal à Djeddah le 17 ocobre dernier. L'Etat de Koweït a constitué la cinquième et dernière étape de la tournée officielle de travail que le roi vient d'effectuer dans quatre pays du Golfe et la Jordanie. En regagnant mardi soir le Maroc, le Souverain a réalisé le pari de visiter cinq Etats arabes en moins d'une semaine et, partant, donné une impulsion inédite à une amitié qui, pour être ancienne et profonde, n'en nécessitait pas moins un certain recadrage. Le roi du Maroc, à la tête d'une importante délégation regroupant des membres du gouvernement , ses Conseillers et des opérateurs, est à cet égard l'initiateur d'une diplomatie économique nouvelle, axée sur de nouveaux principes que le Maroc est désormais appelé à mettre en œuvre. C'est peu dire que la tournée dans les pays du Golfe reste essentiellement empreinte d'une dimension économique, sans pour autant négliger l'aspect diplomatique et celui de la coopération sécuritaire. Coopération tous azimuts En quelques jours, en effet, tous les chantiers de la coopération ont été ouverts, abordés et examinés avec l'objectif de les dynamiser quand ils sont nouveaux ou redynamiser quand ils existent déjà. Quand on dit que le Roi est monté au créneau, ce n'est pas pour sacrifier à l'euphémisme ! C'est bel et bien sous son initiative que se déploie désormais une nouvelle politique arabe du Maroc et que se renforce une vision nouvelle : la coopération tous azimuts, la relance d'une action à un moment où, crise régionale oblige, le Maroc entend tenir son rang et marquer sa présence. Sans doute, faudrait-il même préciser que les échanges ont porté sur des projets à dominante socio-économique plus que sur d'autres aspects. A Abou Dhabi, lors d'une réunion élargie, le Maroc a proposé 13 projets d'investissement à la partie émiratie lors de la réunion élargie a déclaré lundi le ministre de l'Economie et des Finances, Nizar Baraka. Il a ajouté que « ces projets concernent essentiellement l'amélioration du rendement du secteur agricole et des revenus des petits agriculteurs, la réalisation d'infrastructures de base, dont des nouveaux barrages et autoroutes, ainsi que la construction d'infrastructures sociales, notamment le CHU de Tanger ». En dehors du montant des 5 milliards de dollars US sur lequel tout le monde semble vouloir revenir, le partenariat élargit pour ainsi dire le spectre de ses compétences, mettant en relief le souci évident du Maroc de financer les projets sociaux et les chantiers de développement. Le Maroc, un partenaire actif Durant son périple, le roi Mohammed VI a effectué des entretiens avec l'émir du Qatar, Cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani (en haut à gauche), avec l'émir de l'Etat du Koweït, Sheikh Sabah Al Ahmad Al Jaber Al Sabah (en bas à gauche) et avec le Roi Abdallah II de Jordanie. A Djeddah, Amman, Doha, Abou Dhabi et l'Etat de Koweït, un même langage a été tenu, quand bien même il comporterait ses variantes sémantiques. C'est celui de l'impératif d'une unité recherchée dans un climat où rien n'est moins sûr depuis quelques années que l'union justement ! Le Maroc, perçu parfois aux antipodes dans une région arabe troublée, incarne pourtant la stabilité et une certaine sérénité. Il faut convenir que le Maroc, de par sa position géographique, son histoire marquée au sceau de l'engagement au sein du monde arabe, son soutien constant à la lutte du peuple palestinien, sa défense des valeurs de l'Islam et, ce qui est aujourd'hui un de ses traits majeurs, joue le rôle de pont, au croisement de trois régions : l'Europe dans le nord, l'Afrique au sud et le Machreq à l'est. C'est un confluent à diverses connotations, politique, culturelle et humaine. Le Maroc incarne également une monarchie moderne qui fait de l'ouverture un de ses emblèmes et du progrès une de ses finalités. Les dirigeants des pays du Golfe en mesurent d'autant plus cette caractéristique qu'ils ont appelé en 2011 avec enthousiasme à son intégration au sein du Conseil de coopération. De son côté, le Maroc constitue un partenaire non seulement idéal, mais actif et en mesure de jouer le rôle qui lui est dévolu. Toutes ces dimensions ont été prises en compte il y a déjà plusieurs années. à présent, elles confortent la relation exceptionnelle qui existe entre lui et les pays du Golfe, ensuite et surtout entre le roi Mohammed VI et les monarques de cette région. La teneur des entretiens que Mohammed VI a eus successivement avec Abdallah Ibn Abdelaziz d'Arabie, le Roi Abdallah II de Jordanie, l'Emir de Qatar Hamad al-Thani, les hauts responsables des Emirats Arabes Unis et l'Emir de l'Etat de Koweït, Cheikh Sabah al-Ahmed al-Jaber al-Sabah, ensuite les multiples et diverses séances de travail que les Conseillers du Roi et les ministres ont eues avec leurs homologues des cinq pays visités, ont ouvert une nouvelle voie à la coopération. Globalement, la visite royale dans la région a connu un franc succès et le mot, ici, n'est pas une clause de style, tant il est vrai que, d'un pays à l'autre, des engagements ont été pris de part et d'autre et que la dimension concrète a surplombé la réalité des discours et des bonnes intentions. La délégation marocaine revient pour ainsi dire avec des projets concerts et des engagements fermes. C'est Zoulikha Nasri, Conseillère du roi Mohammed VI et membre de la délégation qui l'affirme : « La délégation marocaine est sortie satisfaite de cette réunion positive qui devrait avoir des retombées bénéfiques sur les relations maroco-émiraties. Les accords entre le Maroc et les pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) pourraient être signés à la fin de l'année en cours ou au début de l'année prochaine », a-t-elle dit, précisant que « la date et les modalités de signature de ces accords devraient être arrêtées en concertation avec les pays du CCG, et dans le cadre de réunions préalables entre les deux parties ». La fin de l'année en cours marquera, en effet, la clôture d'un cycle , qui corrobore aussi une adéquation manifeste : le développement économique vient conforter la nouvelle ère démocratique. Ce n'est pas sacrifier à la métaphore euphorique que de dire que le Maroc, en dépit des interrogations et des problèmes qui surplombent son développement, entame une manière d'embellie. Il ne contourne pas la crise mondiale, il y échappe prudemment, grâce au Roi Mohammed VI qui, à n'en pas douter, prend les rênes d'une certaine politique et devient le « meilleur ambassadeur du Maroc » ! Or, si l'on devait, paradoxalement, faire le bilan de la tournée qu'il vient d'effectuer dans les pays du Golfe, ont devrait conclure à un succès incontestable. D'une part, parce qu'elle a rehaussé le prestige et la place du Maroc au sein du monde arabe, ou dirions-nous de ce qui reste encore de monde arabe. D'autre part, parce qu'elle a été marquée par une chaleur exceptionnelle dans l'accueil qui lui a été réservé tour à tour dans les divers pays visités et par la série d'engagements, pris officiellement de part et d'autre, pour participer au développement économique et social du Maroc. Des projets dans le pipe A Abou Dhabi, outre la forte teneur des entretiens multilatéraux entre les délégations des deux pays, les mécanismes du partenariat ont pris une forte accélération, comme en témoigne la série de projets finalisés. « Les Emirats résolus à poursuivre le soutien aux programmes de développement au Maroc », a déclaré le ministre de l'Equipement et du transport, Aziz Rebbah. Il a précisé que « la partie émiratie a exprimé sa disposition à aller plus loin en assurant des financements adaptés à des projets de développement agricole jugés efficients, économiquement rentables et à fort impact sur le vécu des citoyens ». Selon lui, la délégation marocaine a présenté « une vision prospective pour impulser le partenariat économique entre les deux pays et traduire dans les faits la coopération bilatérale dans les différents secteurs. Et le ministre, tout à son enthousiasme d'ajouter : « La partie émiratie s'est déclarée prête à mobiliser les financements nécessaires à l'exécution de nombreux projets programmés pour la période à venir. L'établissement de mécanismes de coopération avec les Emirats Arabes Unis et le Conseil de coopération du Golfe « ne manquera pas d'impulser fortement les chantiers de développement mis en œuvre dans les secteurs vitaux ». Force nous est de dire que la tournée d'une semaine du roi Mohammed VI dans la région du Golfe pendant une semaine aura ce résultat concret d'avoir planté les piliers et pas seulement les jalons du partenariat stratégique qui, on en conviendra, n'est pas un vain mot. Cette tournée renforce également l'image du Royaume du Maroc à un moment où , d'un « printemps arabe » à une crise institutionnelle dans les pays arabes, le regard extérieur se fait interrogateur voire sceptique. La dimension économique et financière aura constitué pour certains, sans doute, le critère quasi unique de cette tournée royale. Mais ce serait se méprendre en revanche de ce qu'incarne également le Maroc. Les questions de sécurité, notamment, n'ont pas été écartées, encore moins négligées, parce que le Maroc bénéficie à cet égard d'une longue et forte expérience .La sécurité régionale constitue aussi un chantier majeur, elle participe de plus en plus d'une vision et, de nos jours, à la lumière des événements tragiques en Syrie, en Libye et surtout dans le Sahel, elle devient un impératif catégorique. * Tweet * *