Le rôle des organisations de droit de l'homme dans le paysage politique a été débattu lors d'une conférence-débat organisée par HEM. Pour Driss El Yazami, président du CNDH, les droits humains sont en permanence instrumentalisés en politique internationale. Les rapports émis par les organisations des droits de l'Homme sont intrinsèquement politiques, de part leur impact sur les politiques mais également de part les conditions dans lesquelles ces rapports sont établis. Au-delà de cet aspect, ces organisations peuvent parfois être instrumentalisées dans un sens ou dans un autre à des fins purement politiciennes. L'école HEM a organisé un débat sur le rôle des organisations de droit de l'homme dans le paysage politique. Le débat avait pour thème : « Les organisations des droits de l'Homme : acteurs de l'opposition ou instruments du pouvoir ». Lors de son intervention, Abdelhamid El Jamri, actuel président du Système des Nations Unies des droits de l'Homme a suggéré de revoir la formulation de la question puisque ces organisations peuvent être « acteurs de l'opposition et/ou instruments du pouvoir », a-t-il expliqué. El Jamri a récemment été élu à la tête du Système des Nations Unies des droits de l'Homme et occupera ce poste jusqu'en juin 2013. Parmi les autres intervenants, Yves Berthelot, président de l'Organisation mondiale contre la torture (OMT), Driss El Yazami, président du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) et Khadija Ryadi, présidente de l'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH). De part son activité à l'ONU, Abdelhamid El Jamri constate que « plus les pays sont démocratiques, moins l'on y parle de droits de l'Homme ». Par ailleurs, on peut noter la multiplication des organisations droit-de-l'hommiste. Selon Driss El Yazami, celles-ci sont de plus en plus diversifiées et leurs études sont en parrallèle de plus en plus pointues et spécialisées. Abdelhamid El Jamri précise pourtant que malgré l'existence d'une multitude d'organisations, les organisations de droits humains sont catégorisées par les observateurs et il est plus ou moins facile d'identifier leur référence politique et idéologique. Instrumentalisation des droits humains L'une des questions traitées lors du débat concernait plus particulièrement l'instrumentalisation des organisations de droits de l'Homme et de leur utilisation telles des « vitrines publiques » . Autrement dit : Comment permettre l'épanouissement des libertés publiques et individuelles dans des Etats où les organisations des Droits de l'Homme représentent uniquement une vitrine publique, sans fondements réels et ancrés dans la sociétés ? A ce sujet, Khadija Ryadi a dénoncé la dichotomie existante entre le discours officiel qui fait état d'un pays défenseur des droits de l'Homme et la réalité marocaine. Khadija Ryadi accuse le ministre de la Justice d'agir telle une organisation des droits de l'Homme. « Lorsque le ministre de la Justice se contente de faire des constats concernant les infractions aux droits de l'Homme, c'est qu'il a assez d'informations pour confirmer l'existence de ces infractions. Pourtant, le ministre se contente de faire des constats telle une ONG sans entamer d'actions, ce qui est de son devoir. » De son côté, Driss El Yazami a rappelé qu'à l'échelle internationale, les droits humains sont en permanence instrumentalisés en politique internationale. Yazami a cité entre autres la politique américaine post-11 septembre. Pour ce qui est de la politisation des organisations de défense des droits de l'Homme, le président du CNDH a qualifié les relations entre la politique et les organisations de défense des droits de l'Homme d' « intimes et normales ».Driss El Yazami a déclaré : « C'est se voiler la face que de ne pas voir derrière les positions des organisations des droits de l'Homme une opinion politique. Mais le problème se pose lorsqu'il n'y a pas de pluralité politique au sein d'une même organisation ». Khadija Ryadi a par ailleurs rappelé les pressions et difficultés subies par les organisations qui se veulent indépendantes. Elle a mentionné, entre autres, les récents événements de Béni Makada, à Tanger ainsi que ceux de Sidi Ifni où des militants de l'AMDH ont eu droit à un procès de 10 minutes et ont écopé de peines allant jusqu'à dix mois de prison. Ryadi est également revenu sur les tentatives des détracteurs de l'AMDH de porter atteinte à l'image et à la réputation de l'AMDH. La présidente de l'association a mentionné des rumeurs et fausses informations propagées à son sujet dans les médias. * Tweet * *