En l'espace de six mois, le RNI a perdu le contrôle de deux institutions, la présidence des deux Chambres du Parlement. D'aucuns les considèrent comme un revers pour Salaheddine Mezouar, l'homme fort du RNI après un bras de fer qui l'a opposé à l'ancien président du parti, Mustapha Mansouri. Deux événements qui ne sont pas sans conséquences politiques sur l'avenir de la Colombe qui s'est retrouvée sans perchoir. L'élection de Radi atteste que le RNI sous la présidence de Salaheddine Mezouar travaille selon un agenda qui n'est pas le sien mais, bel et bien, celui du PAM. Pour mémoire, le Comité exécutif du RNI a publié un communiqué affirmant l'attachement de cette formation à la présidence de la Chambre basse du Parlement. Au point que des noms circulaient parmi les RNIstes susceptibles de se substituer à Mansouri qui n'a pas exprimé son souhait de présenter sa candidature, tels que Rachid Talbi Alami, Driss Houat ou encore Abdelaziz Alaoui Hafidi. «Ce ne sont que des manoeuvres politiques», tranche l'universitaire Abdelali Hamieddine. Et pour cause «si le RNI avait réellement cette volonté de présenter un candidat au perchoir il aurait commencé par informer les autres partis politiques de la majorité et de l'opposition afin de sonder leurs avis comme ce qu'a fait Abdelwahed Radi», souligne-t-il. Notre interlocuteur estime que la perte de la présidence de la première Chambre est «un revers pour Salaheddine Mezouar. D'autant que le nouveau président du RNI a promis de renforcer les acquis de son parti et consolider sa position dans l'échiquier politique national. Je pense que les militants du RNI ont droit à des explications de la part de Mezouar. Lui aussi, on s'en souvient, avait demandé la même chose à Mustapha Mansouri lorsque le RNI avait perdu la présidence de la Chambre des conseillers au profit du PAM, au point d'en faire son cheval de bataille durant sa campagne contre Mansouri». L'universitaire, membre du Conseil national du PJD, souligne que «l'élection de Radi atteste que le RNI sous la présidence de Salaheddine Mezouar travaille selon un agenda qui n'est pas le sien mais, bel et bien, celui du PAM. Ce parti a donné son aval au premier secrétaire de l'USFP. Le RNI s'est aligné sur cette décision. Un alignement annonciateur de la naissance d'une alliance entre le PAM, RNI et USFP en perspective des élections législatives de 2012». Mohamed Ferdaouss oppose un autre son de cloche à celui de Hamieddine. Selon ce membre du Bureau politique de l'UC, «la position du RNI n'a nullement souffert de la perte de la présidence de la première Chambre. Le RNI a un fort groupe au Parlement et il compte six ministres au gouvernement et non des moindres: Les Finances et l'économie, le Tourisme, l'Agriculture et la pêche, l'Energie et les mines et sans oublier l'Artisanat. Des ministères qui ont un lien naturel avec le quotidien des Marocains. Le RNI comme l'UC regardent l'avenir et notamment les élections législatives de 2012. C'est notre stratégie commune». Et d'annoncer que le groupe RNI/UC à la Chambre des conseillers a tenu mardi sa première réunion et que celui de la première Chambre devrait se réunir aujourd'hui mercredi. Mohamed Ferdaouas a fait également savoir que la coordination avec le RNI poursuit normalement son agenda «à l'image des commissions de la régionalisation, l'identité, les structures régionales et celle des organismes parallèles». Présidence du RNI Les promesses de Mezouar Au lendemain de son accession, janvier dernier, à la présidence du RNI après des mois de bras de fer avec Mansouri, Salaheddine Mezouar dans des déclarations à la presse rapportées par la MAP a fait montre de la détermination de son parti à «assumer un rôle essentiel sur la scène politique nationale», soulignant que le RNI a «inauguré une nouvelle méthodologie de débat au sein des partis» qui ne conduit pas nécessairement à la «régression ou à des scissions». Et de qualifier la réunion du Conseil national du RNI à Marrakech de «victoire» pour le parti en ce sens qu'elle lui a permis d'inaugurer «une nouvelle étape avec de nouveaux défis à relever avec détermination». Evoquant les possibles alliances, Salaheddine Mezouar a précisé : «nous n'irons pas seuls aux élections de 2012 mais dans le cadre d'alliances préétablies». Et d'ajouter que «l'échéance 2012 marquera le passage d'une phase de transition démocratique à une phase de normalisation politique».