Le président américain Barack Obama a accueilli lundi après-midi les dirigeants de 47 pays réunis à Washington pour participer à un sommet «sans précédent» destiné à garantir la sécurité nucléaire dans le monde et à prévenir l'obtention d'armes et matériaux nucléaires par des terroristes. Le Maroc est représenté à ce sommet par une délégation composée du Premier ministre, Abbas El Fassi et du ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Taib Fassi Fihri, et de la ministre de l'energie, des mines, de l'eau et de l'Environnement, Amina Benkhadra . Le sommet de deux jours est, selon Ben Rhodes, conseiller adjoint d'Obama pour la sécurité nationale, «le plus important rassemblement de pays autour d'un dossier spécifique» jamais organisé par un président américain depuis la conférence de l'ONU en 1946 à San Francisco. Neuf pays ont l'arme nucléaire, l'Iran veut être le numéro 10. L'objectif du sommet est de sécuriser les stocks de matière fissile disséminés un peu partout dans le monde. Une centaine de centres de recherche ayant produit de l'uranium hautement enrichi existeraient encore à l'heure actuelle. Tous ne font pas l'objet d'une surveillance suffisante. Dans l'ex-union soviétique, en Afrique, en Asie. La crainte exprimée à plusieurs reprises par le Président Obama est de voir des groupes terroristes, à commencer par Al Qaïda, s'emparer de ce type de matériaux pour semer la terreur. Le deuxième objectif, plus politique vise à obtenir, aujourd'hui, l'engagement des pays présents à cadenasser ces sites nucléaires dans les quatre prochaines années. L'Ukraine a montré la voie en annonçant, lundi, qu'elle allait détruire tout son stock d'uranium enrichi d'ici 2012. Pékin, Moscou, Washington ont effectivement, comme ennemi commun, le terrorisme. Après l'annonce d'un nouveau traité bilatéral américano-russe sur la réduction du nombre d'ogives nucléaires, ce sommet ajoute une pierre multilatérale à l'édifice en construction de la denuclearisation militaire. En effet, en matière nucléaire, les dangers sont multiples. Au niveau des Etats, ils portent un nom qui est dans tous les esprits des conférenciers : l'Iran. A ce jour, neuf pays disposent de l'arme nucléaire. Les cinq puissances du Conseil de sécurité de l'Onu, plus l'Inde et le Pakistan, Israël et la Corée du Nord. L'Iran fait tout pour devenir le numéro 10. Or, de nombreux experts l'affirment, si Téhéran se dote de la bombe le risque d'une relance de la prolifération est de nouveau énorme, notamment dans tout le Moyen-Orient où pour le moment, Israël qui a renoncé à participer au sommet de Washington, est le seul détenteur du feu nucléaire. A cet égard, rappelons que les Etats-Unis ont défini la semaine dernière une nouvelle doctrine nucléaire excluant des frappes contre des pays ne disposant pas de l'arme atomique ou étant signataires du traité de non-prolifération nucléaire (TNP), en excluant toutefois l'Iran et la Corée du Nord contre lesquels «toutes les options sont ouvertes», selon le secrétaire américain à la Défense Robert Gates. Aussi les discussions vont-elles bon train sur les sanctions à l'étude contre l'Iran. La Russie, longtemps réticente, semble désormais engagée sur une ligne plus proche de celle de Paris et de Washington. Le vrai nœud, il est à Pékin. Hier, Obama et Hu Jintao ont affirmé vouloir travailler ensemble sur des sanctions. C'est nouveau côté chinois. Actuellement, l'Asie est devenu le continent le plus dangereux en matière nucléaire, c'est parce qu'aux essais de la Chine en 1964 suivirent, par rivalité stratégique, ceux de l'Inde en 1974. Puis ceux de son ennemi juré, le Pakistan, en 1998. L'héritage de la guerre froide, ce n'était pas seulement les stocks effrayants d'ogives amassés par Moscou et Washington, c'était aussi un jeu d'alliances et de contre-alliances qui a favorisé cette course à l'atome. L'autre danger que court le monde aujourd'hui, est lié à la diffusion exponentielle du nucléaire civil. Un monde où la technologie nucléaire se répand autant induit un certain nombre de risques qui exigent une plus grande concertation internationale. A Washington, l'oeuvre mondiale de sécurité nucléaire ne fait que commencer.