Jean-Luc Cohen, documentariste est encadrant dans la continuité de la ruche documentaire du FIDADOC, 11 jeunes auteurs sont accueillis à Safi pour qu'ils développent durant deux semaines leur projet de film documentaire. Avant de continuer pour certains leurs travaux à Saint-Louis du Sénégal. Une initiative panafricaine dans le cadre du réseau AFRICADOC. Jean-Luc Cohen partage son expérience avec les jeunes documentaristes en résidence à Safi. Comment êtes-vous devenu documentariste ? Il y a plusieurs années, ma petite amie de l'époque qui était comédienne m'a dit un jour, « on peut aussi rêver sa vie » (sic). Alors que j'étais passionné d'équitation, cette phrase m'a interpellé, je l'ai compris ainsi : on peut aussi rêver son métier. Je me suis dis, je vais fermer les yeux et lorsque je les ouvrirai, j'exercerai le métier que je souhaite réellement faire. J'ai ensuite été photographe et la réalisation me tentait et je me disais en mon fort intérieur, le premier qui le voit un film, c'est celui qui le fait. J'ai ainsi suivi à l'INSAS (Institut national supérieur d'Art du spectacle) de Bruxelles, une formation d'une durée de quatre ans. Le jour, j'étudiais et la nuit, j'étais chauffeur de taxi. A l'issue de cet enseignement, j'étais un pur produit de l'image car nos professeurs avaient une véritable fascination pour la pellicule et on était au début de l'utilisation de la vidéo légère. J'ai alors commencé à travailler sur des longs-métrages comme électro, l'assistant du directeur de la photo, je préférais comprendre comment un directeur de la photo établit son plan de lumière. Puis, je me suis installé à Paris, où j'ai travaillé pour des documentaires magazine et ensuite fiction, la télévision, étant le partenaire naturel du film documentaire. Qu'aimez-vous particulièrement dans ce genre? Le fait que le métier de documentariste soit ouvert et très approchant de celui d'un éditeur. Un producteur va par exemple, s'intéresser à une diversité de sujets. Les gens et par conséquent les futurs auteurs peuvent y venir à tous âges, à condition que leurs projets soient louables et sérieux. Pour revenir à mon expérience personnelle, j'ai également co-réalisé une dizaine de films, mais je me suis arrivé à la conclusion qu'à travers ce type de projets, on donne énormément sans avoir en retour de reconnaissance, c'est plutôt ingrat. Aussi, j'ai décidé de réaliser mes propres documentaires. J'ai majoritairement, filmé l'environnement lié au travail : lieu où l'être humain passe le plus clair de son temps et où nombre de choses sont en place. Je pense notamment au film « Charbons Ardents » (2000), de Jean-Michel Carré, situé au Pays de Galles au moment où Margaret Tatcher a fermé les mines. Les mineurs ont en fait racheté leurs mines et ont fait un travail de résistance : ce projet a investi cette auto-gestion. Quels documentaires avez-vous réalisé seul ? « L'avenir ne tombera pas du ciel » (1998), suivi de « L'épreuve de la solidarité » (2002). Des films qui évoquent l'univers des chantiers et les syndicats peu à peu laminés, créé par un petit noyau. Ce second documentaire était essentiellement basé sur la parole et je l'ai tourné, caméra à l'épaule. Il s'agit d'un film qui se déroule en prise réelle au fil de huit mois, entre coupé de temps de rupture. Une autre thématique m'intéresse vivement, celle des autochtones. J'ai ainsi, réalisé « Le peuple autochtone » car depuis vingt ans la planète, la faune et la flore sont en danger. Le grand public ne reçoit pas ce message et n'est pas sensibilisé à l'importance de maintenir la diversité des peuples, en tant que cinéaste, je veux m'y intéresser, j'ai de plus, eu la chance de longuement voyager avec la caméra. Cela renvoie également au film américain, « Anoumalé, être ou ne pas être wayana », qui montre le peuple inwit disséminé au pôle nord. Que pensez-vous des sujets abordés par les onze auteurs de la résidence AFRICADOC réunis à Safi ? Les thématiques sont multiples. Ces jeunes auteurs sont pour certains tournés vers l'introspection, le « moi, je », qui peut être un bon point de départ, pour leurs intentions, leurs envies, leurs liens avec le sujet. D'autres évoquent des propos plus politiques et sociétaux. Une jeune auteur sénégalaise traite du tiraillement entre son appartenance à sa communauté et rêver sa vie dans la société en tant que femme lebou en 2012. Les profils sont de plus, différents, cinq d'entre eux sortent de l'ESSAV, d'autres sont scénaristes un autre est animateur social : il y a à la fois un côté scolaire ou un rapport de partenaire, ce qui constitue un groupe cohérent marocain et subsaharien. Dans la continuité de la ruche documentaire du FIDADOC, nous accueillons à Safi, 11 jeunes auteurs pour qu'ils développent pendant deux semaines leur projet de film documentaire. Avant de continuer pour certains leurs travaux à Saint-Louis du Sénégal. Une initiative panafricaine dans le cadre du réseau AFRICADOC, organisée par l'ACEA, Likaa et Krysalide Diffusion avec le soutien de la Fondation OCP et la Région Nord-Pas-de-Calais * Tweet * *