A moins de cinq semaines, êtes-vous confiant pour l'édition de ce 4e FIDADOC ? Je suis en colère et tendu. Je me dis que j'ai fait tout ce qui était nécessaire de plus avec Nezha Drissi, de son vivant : en ce qui concerne la recherche de films, mais également l'entretien actif de liens avec les professionnels qui œuvrent dans le circuit du documentaire, alors que je suis toujours en attente d'une déclaration officielle des autorités, qui doivent valider l'annonce définitive, de la quatrième édition du FIDADOC. Je tiens de plus, à saluer le soutien témoigné à cet évènement qu'il appartient de fidéliser encore cette année, par les jeunes réalisateurs, qui sont dans l'attente de ce festival. C'est cette jeunesse, qui prouve l'intérêt évident du film documentaire au Maroc mais aussi au Maghreb. Les nombreuses demandes de stages et de participation des internautes ont énormément afflué sur la page Facebook créée à cet effet. Ce sont eux, qui nous ont encouragés à tenir bon pour la bonne réalisation de ce festival. Extrait du film de Rhida Tlili «Revolution under 5 ». La présence de cette jeunesse est incontournable dans l'avenir du documentaire ? Absolument. Nous nous sommes rendu compte qu'il existe de plus en plus de formations autour de ce genre, à Fès, à Marrakech ou encore à Ouarzazate. Il s'agit d'équipes réduites de jeunes formés au documentaire comme au reportage, c'est pourquoi nous souhaitons proposer des rencontres avec une teneur d'intimité avec les jeunes cinéastes de la rive Sud, qui échangent entre eux mais aussi avec des documentaristes confirmés, qui seront invités à évoquer leur art. Parlez-nous de la future programmation… Ce qui s'avère en fait intéressant à travers les œuvres qui seront projetées, c'est le regard qui se révèle entre le documentaire et la télévision. Témoin, la révolution tunisienne, évènement mondialement filmé 24H/24, et ce qui ressort surtout des documentaires réalisés par des cinéastes au plus fort de ce moment, c'est le fait que ces réalisateurs étaient avant tous des acteurs de la révolution. Certains disent d'ailleurs : « Je n'ai pas filmé, j'étais dans la rue » (Sic). Et on est finalement, en présence d'un langage né de la rue et de la télévision, il n'y a plus de frontières qui sépare les deux. Par contre, l'éveil de ce printemps, avait déjà commencé à être filmé en amont de ce soulèvement soudain, alors que la Tunisie vivait sous le régime le plus policier. Ceci est aussi le cas en Iran, où il existe une tradition de films documentaires très marquée. Les régimes autoritaires craignent la fiction, mais ne prêtent pas attention au documentaire. Pourtant, dans ces pays, on ne semble pas percevoir le message politique d'un agriculteur, au cours d'un documentaire, alors qu'il y a un évident parallèle avec le cinéma néo-réaliste italien. Et cela démontre bien l'effet de sidération qui s'en dégage, le fait de le voir sans filtre : comme l'image du train qui entre en gare, dans le film dans frères Lumière, on sent que ça atteint une dimension multipliée… Quels grands noms du film documentaire seront associés au 4e FIDADOC ? Stefano Savona, réalisateur de « Tahrir Place de la Libération », sorti en salles en France le 25 janvier dernier. Le documentaire « Le thé ou l'électricité », signé par Jérôme Lemaine, et tourné dans l'Atlas marocain, sera également présenté. Cet auteur était présent lors de la première édition du FIDADOC, ce film est coproduit par 2M. Il s'agit d'une comédie sociale, autour de l'apparition de l'électricité dans la vie d'un village situé prés dAzilal, à Ifri et renvoie donc à l'entrée de la modernité. Comme l'épopée d'un western, où la population incarne les Indiens, et le shérif y serait les représentants de la compagnie d'électricité. Le propos de ce film nous renvoie à la rapidité à laquelle on peut brusquement changer de vie. Lorsque le documentaire a une dimension forte, les Marocains en perçoivent d'emblée les codes, à travers l'histoire et l'émotion qui s'en dégagent.