Le coup d'envoi du Festival international du documentaire (FIDADOC)a été donné mardi soir au cinéma Rialto, avec, en ouverture, le film « Gazastrophe » de Samir Abdallah et Khéridine Mabrouk. La cérémonie d'ouverture a donné le ton du festival avec ce film fort, emblématique d'une programmation propice à poser un autre regard sur le monde actuel. Film engagé et poétique, « Gazastrophe » donne la voix à des dizaines de témoins de la guerre israélienne de 22 jours contre Gaza, nous faisant entrer dans le cauchemar palestinien. «Ce qui est particulier dans le genre documentaire, c'est que les cinéastes sont plus près de leur sujet. Le cinéma documentaire est naturellement engagé de par sa nature. Par la façon dont les films sont faits, la façon dont le sujet est traité, les films sont, plus ou moins, politiques. Nous avons voulu retranscrire cette diversité», souligne Hicham Falah, coordinateur du festival. Pour cette troisième édition, l'équipe du festival a visionné plus de 500 films, issus d'une cinquantaine de pays. Une quarantaine de films de tous formats et de tous pays, dont le Maroc, la Palestine, la Turquie, la Corée du Sud, ou encore le Mali et la Pologne, ont été sélectionnés. «Nous avons voulu faire une programmation pour avoir des films qui dialoguent entre eux, qui se répondent, tout en jouant sur la diversité. En découvrant comment les films se parlent, les spectateurs ont la même surprise que nous, et eux-mêmes font leur lecture» nous explique Hicham Falah. Par cette programmation riche, symbole de diversité et d'ouverture, le FIDADOC propose à son public cinq jours de projections gratuites, ouvertes à tous. Plusieurs séances thématiques, dont «Femmes», «Ville et environnement», ou encore «Economies Alternatives», sont projetées en parallèle de la compétition internationale, offrant un panorama des mutations de la planète et de ses répercussions. Lors de la thématique «Maroc», le film «Los perdedores» de Driss Deiback est ainsi venu dévoiler un pan méconnu de l'histoire, témoignant du parcours oublié des 100.000 soldats marocains qui ont pris part à la guerre civile d'Espagne. En parallèle des séances au Rialto, le festival part à la rencontre du public, avec des projections en plein air dans différents quartiers de la ville ainsi que des séances d'éducation à l'image pour les enfants. «La projection en plein air est l'occasion d'une rencontre touchante avec le public. En allant dans ces quartiers, on amène le cinéma à des personnes qui n'auraient pas forcément les moyens d'aller à une séance», nous confie un des réalisateurs. Un programme spécifique a, également, été organisé pour les étudiants, axé sur la production nationale marocaine et sur une sensibilisation aux économies alternatives et aux enjeux du développement durable. Comme en témoignent Léa Domenach et Arnold Montgault, qui ont projeté jeudi leur film «Le printemps des bonzaïs», sur les entrepreneurs sociaux, «après la projection du film, le débat a duré environ 1h, l'échange a été très riche, les étudiants ont réellement voulu comprendre le sujet du film». Ce souci de proximité prolonge l'engagement citoyen du FIDADOC, convaincu que le documentaire est un formidable outil d'éducation et d'ouverture sur le monde. «Notre idée était de faire vivre le festival dans toutes les quartiers», conclue Hicham Falah. Un pari réussi, nourri de débats, rencontres et échanges sur l'état du monde.