L'Organisation mondiale de Santé (OMS) a célébré lundi, la journée internationale de prévention du suicide. Les adolescents sont les plus touchés par le phénomène. Au Maroc, le phénomène gagne de plus en plus du terrain. Les femmes font trois fois plus de tentatives de suicide que les hommes selon le rapport de l'OMS. C'est un rapport aux allures de mémorandum que l'Organisation mondiale de la Santé a publié à l'occasion de la 10e édition de la journée internationale de prévention du suicide. Les statistiques de l'OMS sont assez évocateurs. Chaque année, un million de personnes mettent fin à leur vie.Pis, le nombre de tentatives s'élèvent à 20 millions par an. « Une personne meurt dans le monde suite à un suicide toutes les 40 secondes environ, soit plus que le nombre combiné des victimes de guerres et d'homicides ». Au premier logent, les jeunes Les jeunes dont la fourchette d'âge est comprise entre 15 et 19 ans sont les plus touchés. Le suicide constitue chez eux le deuxième des décès. Les statistiques de l'OMS ont aussi démontré que le nombre de suicide est plus élevé chez les hommes quelque soit leur pays ou la classe d'âge. Toutefois, précise le rapport, les femmes font trois fois plus de tentatives de suicide que les hommes. Certes toutes les catégories sont touchées, mais l'ampleur diffère en fonction des situations sociales. En première ligne, émargent les retraités, les chômeurs, les personnes divorcées, sans enfants,les citadines ou les individus qui vivent seuls. Les pays riches en tête Sur ce point, le rapport a surpris plus d'un. Il nous révèle que les taux de suicide les plus élevés sont enregistrés dans certains pays riches à l'image de la Russie, la Lituanie, la Finlande ou le Japon. Les nations moins enclines à la pratique sont localisées en Amérique centrale et en Amérique. Il s'agit notamment du Mexique, du Pérou, du Brésil et de la Colombie. Situation au Maroc Selon l'OMS, le phénomène touche tous les pays. Au Maroc, la situation ne cesse de gagner de l'ampleur. Selon le Professeur Driss Moussaoui, président de l'Association mondiale de psychiatrie et par ailleurs directeur du Centre psychiatrique universitaire de l'Hôpital Ibn Rochd de Casablanca « Le suicide est un phénomène qui a commencé à prendre de plus en plus d'ampleur au Maroc. La fréquence de suicide parmi les individus de plus de 15 ans est de 16% ». Toujours selon lui, « le suicide est un phénomène qui touche tous les âges ou presque, les deux sexes et toutes les classes sociales. Le taux de suicide chez les adolescents casablancais dépasse les 24 % ». La multiplication des cas de suicide ne doit rien au hasard. Elle est la résultante des changements sociaux qui sont intervenus un peu partout dans le monde. « Le suicide a toujours existé mais semble devenir de plus en plus fréquent du fait des changements sociaux au Maroc et dans le monde. C'est aussi un tabou qui continue à résister à toutes les données scientifiques dans le domaine ». Motifs Mais la question qui brule souvent nos lèvres, c'est les raisons qui poussent certaines personnes à écourter leur vie. Le Professeur Moussaoui éclaire notre lanterne. «Les troubles mentaux de type dépression, les troubles paniques, la schizophrénie ou trouble bipolaire. 10 % de schizophrènes ou de bipolaires meurent par suicide » , mais aussi, « la distension du lien social et l'isolement, les crises par dépassement des capacités d'adaptation ». Un meilleur traitement et une amélioration des conditions vie pourraient freiner le phénomène. « La prévention du suicide se doit d'être en même temps médicale, en particulier à travers le diagnostic et le traitement de la dépression, qui est le principal facteur de risque, mais aussi des mesures sociales pour rendre la vie dans les villes et dans les campagnes plus humaine et moins dure », préconise-t-il. Manque de psychiatres Quand le Pr Moussaoui soulève la question de la prévention médicale, il évoque implicitement le rôle que doivent jouer les psychiatres dans cette prise en charge. Mais au Maroc, force est de constater que le nombre de psychiatres est largement inférieur pour couvrir les besoins de la population. Il serait environ 320 à exercer ce métier, soit un psychiatre pour 100 000 habitants. Contrairement en Tunisie où on dénombre 200 psychiatres pour environ 10 millions d'habitants, ou l'Algérie qui dispose de 800 psychiatres pour ses 37 millions d'habitants. Un autre défi donc à relever pour espérer un jour, rayer le suicide de la sphère sociétale. * Tweet * *