La dernière circulaire du ministère de l'enseignement public fait des émules. Une note qui suspend la collaboration des enseignants du public avec les établissements privés. Un élément qui divise les avis au sein même du corps enseignant. Si des syndicats saluent l'initiative, le secteur privé, lui, monte au créneau. Mohamed El Ouafa: ministre de l'Education nationale. « Une catastrophe». C'est ainsi que Mohamad Talib, président de l'alliance de l'enseignement privé au Maroc, qualifie la dernière note ministérielle annulant la circulaire N 109, parue en septembre 2008, donnant le droit aux enseignants et inspecteurs du secteur public à collaborer, pour un maximum de huit heures par semaine, avec les établissements du secteur privé. Une nouvelle qui tombe tel un pavé dans la mare, surtout à la veille de la rentrée scolaire 2012-2013. Aujourd'hui, les avis sont plus que partagés sur ce point. D'abord, les acteurs du secteur privé dénoncent le timing de cette décision qui atterrit à quelques jours de la rentrée scolaire. Du coup, les directeurs des écoles privées sont pris de cours : des classes pourraient restées sans professeurs, une situation qui, selon eux, les obligerait à mettre la clé sous la porte. Ils évoquent, ensuite, les besoins des écoles privées en profils expérimentés venant du circuit public, notamment pour l'encadrement de leurs effectifs et ne veulent en aucun cas devenir le « bouc émissaire » du ministère concernant l'échec de l'école publique. Les syndicats soutiennent El Ouafa Du côté des centrales syndicales, la prise de position est quasi-similaire. Ces dernières se sont prononcées en faveur de la circulaire ministérielle, la considérant comme un pas « positif » vers le changement et l'évolution de l'enseignement public. « Cela permettra, entre autres, de diminuer les injustices que subissent aussi bien les enseignants que les élèves du secteur privé », déclare un responsable syndicale. En effet, les syndicats dénoncent, eux, ce qu'ils appellent « l'Anarchie et l'irresponsabilité du secteur privé ». Des syndicalistes, toutes couleurs confondues, désignent les écoles privées comme de « simples pompes à fric qui profitent de la situation actuelle, non éternelle, du secteur public pour « raquetter » les parents et priver les élèves d'un apprentissage solide». « Les établissements publics ont tout simplement raté le coche. Ils avaient l'occasion de remplir le vide que l'école publique a laissé et ainsi devenir une vraie référence au lieu de juste profiter, de manière mercantile, de la situation », nous déclare un ex-directeur d'une école privée à Casablanca. « Aujourd'hui, nous avons des élèves issus du secteur privé sans de véritables bases. Mais tant qu'ils payent à temps les frais de leur scolarité, ils auront leurs diplômes. Sauf qu'ils sont loin de pouvoir affronter la suite de leur parcours », poursuit-t-il. Un jeune professeur de mathématique nous explique, pour sa part qu'« à cause du relationnel, certains profs en surplus dans les établissements publics enseignent dans des écoles privées, à plein temps ». « C'est vrai, c'est tout un système. Mais pensez-vous que l'enseignant rendrait sa vie aussi pénible s'il vivait décemment ? », ironise-t-il. Pour sa part, une enseignante du primaire nous confie des enseignants et des inspecteurs du public exercent dans le privé sans assumer les heures obligatoires dispensées dans les établissement publics. Le bras de fer commence Pour rappel, une réunion extraordinaire s'est tenue vendredi dernier, entre le ministre de l'éducation nationale et les représentants de certaines associations de l'enseignement privés. Ceci, en réponse à l'appel à manifestation lancé, notamment, par l'Alliance marocaine de l'enseignement privé au Maroc. Après la réunion, Mohamad Talib, président de l'Alliance, a déclaré avoir obtenu gain de cause. Information aussitôt démentie par le ministère. « Aucune décision n'a été prise et aucun deadline n'a été donné », explique Wahmi Fatima, Responsable en communication et partenariats au Ministère de l'Education Nationale. La décision finale du ministère est donc attendue avant la rentrée scolaire effective prévue mercredi prochain. * Tweet * *