Les relations qui caractérisent ce qu'on appelle communément l'amitié exceptionnelle des peuples du Maroc et de la Libye doivent être considérées sous le prisme d'une certaine histoire. Ni plus, ni moins. Les deux pays d'abord, deux monarchies que le colonialisme a tenté d'arracher à leur histoire et leur mémoire. La visite du Premier ministre libyen Abderrahim El Kib a permis une relance des chantiers de coopération entre le Maroc et la nouvelle Libye. Le Maroc et la Libye étaient liés par des liens solides, quasi pérennisés jusqu'au jour où , le 1er septembre 1969, un jeune capitaine, du nom de Mouamar Kadhafi profita de l'absence du Roi Idriss Senoussi, en vacances en Italie, s'empara par un « pronunciamiento » militaire du pouvoir à Tripoli et instaura une « république populaire » ! Dès lors, d'une proclamation révolutionnaire au cafouillage diplomatique , voire au terrorisme en passant par un soutien irréversible du Polisario contre le Maroc, les relations entre les deux Etats ont connu tout au long des quarante dernières années des hauts et des bas… Kadhafi, l'ennemi de toujours Exception faite de quelque quatre ou cinq ans, notamment après la signature à Oujda le 13 août 1984 par le roi Hassan II et le colonel Kadhafi de l'UAA (Union arabo-africaine), les relations maroco-libyennes étaient soumises de tout temps à rude épreuve. Cet accord survenu de manière « impromptu » pendant un mois du Ramadan, il y a vingt-huit ans presque jour pour jour, avait tempéré les ardeurs bellicistes du colonel Kadhafi envers le Maroc et constituait une sorte de renversement d'alliances. L'ancien dirigeant libyen, prisonnier de son mythe révolutionnaire, apportait au Polisario une aide militaire et financière substantielle et entendait créer une république des régions sahariennes qui, paradoxe suprême, reprenait un vieil argumentaire de militaires français dans les années cinquante pour mettre en place la fameuse OCRS , l'Organisation commune des régions sahariennes , sorte de collectivité territoriale créée par la France au Sahara de 1957 à 1963 et ayant officiellement pour but « la mise en valeur, l'expansion économique et la promotion sociale des zones sahariennes de la République française ». Kadhafi avait financé la construction d'une piste du sud de l'Egypte jusqu'aux confins de Tindouf, traversant le sud tunisien, le sud algérien...et par laquelle il faisait transiter armes , véhicules et troupes militaires...Au lendemain de sa chute, d'importants mouvements armés analogues, se sont rués sur le nord du Mali sous la houlette des islamistes... La page est tournée Aujourd'hui, sans pour autant occulter un tel passé récent, la Libye décide de renforcer sa présence et, partant, ses relations d'amitié avec le Maroc. Un accueil chaleureux vient d'être réservé à Abderrahim El Kib, jovial Premier ministre libyen et à la délégation qui l'accompagne, dont d'importants et hauts officiers de l'armée. Ce qui suppose que, outre la coopération politique et économique, le volet militaire et sécuritaire a été abordé. Le Maroc peut apporter, en effet, son expérience institutionnelle, politique et économique à la Libye, d'autant plus que sa présence dans ce pays ne se limite pas à un cadre officiel et formel. Il existe en Libye une importante communauté de Marocains qui participent, à un titre ou un autre, au développement du pays et vice-versa. Les investissements libyens au Maroc, notamment à travers Salima Holding, créée en 1984 dans le cadre de l'accord bilatéral, sont significatifs et pérennisent une coopération économique et financière importante. La Libye est aujourd'hui à un tournant majeur de son histoire, elle se reconstruit vaille que vaille sur les ruines du « kadhafisme » et exprime des besoins urgents pour consolider son unité nationale et sa souveraineté. Le Maroc, qui ne s'est jamais départi de sa méthode consistant en une présence efficace sur le plan de la coopération technique, disposé à mettre son expertise au service de celle-ci, se propose de soutenir le peuple libyen dans son effort de reconstruction d'un Etat démocratique et moderne en Libye. La longue et folle période de l'exaltation idéologique étant désormais révolue. * Tweet * *