La ville de Marrakech a enregistré des chiffres dans le rouge le 1er semestre de cette année. Si certains s'attendent à une reprise les prochains mois, plusieurs restent très inquiets à cause d'un mois de ramadan coïncidant avec l'été et la crise en Europe. Les évolutions révélées par le CRT sont à prendre avec précaution puisque les chiffres de 2011 s'inscrivaient dans des baisses dues à l'attentat d'Argana. Ni la « Botox Party » tenue le 2 juin dernier au Murano resort, ni le Marrakech du rire ou encore les soirées délirantes dans les boîtes de nuit de la ville ocre n'ont pu redonner du baume au cœur au secteur touristique de Marrakech en manque de visibilité. Le premier semestre de l'année en cours est dans le rouge et l'horizon semble plus ou moins miné pour les professionnels du secteur. En effet, sur le premier semestre 2012, il a été remarqué un fléchissement des arrivées de 4% par rapport au premier semestre 2011. Les nuitées ont baissé de 6% et le taux d'occupation a marqué une baisse de 2%. Les marchés en recul sont essentiellement européens, avec une baisse de 12%, tandis que le marché national gagne 4 points durant cette période. « Les mois de mai et juin ont vu une augmentation des nuitées respectivement de 10% et 11%, ce qui a quelque peu jugulé la tendance baissière des 4 premiers mois de l'année », précise le Conseil régional du tourisme de Marrakech- Tensift-Al Haouz lors de sa dernière réunion tenue la semaine dernière à l'hôtel Mamounia. Des chiffres à prendre avec précaution Toutefois, ces évolutions de 10 et 11% révélées par le CRT de Marrakech sont à prendre avec une grande précaution, puisque les chiffres de 2011 s'inscrivaient dans des baisses drastiques à cause de l'attentat d'Argana survenu en avril 2011. Ces évolutions avoisinaient des baisses allant jusqu'à 25% en mai ou juin, alors que les chiffres étaient très positifs durant la période (janvier-avril 2011). Ce qui signifie que l'activité à Marrakech est juste en train de retrouver son niveau normal d'avant la crise. « Si des hausses importantes seront enregistrées au 2e semestre, cela ne serait pas euphorique pour le secteur mais juste une reprise de l'activité et un retour à la normale, puisque le 2e semestre de l'année 2011 était catastrophique à cause des effets de l'attentat d'Argana et du printemps arabe », nous déclare un professionnel du secteur. Certains s'inquiètent En effet, pour le reste de l'année, les avis divergent. Certains parlent de reprise et de chiffres positifs. D'autres, peut-être plus réalistes, semblent plus inquiets. « Les Français, qui représentent la moitié de nos clients ici se font de plus en rares. Nous n'avons pas de visibilité pour les prochains mois. Déjà pour le mois de juillet et août, c'est mort. On cultive beaucoup d'espoir pour le mois de septembre », s'alarme un promoteur touristique de Marrakech. En effet, les arrivées des Européens ont marqué une chute depuis le début de l'année. Les Français ont baissé de 10% et les Allemands de 26%. Le pire, c'est que le principal mot d'ordre pour les prochains mois est la non-visibilité puisque ramadan a coïncidé avec l'été et que la crise en Europe ne semble pas entrevoir le bout du tunnel. D'autres sont optimistes Toutefois, l'optimisme semble de mise pour Othman Cherif Alami, PDG de Atlas Voyages. « Concernant la ville de Marrakech, les commandes s'inscrivent en hausse pour les prochains mois et nous remarquons une reprise et une augmentation des activités relatives au MICE, en particulier les incentives et les congrès », nous déclare Alami. Cependant, ce dernier regrette que la ville ocre ne jouisse pas de l'attention qu'elle mérite, que ce soit en termes de promotion ou de transport aérien. 3 QUESTIONS À … Abdelhamid Addou, DG de l'Office national marocain du tourisme. Les chiffres au 1er semestre 2012 pour la ville de Marrakech sont dans le rouge. Marrakech déprime-t-elle ? Il faut relativiser. Il est vrai que le premier semestre de cette année s'inscrit dans le rouge à cause de la crise. Mais il ne faut pas oublier que durant la même période de l'année 2011 les chiffres étaient excellents et que nous avons eu des augmentations à deux chiffres. Ce n'est qu'après juin et l'attentat d'Argana que les chiffres se sont inscrits en baisse. Je pense que la ville de Marrakech tient le coup et réalise de bonnes performances en période de crise économique mondiale. Certains professionnels regrettent le manque d'attention qu'on doit réserver à cette ville en termes de promotion… Nous avons des plans spécifiques pour chaque ville depuis le début de l'année. Ce n'est pas aujourd'hui que nous allons le faire pour Marrakech. Cette ville jouit déjà d'une grande attention de notre part. Nous allons maintenir la pression sur les destinations traditionnelles. Nous avons déjà entrepris des actions de promotion à la télé, dans la presse et sur le web. Il y aura, fin septembre, une action de communication de grande envergure axée sur le web. Globalement, comment voyez-vous la fin de l'année pour le secteur du tourisme ? Globalement, en janvier, nous étions à -9%. À fin mai, nous avons pu n'avoir qu'une baisse de 2% et en juin nous nous attendons à des chiffres positifs. Nous sommes en train de rattraper le retard et je ne peux qu'être optimiste. Il y aura une reprise, certes lente mais effective. Nous allons finir l'année 2012 sur une bonne note. Nous aurons une petite évolution de 1 à 2%. * Tweet * * *