Les membres de la majorité gouvernementale se réunissent ce soir à Rabat. L'objectif pour le Chef du gouvernement consiste à calmer les esprits, notamment entre le ministre de l'Intérieur et les députés du PJD. Mohand Laenser, Nabil Benabdallah et Abbas El Fassi sont invités par le Chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, pour consolider la majorité et discuter des dissensions enregistrées six mois après la formation de la coalition PJD-PI-MP-PPS. Deux réunions sont attendues aujourd'hui pour les membres de la majorité gouvernementale. Après le traditionnel Conseil du gouvernement, les leaders des quatre partis constituant la majorité se réuniront ce soir. Si officiellement il s'agira pour la majorité de se concerter afin de fixer un agenda pour les prochaines échéances électorales ainsi que la question de la régionalisation avancée, des bruits courent sur l'autre objectif non avoué de la tenue de cette réunion, concernant les dernières brouilles entre le ministre de l'Intérieur Mohand Laenser et les députés du parti majoritaire. Après les nombreuses accusations émises par les parlementaires du PJD contre le ministre Laenser, concernant notamment l'espionnage qu'auraient effectué les services de son département à l'encontre des membres du parti lampiste, voilà que plus récemment, les deux partis se rejettent la balle sur des accusations liées aux gouverneurs et walis. Tout mettre sur la table À quelques semaines des vacances parlementaires, tout semble indiquer que la réunion d'aujourd'hui est censée calmer les esprits et recréer une certaine osmose entre les membres de la majorité gouvernementale, six mois après la constitution du gouvernement. « C'est une rencontre normale, elle est censée se dérouler une fois par mois. On y débattra d'un certain nombre de sujets. Maintenant il est vrai qu'il s'agira surtout de discuter des problématiques liées aux relations entre la Chambre des représentants et le gouvernement », admet Abdellah Bouanou, un des députés PJDistes les plus virulents à l'encontre du ministre de l'Intérieur. Les problèmes entre le ministère de l'Intérieur et les députés PJD seront-ils pour autant discutés ? « Bien sûr », répond Bouanou, pour qui il est impératif de régler ces problématiques, sans pour autant en faire une affaire d'Etat. « Ce n'est pas un grand problème. Nous nous plaignons de la manière avec laquelle fonctionne le ministre de l'Intérieur et celui-ci se plaint aussi de nos réactions. Il s'agit maintenant de tout mettre sur la table », déclare le député PJDiste, avant d'ajouter qu'aux yeux des députés lampistes, « le ministre de l'Intérieur a publié un communiqué pour poursuivre un des membres de notre équipe parlementaire, et ceci est du jamais vu. Cela ne se fait que si un député remet en question le régime monarchique ou la religion musulmane. C'est ce que stipule la nouvelle Constitution », s'insurge-t-il. Manque de communication Qu'est-ce qui irrite à ce point le ministre de l'Intérieur ? À en croire le leader PJDiste, le Secrétaire général du mouvement populaire n'aurait pas apprécié les questions orales posées par les parlementaires islamistes lors des précédentes séances, surtout celles ayant un lien avec les constructions illégales et les récentes destructions d'habitations effectuées par les services du ministère de l'Intérieur. Ce que lui reprochent les députés PJD, c'est le fait qu'au lieu de leur répondre dans l'hémicycle, « il préfère tout le temps nous répondre par voix de presse, et cela ne fait qu'envenimer les choses », répond Bouanou. Néanmoins, notre interlocuteur se défend de toute animosité envers le ministre de l'Intérieur, « il n'y a pas de conflit entre nous. Nous ne faisons qu'exprimer notre point de vous. Selon nous, tout le monde doit endosser la responsabilité de l'habitat illégal, pas seulement les élus locaux. Nous pensons que les walis et les gouverneurs ont aussi leur part de responsabilité », déclare le député avant d'ajouter qu'il se dit certain que « tout finira par entrer dans l'ordre ». Toutefois, pour Bouanou, ce litige « démontre le manque de communication entre le gouvernement et les membres de la majorité », a-t-il conclu. Les prochaines échéances discutées Par ailleurs, la réunion entre les membres de la majorité sera également l'occasion de se concerter sur d'autres sujets épineux, en premier lieu la question des prochaines échéances électorales, dont les locales ont d'ores et déjà été annoncées pour 2013. Il s'agira de définir un certain nombre de projets de lois, notamment concernant la loi organique sur les régions, le découpage territorial. La majorité s'attellera sans doute sur le peaufinement de la réforme de la loi organique relative à la Chambre des conseillers, qui se retrouvera dans l'illégalité dans le cas où rien n'est fait d'ici la prochaine session automnale. Les modes des différents scrutins seront aussi à l'ordre du jour. * Tweet * * *