Acculée à l'opposition bien malgré lui, pour la première fois de son histoire, la mouvance populaire fera de la politique en dehors du gouvernement. Le mouvement tiendra-t-il devant les dissensions internes créées par cette situation inédite ? Rien n'est moins sûr. e centre droit aura la part du lion dans le futur gouvernement El Fassi », titrait le 20 septembre dernier, le Monde qui faisait référence au MP, dirigé par Mohand Laenser, ministre de l'Agriculture dans le gouvernement sortant. Or, non seulement les partis conservateurs de la mouvance populaire n'ont rien eu, mais de plus, ils ont été poussés bien malgré eux, dans l'opposition. «Nous allons maintenant apprendre à faire de l'opposition». Laenser qui se confiait sous le ton de la plaisanterie ne croyait pas si bien dire, puisque après de longues et laborieuses tractations, la formation du gouvernement actuel s'est faite sans sa formation. Samedi dernier, quelques jours avant la nomination du gouvernement, le Secrétaire général du Mouvement populaire (MP) avait dû accepter la décision du Bureau politique de la formation de Mahjoubi Aherdane qui avait rejeté en bloc la dernière proposition d'Abbas El Fassi. Une décision prise à l'unanimité par vote secret, et validée par tous les membres du Bureau politique. Le coup de grâce interviendra avec la nomination, mardi dernier, de Mustapha Mansouri à la tête du perchoir, poste tant convoité par Mohand Laenser et qui avait été la pierre angulaire des discussions autour de la participation du MP au gouvernement. « Jusqu'au dernier moment, on croyait que Laenser aurait au moins la présidence du Parlement » confie un cadre de la mouvance. Résultat pour la première fois de son histoire, le MP évoluera en dehors du gouvernement ! Acculé à l'opposition malgré lui, le mouvement tiendra-t-il devant les dissensions internes créées par cette situation inédite ? Rien n'est moins sûr. D'autant plus que de nombreuses voix s'élèvent au sein de la mouvance, reprochant à ses dirigeants d'avoir fait preuve de légèreté en refusant aussi brutalement les propositions d'El Fassi. Ce qui laisse supposer qu'El Fassi pourra compter sur une partie des «harakis», pour renforcer sa majorité à l'intérieur de la Chambre des représentants. Quoi que l'on puisse penser du ton employé - un appel « à la sérénité»- a été néanmoins lancé par Laenser qui tout en confirmant son passage dans l'opposition parle « d'opposition constructive », alors qu'il y a tant de réformes à engager. Sans doute dans les mois à venir, notamment à l'arrivée des premiers mouvements sociaux et de la rentrée politique, verrons-nous surgir, à la suite de Laenser, une équipe critique dynamique et enrichissante au centre droit. Même s'il est peu probable aujourd'hui, que le MP s'allie avec son ennemi d'hier qu'est le PJD. Forte de ses 62 députés, la Mouvance n'entend pas nouer une quelconque alliance (parlementaire), avec le Parti de la justice et du développement (PJD). Ce qui donne au groupe parlementaire de Fouad Ali El-Himma, fort de ses 30 députés, toute latitude pour peser pour ou contre la politique du gouvernement El Fassi. 3questions à Mohand Laenser, Secrétaire général du Mouvement Populaire «On n'a pas voulu de nous» La Gazette du Maroc : Maintenant que le gouvernement a été nommé, vous allez sans doute entrer dans l'opposition ? Mohand Laenser : Effectivement, à partir du moment où le gouvernement a été constitué sans notre formation il est clair que notre place se trouve dans l'opposition. Il ne s'agit pas d'un choix pris dès le départ, nous étions comme tous les partis de la majorité dans une logique de participation, mais il en a été autrement. Mais n'est-ce pas vous qui avez refusé les propositions de Abbas El Fassi ? La structure du gouvernement, telle que proposée par le Premier ministre désigné et surtout les départements qui nous ont été proposés ne correspondent pas à notre position réelle sur l'échiquier politique. Quand le Premier ministre nous a fait une première proposition, nous avions juste émis le souhait que cette liste soit revue en fonction de critères objectifs. Ce qui n'a pas été fait. Le MP est pourtant en droit d'exiger une équité dans la participation. N'oublions pas que la majorité de nos députés ont été reconduits, et que nous sommes la seconde force politique du pays. Les harakis n'ont pas voulu assister à un remake du gouvernement de 2002, où nous avons été contraints d'accepter une représentation qui n'était pas à notre juste valeur. En conclusion, je tiens à préciser que les harakis ont bien dit oui à la participation, mais pas à n'importe quel prix. À partir du moment que vous êtes définitivement rentrés dans l'opposition, est-ce-que vous comptez vous allier avec les islamistes du PJD? Nous n'en sommes pas encore là. Nous ne sommes pas en train de constituer un pôle d'opposition. Et quand bien même nous étions dans cette logique, les partis de l'opposition sont nombreux. Certains, comme le parti de l'Union Constitutionnelle partagent avec nous beaucoup de valeurs communes. Nous avons donc de multiples choix, mais je le répète encore une fois, la question n'est pas à l'ordre du jour, pour l'instant, si nous comptons mener une opposition forte et très critique, il s'agira de ce que j'appellerais une opposition constructive.