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Emmanuelle Honorin, du rituel au spectacle | Le Soir-echos
Publié dans Le Soir Echos le 28 - 06 - 2012

Emmanuelle Honorin réussit depuis sept ans la lourde tâche de pénétrer l'univers des Ganoua, ces musiciens et performeurs qui cultivent le culte du souterrain.
Emmanuelle Honorin (en médaillon), a lancé « L'arbre à palabres », il y a sept ans pour donner la parole aux maâlems gnaoua.
Emmanuelle Honorin anime « L'arbre à palabres », table ronde très décontractée dans le cadre du festival Gnaoua&Musiques du monde. Critique musicale et journaliste, cette baroudeuse et anthropologue a créé cet espace convivial il y a sept ans, donnant la parole aux artistes du festival, et privilégiant notamment la parole des maâlems gnaoua, ces « maîtres dans leurs fiefs » comme elle les décrit si bien. Rencontre avec une « oreille » aguerrie.
Comment réussisez-vous le pari de communiquer avec ces maâlems généralement réservés et réticents vis-à-vis des médias ?
Il est clair que donner la parole aux maâlems n'est pas chose facile. L'évidence de la question m'est apparue au fil des éditions ainsi que les questions qu'on se pose sur les problématiques du passage du rituel au spectacle, et les points d'interrogation sur la dénaturation de cette culture. Nous sommes face à deux espaces qui ne sont pas étanches. En terme de Tagnaouite, je pense qu'on ne voit sur scène que la partie émergée de l'iceberg de ces gens qui, depuis trois siècles, alimentent un culte de possession extrêmement souterrain, ou quelque chose de subaquatique vu qu'on parle beaucoup d'esprits marins. Tout ceci ne pouvait être verbalisé qu'en dehors d'un espace formel, où les choses se disent sans langue de bois. Au départ, le concept de l'Arbre à palabres, à savoir privilégier la parole des maâlems, relevait de l'utopique, mais on voulait se donner la chance de faire circuler la parole, surtout en travaillant avec des traducteurs. Je trouve qu'il est important de faire parler ces forces de l'invisible.
Lila gnaouie à la zaouia sidi Bilal, le week-end dernier à Essaouira.
Quelles sont vos impression concernant ces musiciens qui sortent de leurs fiefs pour rencontrer les musiques du monde ?
L'impression générale – qui peut être un peu décevante pour certains – est d'interroger le mot « fusion», et je pense que les gnaoua eux-mêmes le mettraient aussi en interrogation. Cette confrérie a une manière de se protéger depuis trois siècles, et généralement c'est le reste du monde qui vient se greffer à eux. C'est curieux, il y a quelque chose qui ressemble à un espace ouvert chez les gnaoua, qui se reflète dans cette aspiration du guembri mi-luth et mi-basse, à la fois percussive et mi-mélodique. Humainement, les gnaoua prennent la décision d'ouvrir leurs structures musicales et modifier leur espace sacré, mais ils prennent aussi en charge de protéger leur tradition. Ils préservent leurs rituels et en sont responsables et ce n'est pas minime. Il y a une aussi une grande part de fierté, surtout dans les fusions, où les maâlems ont du mal à entraver le jeu pour aller vers l'autre.
De quel œil voyez-vous cette musique thérapeutique versus les autres musiques du même genre que vous avez étudiées ?
C'est une musique populaire qu'on retrouve dans la santéria au Cuba, dans le vaudou en Haiti, le stambali en Tunisie, le candomblé au Brésil, et chez les gnaoua en Algérie. C'est tout un cousinage de musique, et ces gens-là n'écoutent pas la musique comme nous, pauvres profanes. Leur son correspond à une cosmogonie particulière, à une partie du corps au niveau thérapeutique, à un goût culinaire, à un parfum, et c'est tout un système de correspondances. Il n'y a pas d'autonomie de la musique chez les gnaoua, qui écoutent rarement la musique pour la musique. C'est de l'ordre du familial, du cercle amical et de la correspondance au sens interne. Je mets beaucoup de guillemets en disant ça, mais je crois que c'est ainsi.
Emmanuelle, l'électron libre
Emmanuelle Honorin est journaliste, critique musicale et anthropologue, et surtout baroudeuse confirmée. Française de père martiniquais, elle est sensible aux pays qui pratiquent les musiques populaires et thérapeutiques, notamment celles de Cuba et de Haïti qu'elle a visités à plusieurs reprises. Cette multidisciplinaire mélange les casquettes. Animatrice de « l'Arbre à palabres » du festival Gnaou&Musiques du monde depuis sept ans, elle est également anthropologue de formation. Ex-journaliste au magazine Géo où elle a créé la rubrique Géo musique qu'elle a maintenue pendant quatorze ans, elle est également danseuse de tango, et a récemment publié un livre à succès sur Astor Piazzola, le grand réformateur du tango en Argentine, en commémoration des vingt ans de sa mort. Elle assure également la programmation d'un lieu étonnant à Paris, « Les dimanches de la Bellevilloise », centre culturel où se donnent des concert-bals autour du tango, de l'espace créole et des musiques du monde. Poussant le bouchon plus loin, elle a monté Géomuse, et produit des spectacles dont le spectacle-voyage de Hassan Boussou, Erol Josué de Haẗi et Jorge Bezerra de Brésil, co-produit avec l'alliance franco-marocaine d'Essaouira. Emmanuelle est également conseiller en programmation du festival Ile-de-France. Big up pour une baroudeuse qui travaille, en s'évadant.
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