La médiation pour la résiliation des conflits est une pratique ancestrale qui est en train de se normaliser. L'AFEM entame une caravane pour sensibiliser ses membres à cette pratique. Une vingtaine de femmes étaient présentes à l'escale de Casablanca mercredi. «Sur les 900 cas de conflits soumis à la médiation recensés par la Société Financière Internationale (IFC), seulement 5% concernent des femmes chefs d'entreprises», clame Zineb Benkirane, IFC Advisory Services MENA- Investment Climate Pillar, lors du petit-déjeuner organisé par l'Association des femmes chefs d'entreprises du Maroc (AFEM), hier à Casablanca. Gain de temps et d'argent Il est clair que la démarche entreprise par l'AFEM est pleinement justifiée pour accroître la part des femmes dans le recours à cette procédure alternative et complémentaire à l'arsenal judiciaire pour la résolution des conflits. «Nous n'encourageons pas les conflits mais il faut penser à inclure des clauses de médiation dans les contrats d'affaires», souligne Z. Benkirane dans ce sens. Avant de poursuivre que les femmes s'organisant en réseau, il suffit qu'une expérience réussisse pour qu'on assiste à un effet domino. La caravane est donc conçue pour sensibiliser les femmes à cette démarche quant au gain qu'elles peuvent en tirer, notamment en matière de temps. «Les affaires en justice durent de 10 jusqu'à 20 ans alors que la médiation peut prendre seulement une journée», souligne Afifa Ouazzani Boutaleb, présidente de la commission Médiation de l'AFEM. Hormis le gain de temps, le recours à la médiation coûte moins cher. Les honoraires du médiateur sont partagés à égalité entre les parties concernées et sont exprimés en pourcentage pour les conflits portants sur des montants en deçà de 10 millions DH compris entre 0,2% et 3%, tandis qu'ils sont calculés sur la base de 20000 DH auxquels s'ajoutent 0,05% pour la tranche supplémentaire pour les conflits sur les montants supérieurs à 10 millions DH. Ces tarifs ne sont toutefois pas généraux et sont appliqués uniquement par le Centre Euro-méditerranéen de Médiation et d'Arbitrage (CEMA) qui est accompagné et appuyé par IFC, or il existe d'autres centres qui assurent la médiation tels la Chambre de Commerce Française, les centres rattachés aux Chambres de commerce de Casablanca et de Meknès sans oublier certains cabinets d'avocats. En l'absence d'une loi réglementant le métier, le marché est donc de libre concurrence et il faut se renseigner sur le médiateur et ses références avant de le désigner au risque de créer de nouveaux conflits. Le recours à un médiateur institutionnel demeure plus sûr dans ce contexte. 3 questions à … Afifa Ouazzani Boutaleb présidente de la commission Médiation AFEM. «La médiation est encore à son stade embryonnaire» Vous organisez une caravane de sensibilisation, dont la 1re escale a été celle d'El Jadida. Qu'est ce qui a motivé son lancement ? Quelles sont les escales à venir ? Au niveau de l'AFEM, la commission dispose de 19 femmes médiatrices. Notre rôle, dans un premier temps, est de sensibiliser et de vulgariser la médiation commerciale. Des conflits existent et existeront toujours. Depuis la création de la commission, il y a un an et demi, nous avons constaté qu'elle répondait à un réel besoin. De même, la conjoncture actuelle pourrait déboucher à des cas de difficulté de paiement et donc à des conflits. La création de la commission, il y a un an et demi, nous avons constaté qu'elle répondait à un réel besoin. De même, la conjoncture actuelle pourrait déboucher à des cas de difficulté de paiement et donc à des conflits. La médiation est encore à son stade embryonnaire et de nombreuses femmes lors de l'escale d'El Jadida posaient surtout des questions relatives à la démarche à suivre pour recourir à la médiation. Adoptant une approche régionale, nous envisageons d'organiser des petits déjeuners avec une audience entre 20 et 25 personnes et des séminaires destinés à un public entre 70 et 100 personnes dans les villes de Rabat, Marrakech, Tanger, Fès, Meknès et Agadir tout en mettant en avant les secteurs de chacune de ces régions, dont le tourisme, l'artisanat et l'agriculture. L'AFEM est une association de femmes. Vos campagnes de sensibilisation s'adressent-elles uniquement aux femmes ? Nos membres sont des femmes chefs d'entreprises, ces campagnes s'adressent donc tout naturellement à cette cible. Mais ce qu'il faut noter c'est que nous nous adressons également aux femmes cadres dans les entreprises car elles sont aussi habilitées à créer leurs propres entreprises un de ces jours, ou du moins conseiller leur entourage. Les membres de votre commission sont toutes des médiatrices. Travaillent-elles dans le cadre du CEMA ? Jusqu'à présent, nous travaillons en partenariat avec le CEMA pour tout ce qui touche à la sensibilisation et à l'information. Nos membres figurent au niveau de la liste du centre mais ce dernier n'a pas encore fait appel à nos services.