La CDT et la FDT ont réalisé une véritable démonstration de force, hier à Casablanca. La marche pour la dignité a mobilisé syndicats, associations, partis politiques, et même le 20 Février. Plusieurs leaders politiques ont participé à la marche dont Habib El Malki, Abdelkrim Benatik, Nabila Mounib ou encore Mohamed Bensaid Ait Idder. La Confédération démocratique du travail (CDT) et la Fédération démocratique du travail (FDT), deux syndicats de gauche, ont organisé une marche ayant mobilisé des dizaines de milliers de personnes, hier à Casablanca. Nommée « marche de la dignité », la manifestation avait pour but de dénoncer les politiques du gouvernement, jugées contraires aux intérêts des travailleurs marocains. Réunis au départ Place de la victoire, la foule était immensement amassée autour du pupitre où s'étaient relayés les leaders syndicalistes pour haranguer leurs militants, avant de débuter la marche vers 11 heures du matin. Syndicalistes, diplômés-chômeurs, étudiants, représentants des principaux corps de métiers, hommes politiques, et jeunes du 20 février étaient massivement présents à la manifestation qui s'est déroulée sans heurts. Dans son allocution, le secrétaire général de la FDT Abderrahmane Azzouzi a réitéré ses remerciements envers « toutes les forces progressistes nationales » ayant répondu à l'appel. Les principaux courants de la gauche ont participé à la marche, au même titre que beaucoup d'anciens ministres, USFPéistes pour la plupart : Ahmed Reda Chami, Mohamed Ameur, Mohammed El Achaari, Habib El Malki, Jamal Aghmani ou encore Fathallah Oualaalou. Proche de la FDT, l'USFP a visiblement mobilisé toutes ses composantes, au même titre que la CDT avec le PSU, dont la secrétaire générale Nabila Mounib était également présente, ainsi que Mohamed Bensaid Ait Idder. « Le peuple veut l'unité syndicale » Toutes sortes de slogans ont été entonnés, avec comme principale cible des manifestants : le Chef du gouvernement Abdelilah Benkirane. Celui-ci a été copieusement critiqué dans son rapport avec les syndicats, qui lui reprochent sa « mollesse » envers le patronat. L'affaire Amina, le TGV ou encore le Festival Mawazine, tout était prétexte pour critiquer le bilan de quatre mois d'exercice du gouvernement Benkirane. « Le peuple veut l'unité syndicale » pouvait-on entendre de la part des militants, non mécontents d'avoir réussi à unir les deux syndicats les plus représentatifs de la gauche marocaine. Parmi les militants syndicalistes présents dans la marche, beaucoup sont venus d'autres villes du Royaume, le caractère « national » de la manifestation désirée par les organisateurs était manifestement réussi. Outre les partis de gauche ayant participé à la marche, le PAM a récemment émis un communiqué soutenant la manifestation. Toutefois, aucun des dirigeants du parti du tracteur n'avait pris part à la marche, à laquelle beaucoup de jeunes du 20 Février avaient ressorti leurs banderoles anti-PAM. les manifestants ont ensuite parcouru l'avenue Lalla Yacout pour se rendre à la Place des Nations Unies, avant de se disperser dans le calme en début d'après-midi. 3 QUESTIONS À … Mohamed Ameur,Ancien ministre USFP ayant participé à la marche La marche d'aujourd'hui, outre son caractère syndical, a un aspect très politique. Qu'en dites-vous ? C'est quelque chose de naturel, vous ne pouvez pas séparer le syndicalisme de la politique ou du social, et la politique est essentielle dans le syndicalisme. L'importance de cette manifestation, dans sa symbolique, est l'unité syndicale, mais également l'unité entre les revendications politiques et les revendications syndicales. L'unité syndicale entre la CDT et la FDT ne préfigure-t-elle pas une unité politique de la gauche ? Il faut savoir que, historiquement, les divisions de la gauche ont été causés pas des divisions syndicales. L'éparpillement de l'USFP est dû aux divisions syndicales. Aujourd'hui, le pays a besoin d'un large front démocratique de gauche, particulièrement dans ce contexte historique. Le gouvernement ne travaille que depuis 4 mois, ne trouvez-vous pas la manifestation prématurée ? Non, beaucoup de choses se passent en quatre mois. En France par exemple, dès le lendemain de son investiture, François Hollande a réalisé une rupture avec l'ancien pouvoir. Dans le contexte de la nouvelle Constitution, quatre mois c'est beaucoup, le gouvernement a déjà montré ses limites. Le gouvernement n'a rien fait de concret, mis-à-part les polémiques à répétition. La manifestation d'aujourd'hui ne vise pas des personnes. La symbolique de cette manifestation est que les marocains sont vigilants et prêts à aller plus loin pour défendre leur dignité. * Tweet * * *