Une foule nombreuse représentant le Maroc dans toutes ses composantes étatiques, politiques, syndicales et associatives, a rendu un vibrant hommage à Mahjoub Ben Seddik, décédé vendredi à Paris et inhumé hier au cimetière des chouhadas (martyrs) à Casablanca. Toute la classe politique était présente, pour présenter les condoléances à la famille du défunt ou à la direction de son syndicat, l'UMT. Abass El Fassi était accompagné, aux obsèques, de plusieurs ministres, notamment les istiqlaliens Saâd El Alami et Nizar Baraka. L'ancien Premier ministre Driss Jettou a tenu, lui aussi, à s'associer à ce grand adieu fait à Si Mahjoub. L'on a également noté la présence d'une délégation de l'USFP (Mohamed El Yazghi, Fathallah Oualalou, Habib El Malki, Jamal Rhmani… Le PPS était représenté par une forte délégation du Bureau politique et du Comité central, dirigée par le Secrétaire général Nabil Benabdallah. Signalons qu'Ismaïl Alaoui, le président du présidium du PPS, se trouve en déplacement à Paris, alors que Khalid Naciri est en mission à Genève. L'on a aussi remarqué la présence des premiers responsables des partis politiques nationaux, notamment le PAM (Dr Biadillah), le PJD (Benkirane, l'UC (Labied), le PND (Kadiri), et le PSU (Moujahid)… Les grandes centrales syndicales étaient également de l'hommage, avec La FDT (Azzouzi), la CDT (Zaïr), l' UNMT (Hatim), et l'UGTM… De nombreux intellectuels marocains ont pris part à ces funérailles, qui ont vu la participation de nombreux dirigeants nationaux, régionaux et militants des partis de la gauche et de la société civile. Notons que dès l'annonce, vendredi, du décès du leader historique de l'UMT, son domicile et le siège de la centrale syndicale ont connu la visite de plusieurs personnalités nationales ainsi que de nombreux militants politiques et syndicalistes. Mohamed Bensaid Aït Idder (ex-OADP) et Salaheddine Mezzouar, président du RNI, étaient parmi ceux présents au domicile du défunt. Nabil Benabdallah y a remis au fils du défunt un message à la famille et un autre à la direction de l'UMT, dont nous reproduisons la traduction en P. 2. Le FFD était également présent par le biais de son Secrétaire national, Thami El Khyari, accompagné de plusieurs dirigeants et militants de son parti. Tout ce monde a voulu partager la peine de la famille du défunt et de ses camarades syndicalistes en reconnaissance de l'homme qui a su contribuer à la stabilité politico-syndicale du Maroc, à atténuer sensiblement les ardeurs anarcho-syndicalistes et à affirmer une certaine indépendance du travail syndical vis-à-vis des partis politiques et de l'Etat. Les obsèques d'hier ont représenté un hommage unanime des Marocains, y compris ses anciens compagnons politiques et leurs héritiers. Réaction de Miloudi Moukharik : «Un grand homme de principes s'en va» La classe ouvrière marocaine, le mouvement syndical et l'ensemble du peuple marocain viennent de perdre un grand leader syndical et politique aussi bien au Maroc que sur les plans arabe et international. C'est ainsi qu'a qualifié Miloudi Moukharik, responsable national à l'Union marocaine de travail (UMT), la mort du secrétaire général de l'UMT, Mahjoub Ben Seddik, décédé vendredi soir à Paris à l'âge de 88 ans. Le défunt a consacré toute sa vie pour la défense des intérêts de la classe ouvrière marocaine et a toujours pris des positions courageuses et dans les moments les plus difficiles, a dit Moukharik, visiblement touché par la disparition de ce grand leader syndical. Et de préciser que le défunt a lutté avec acharnement pour la création d'un mouvement syndical libre et indépendant de tout pouvoir politique ou autre. Dans ce sens, se rappelle-t-il, «Mahjoub Ben Seddik s'est inlassablement opposé à l'adhésion de l'Union marocaine du travail à un quelconque parti». Mahjoub Ben Seddik, raconte Moukharik, a connu les prisons coloniales pour ses positions et son militantisme en vue de la libération du pays et de son indépendance. De même, a-t-il dit, le défunt a mené des grèves héroïques en 1952 en signe de solidarité avec le grand syndicaliste tunisien Ferhat Hachad. Les luttes de Mahjoub Ben Seddik, ajoute Moukharik, l'ont conduit en prison durant deux années en 1952. A sa sortie des geôles du colonialisme, il a été condamné une autre fois en 1954 et emprisonné pour deux autres années. En dépit de ces condamnations successives injustes et des pires formes de la torture qu'il a connues en ces moments difficiles de lutte du pays pour son indépendance, Mahjoub Ben Seddik, précise Moukharik, n'a pas changé ses positions. Bien au contraire, a-t-il souligné, cela consolidait sa foi et renforçait davantage ses convictions inébranlables pour la bonne cause nationale et les intérêts de la classe ouvrière. En 1967, ajoute Moukharik, les positions courageuses de Mahjoub Ben Seddik l'ont conduit une troisième fois derrière les barreaux pour une durée de deux autres années. Ainsi, il a été condamné et emprisonné pour ses positions en faveur de la cause palestinienne. «C'est très difficile de trouver les mots pour décrire l'histoire d'un grand leader qui s'est particulièrement distingué durant toute sa vie pour son attachement à l'action syndicale et qui s'est imposé comme l'un des dirigeants du mouvement ouvrier dans le pays bien avant son indépendance», résume dimanche Miloudi Moukharik, devant le siège de l'Union marocaine du travail (UMT), juste avant le départ du cortège des funérailles du feu Ben Seddik en direction du cimetière Achouhada où reposera désormais le corps du défunt. «Il était un homme de principes et des positions courageuses», a-t-il conclu. Propos recueillis par B.Amenzou Nabil Benabdallah, SG du PPS : «Le Maroc perd l'un de ses grands hommes» Le Maroc a perdu en la personne du Feu Mahjoub Ben Seddik l'un de ses grands hommes. Le défunt fait partie des pionniers de la lutte pour l'indépendance, puis de la lutte pour les droits des travailleurs, les libertés syndicales et la démocratie. Feu Mahjoub Ben Seddik a marqué de son empreinte la scène syndicale nationale. Les travailleuses et les travailleurs garderont au plus profond de leur mémoire la trace indélébile des combats menés par le défunt à la tête de l'UMT et les nombreux acquis obtenus grâce à ses combats au profit du monde du travail. Feu Mahjoub Ben Seddik avait également une place particulière dans le monde syndical international, arabe et africain. Les militants du PPS, qui ont partagé avec le défunt les nombreuses luttes au sein de l'UMT, présentent aujourd'hui leurs condoléances les plus attristées à la petite famille du défunt et à sa grande famille au sein de l'UMT. Nous sommes certains que la Direction actuelle de l'UMT saura maintenir le cap pour la défense des droits des travailleurs, la consécration des libertés syndicales, la démocratie et la justice sociale. Elle trouvera comme par le passé en le PPS un allié inébranlable pour un Maroc meilleur. Les condoléances du PPS Nous avons appris avec grande affliction, le décès du frère Mahjoub Ben Seddik, le Secrétaire général de l'Union Marocaine du Travail, que Dieu ait le défunt en sa sainte miséricorde. En cette douloureuse circonstance, le Bureau politique du parti du Progrès et du Socialisme (PPS), en son nom et au nom de toutes le militantes et militants du parti, présente ses condoléances les plus attristées à tous les membres de la famille du défunt et à tous ses proches et amis ainsi qu'à tous les membres de sa grande famille au sein de l'Union Marocaine du Travail, implorant le Tout Puissant d'avoir le défunt en sa Sainte miséricorde. Le décès de Mahjoub Ben Seddik n'est pas seulement une perte pour sa petite et grande famille, mais pour le pays tout entier. Le défunt fut un militant durant plus d'un demi-siècle, pour la défense de la cause nationale et les droits des travailleurs. Le défunt, qui était un syndicaliste chevronné, a fortement marqué l'histoire du mouvement syndical marocain, et contribué, en sa qualité de patriote jaloux, à la lutte pour l'indépendance. Il a toujours milité en faveur des causes nationales, en jouant un rôle crucial pour faire connaître la justesse des positions du pays au sein des organisations internationales, notamment les organisations ouvrières et syndicales dont il est une des figures de proue. Les combats menés par le défunt à la tête du veillant syndicat, l'Union Marocaine du Travail, et les acquis enregistrés dans les domaines de l'égalité sociale et les libertés syndicales, marqueront à jamais la mémoire collective du peule marocain, et son combat pour le développement et la démocratie. Le Parti du Progrès et du Socialisme, en rappelant les qualités humaines du défunt et son long parcours de combattant, voudrait partager la douleur des membres de sa famille, ses proches et ses amis, tout en soulignant la certitude que le défunt restera toujours vivant dans la mémoire collective des Marocains, compte tenu des sacrifices et des actions entrepris pour la gloire de la cause nationale et des droits des travailleurs. « Nous sommes à Dieu et à Lui nous retournons». Habib El-Malki : «l'homme du dialogue» Feu Mahjoub Ben Seddik était une grande figure du mouvement syndical au Maroc. Il a toujours relevé tous les défis pour faire du mouvement syndical un facteur déterminant dans la vie politique. C'est un homme de dialogue, mais sans concession. En fait, il avait une approche particulière quant au rapport qui devrait s'établir entre le politique et le syndicale entre le social et l'économique. Feu Ben Seddik a toujours défendu l'idée que le socle de toute stratégie de développement doit être le social. C'est la prise en compte du social en toutes ses dimensions que doit être le moteur de la croissance économique. Au-delà de tout cela, il a en outre œuvré pour jeter les bases d'une véritable concertation du mouvement syndicale au niveau Maghrébin et aussi au niveau africain. Une forte contribution à la stabilité syndicale et politique Mahjoub Ben Seddik, le fondateur et dirigeant historique de l'Union marocaine du travail (UMT) s'est éteint vendredi dernier dans un hôpital parisien, à l'âge de 88 ans. Il avait réussi le record de la longévité syndicale, en restant à la tête de cette grande Centrale depuis sa création, en 1956, jusqu'à sa mort. Soit plus d'un demi-siècle. Même l'avancée dans l'âge ne l'avait pas empêché de rester fidèle au discours traditionnel du Premier Mai. Le défunt avait fait ses premières « classes syndicales » à l'Union des syndicats confédérés au Maroc (qui avait pris la place de l'Union départementale –CGT), à la fin des années quarante du siècle dernier. En 1948, il était élu secrétaire national de l'UGSCM (CGT), à la veille de la montée de la lutte politique pour l'indépendance du Maroc. Certains historiens français lui reconnaissent une certaine sympathie, à l'époque avec les communistes marocains, à l'image de Taïb Ben Bouazza, le patron de l'UGSCM. Cet engagement l'avait marqué et, même avant sa mort, il avait continué à exprimer, en privé, sa reconnaissance à son école syndicale qui a fait de lui ce qu'il était. Il payera d'ailleurs le tribut de sa forte implication contre le colonialisme français et séjournera en 1952 (jusqu'en 1954) dans la prison centrale de Kénitra, à l'instar de nombreux dirigeants nationalistes et de démocrates après les événements de Casablanca (3 décembre) à la suite de l'assassinat du leader syndicaliste tunisien, Farhat Hachad. C'est à partir de cette date, que feu Mahjoub Benseddik, qui avait regagné la direction nationale de l'UGSCM, allait faire une ascension politico-syndicale, en adhérant au Parti de l'Istiqlal et se faire porter, le 20 mars 1956 à la tête du premier syndicat de l'indépendance, l'Union marocaine du travail. Le leader syndicaliste quittera le Parti de l'Istiqlal en 1959, dans le sillage de la scission qui a donné naissance à l'union nationale des forces populaires (UNFP), où il siègera dans sa direction paritaire (syndicat/parti) jusqu'en 1972. Il fera partie du groupe de Casablanca de l'UNFP, avec feu Abdallah Ibrahim et s'opposera au groupe de Rabat, conduit par feu Abderrahim Bouabid, qui créera l'actuelle Union socialiste des forces populaires (USFP). Mahjoub Benseddik fera face et réagira vigoureusement, durant l'indépendance, contre les interférences politiques au sein du mouvement syndical. D'abord contre ses anciens amis de l'Istiqlal qui ont créé, en 1960, l'Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) et ensuite contre l'USFP qui créa, en 1978, sa centrale syndicale, la Confédération démocratique du travail (CDT). D'ailleurs, les raisons évoquées lors de ces scissions ont été reprises par les nouveaux partants et créateurs de courroie de transmission politique que feu Mahjoub Benseddik a farouchement combattu, en défendant, jusqu'à sa mort, l'unité syndicale et l'indépendance des syndicats vis-à-vis des partis politiques et du pouvoir. Mohamed Khalil Une grande perte pour la nation ( Photos Akil Macao) Le Secrétaire général de l'Union Marocaine du Travail (UMT), M. Mahjoub Ben Seddik est décédé, vendredi soir, dans un hôpital parisien à l'âge de 88 ans, apprend-on de sources syndicales. Originaire de la ville de Meknès, le défunt a commencé tôt le syndicalisme ouvrier dans la section de la CGT (chemins de fer) de sa ville natale. Il adhère au parti de l'Istiqlal qu'il a quitté en 1959 pour se consacrer à l'action syndicale. L'homme se fait remarquer par son dynamisme, ses ambitions et son attachement à l'action syndicale dès 1950, date à laquelle il s'est installé à Casablanca. Arrêté, emprisonné par le protectorat, il s'impose comme l'un des dirigeants du mouvement ouvrier avant de devenir secrétaire général de l'Union marocaine du travail à la création de cette centrale syndicale, le 20 mars 1955. Mahjoub Ben Seddik s'est inlassablement opposé à l'adhésion de l'UMT à un quelconque parti. Le 9 juin 1993, il a été élu à Genève délégué international titulaire au conseil d'administration du bureau international du travail (BIT), où il était élu en 1960 et 1970 en qualité de membre titulaire. Il a pu grâce à sa forte personnalité et à son militantisme pendant plus de 40 ans, rester à la tête de l'UMT jusqu'à sa mort. Les membres du secrétariat général de l'UMT, Miloudi Moukharik et Farouk Chahir ont salué, dans des déclarations à la MAP, les qualités du défunt non seulement en matière d'action syndicale mais aussi à travers sa défense inlassable de toute les causes nationales notamment l'intégrité territoriale du Royaume. Le défunt avait, en effet, joué un rôle important en œuvrant à convaincre bon nombre d'instances internationales, notamment les centrales syndicales, de la justesse de la cause nationale. Ils ont indiqué que Mahjoub Ben Seddik était l'un des grands hommes du Maroc et l'une des figures de proue de la résistance contre l'occupant. Il était aussi connu pour son immense expérience et ses relations à l'échelon international, ont-ils ajouté. Mahjoub Ben Seddik, Secrétaire général de l'Union Marocaine du Travail (UMT), a été inhumé dimanche au cimetière Chouhada à Casablanca après la prière d'Addohr. La dépouille mortelle du défunt a été rapatriée samedi, en fin d'après-midi, au Maroc.